Ouverture des crèches et garderies : le coup de colère des professionnels de la petite enfance

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Autorisées à ouvrir le 29 avril, les structures d’accueil pour enfants demeurent dans l’incertitude. Sans aides de l’État et du Pays, certaines d’entre elles pourraient devoir fermer.

Publié le 30/04/2020 à 10:18 - Mise à jour le 30/04/2020 à 11:55

Autorisées à ouvrir le 29 avril, les structures d’accueil pour enfants demeurent dans l’incertitude. Sans aides de l’État et du Pays, certaines d’entre elles pourraient devoir fermer.

Sans eux, aucune reprise d’activité économique n’est possible : les crèches et garderies ont donc été autorisées à rouvrir leurs portes à partir du 29 avril, mais très peu d’établissements ont franchi le pas par manque de préparation.

Malgré le peu d’enfants, certaines garderies du fenua ont fait le choix d’ouvrir pour permettre aux parents de reprendre leur activité professionnelle. Port du masque et prise de température sont un préalable minimum pour rassurer les familles. « Cela a plutôt été une bonne nouvelle pour les parents. Certains, bien-sûr, ont préféré garder leurs enfants avec eux et ils nous ont prévenus » explique Christian Wang San, co-gérant d’une garderie.

Dans une garderie, il est évidemment complexe d’éviter tout contact avec les enfants. Mais le personnel est habitué à gérer les épidémies de grippe ou de gastro. Et les lavages de mains réguliers sont déjà de rigueur. « On fait plus attention aux contacts avec les enfants. On ne peut plus les embrasser, et ça nous manque. Les plus grands comprennent, mais pas les plus petits » nous dit Lilia Daniel, directrice du secteur pré-scolaire.

Mercredi matin, une formation obligatoire sur les mesures barrières a eu lieu à l’Institut de formation des professions de santé Mathilde Frebault (IFPS-MF). Une quarantaine de dirigeants, de gérants et d’assistantes maternelles, renforcent leurs réflexes sur les mesures d’hygiène, et les conseils portent aussi sur la distanciation sociale. « Il faut réfléchir à chaque fois, se dire : ‘ah mais là, je suis trop près’, ‘là, j’ai touché mon masque’, ‘là, j’ai touché mon visage’, ‘ça fait longtemps que je ne me suis pas lavé les mains’… On est vraiment dans une période où c’est important d’avoir cette notion de lavage de mains, c’est vraiment ce qui est primordial en fait » déclare Christelle Noel, cadre de santé à l’Institut.

À cette occasion, les professionnels de la petite enfance ont poussé un cri de colère sur le manque d’aide du Pays pour équiper leurs établissements de moyens de protection contre le Covid-19. Conscients de l’importance de leur rôle dans la crise actuelle, ces professionnels s’alarment. Fermés depuis le 19 mars sur ordre des autorités, les garderies peinent à payer les salaires, les loyers, et aussi les équipements de protection qui leurs sont désormais imposés. Et à l’issue de cette formation seules deux voire trois boites de masques sont fournies par le Pays.

« On est dans une situation économique qui est dramatique. On a eu aucune rentrée d’argent sur le mois d’avril. On est toutes en difficulté. Il y a eu zéro aide. (…) Comment va-t-on payer les lotions ? Comment va-t-on payer les masques ? » s’inquiète Florence, gérante de garderie. « Je ne vais pas vous le cacher, je suis ouverte aujourd’hui, mais je pense que je vais fermer ma garderie. Donc je vais prévenir les parents » ajoute Andréa Roihau, présidente du syndicat des Professionnels de l’accueil de l’enfance polynésienne.

Le syndicat des crèches et garderies réclame à être concerté par les autorités pour chaque décision concernant le secteur de la petite enfance.

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