Pas d’autorisation de desservir les Marquises pour Tahiti Air Charter (TAC)

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Tahiti Air Charter, dit TAC désormais, ne se posera pas à Ua Pou et Ua Huka aux Marquises. C’est un coup dur pour la jeune compagnie qui a investi dans un appareil neuf pour ce projet de desserte aérienne. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) n’a pas validé son manuel d’exploitation.

Publié le 22/03/2022 à 17:45 - Mise à jour le 24/03/2022 à 17:04

Tahiti Air Charter, dit TAC désormais, ne se posera pas à Ua Pou et Ua Huka aux Marquises. C’est un coup dur pour la jeune compagnie qui a investi dans un appareil neuf pour ce projet de desserte aérienne. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) n’a pas validé son manuel d’exploitation.

La sécurité aérienne a été au cœur des échanges entre TAC et la Direction générale de l’aviation civile. Pendant 9 mois, la jeune compagnie a défendu son dossier et tenté de répondre au mieux aux recommandations techniques pour desservir Ua Pou et Ua Huka. Mais après une trentaine d’échanges avec la DGAC, les services de l’État ne valident pas le manuel d’exploitation de la compagnie. « Nous avons traité ces problématiques dans le cadre de notre étude de sécurité, c’est-à-dire qu’on va identifier des points où il y a des risques, et en face, nous prenons des mesures que nous expliquons pour amoindrir les dangers. Et donc nous avons fait ça sur l’ensemble des points. (…) Nous avons même été au-delà de la réglementation. Par exemple, que nous emmenons des radeaux de survie dans nos aéronefs alors que ce n’est pas requis par la réglementation » déclare Pascal Bazer-Bachi, directeur d’exploitation de TAC.


Selon la DGAC, le choix de l’appareil n’a pas été opportun pour la destination Marquises. Le Cessna 208 EX est un monomoteur. Avec un seul pilote aux commandes, et même qualifié Montagne, cela n’est pas suffisant selon le cahier des charges exigé. Le risque fatigue pilote n’a pas assez été pris en compte, selon les services de l’État. Et face aux conditions aérologiques difficiles de Ua Pou et Ua Huka, des zones d’urgence doivent être définies sur terre. TAC n’avait que l’option de l’amerrissage. « On ne peut pas considérer que l’océan soit une zone de recueil viable. Et ce n’est pas recevable par des experts dans le domaine, notamment tous les pilotes inspecteurs que l’on peut avoir au sein de la DGAC, et qui ont aussi participé à l’analyse du dossier » précise Lucette Lasserre, directrice du service d’État de l’aviation civile.

Coup dur pour la jeune compagnie qui avait décroché l’appel d’offres. TAC a investi 450 millions de Fcfp au total entre l’achat du Cessna 9 places, la formation des pilotes et l’exploitation d’un hangar technique à Nuku Hiva. Ce coup de frein ne met pas totalement la compagnie à l’arrêt sur le tarmac. Changement de cap, elle déploie ses ailes aux Raromatai : l’appareil destiné aux Marquises desservira Maupiti dès la fin du mois d’avril. « Maupiti a un vrai souci d’enclavement et notre avion permettrait de faire des vols réguliers entre Papeete et Maupiti, à raison de 3 à 4 fois par semaine » indique Samuel matton, directeur commercial TAC.

Du coté du pays, le dossier de la desserte aérienne à Ua Pou et Ua Huka doit de nouveau être repris depuis le début. Jean-Christophe Bouissou, le ministre des transports a exprimé sa désillusion, hier lors de la séance à l’assemblée : « Il y a eu des échanges entre la TAC et la GAC sur des aspects techniques et sécuritaires. Des dernières informations que j’ai (…) Ils estiment que pour des raisons de sécurité des vols sur Ua Pou et Ua Huka il est préférable qu’il y ait des aéronefs avec des moteurs en double alors que la solution proposée par TAC est un monomoteur même si c’est un Turboprop comme d’ailleurs les hélicoptères sont des Turboprop. Donc nous sommes aujourd’hui, je dirai peut-être, un peu en désillusion sur la solution TAC alors que TAC avait déjà un certificat de transporteur aérien délivré par la DGAC et qui autorise à voler survoler les îles Sous-le-Vent pour faire du transport de passagers de manière régulière. Alors qu’est-ce qui va se passer ? Nous allons réunir la délégation de service public ce vendredi. Nous allons prendre une décision. Dans le cadre d’une relance de la délégation de service public, nous allons donc exiger que l’opérateur, le futur opérateur, vienne avec une solution qui est agréée par la DGAC et dans ce lapse de temps qui prendra à peu près 3 mois supplémentaires, nous allons continuer, par convention, à solliciter TNH pour opérer sur Ua Pou et sur Ua Huka avec peut-être un nombre plus important de vols puisque c’est un peu ce qui est revendiqué par les hakaiki et les populations sur place ».

Le retour de l’avion est attendu depuis longtemps sur les deux îles marquisiennes. Bien que les hélicoptères soient déployés sur place, le nombre de rotation ne suffit pas. « Actuellement, c’est l’hélicoptère qui assure cette continuité, avec seulement 5 places de passagers. C’est vraiment limité. On est descendu de 15 places dans un Twin Otter à 5 places dans l’hélicoptère » déplore Joseph Kaiha, maire de Ua Pou.

La délégation de service public sera donc être relancée. Une commission est prévue vendredi. En attendant un nouvel opérateur, les hélicoptères continueront de voler dans le ciel marquisien au moins pour les 3 prochains mois.

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