Le rapatriement des Polynésiens de métropole, on en parle beaucoup. Ceux du Canada en revanche, beaucoup moins. Voire pas du tout. Une absence qui a poussé les étudiants de l’AEPF (Association des étudiants de Polynésie française) à sortir du silence. « On parle pas souvent de ce qui va nous arriver, on nous demande de remplir des documents mais il n’y a même pas la case Montréal, juste Métropole » s’impatiente Jade Jouvin. L’association estime à une centaine environ les étudiants polynésiens encore à Montréal. Du moins, ceux qui se sont manifestés.
En contact avec Moetai Brotherson, l’association est chargée de lui transmettre une liste de candidats au rapatriement. Mais à ce stade, même le député manque de visibilité sur le sort de ces jeunes gens. Assaillie de questions sur le rapatriement, l’association ne sait plus à quel saint se vouer. « Nous, on prend juste les noms, on n’a pas plus d’informations, donc quand on nous pose des questions, on ne sait pas quoi répondre » confie Flavio Milicia, trésorier de l’AEPF.
Pour les étudiants en cours de cursus, le choix du rapatriement peut être lourd de conséquence sur leur formation. « En tant qu’étudiant étranger, si on sort du Québec, on ne pourra pas revenir tant que les frontières ne sont pas rouvertes, ceux qui partent maintenant ne pourront pas revenir de sitôt, ça c’est clair. Le gouvernement a fermé les frontières, seuls les citoyens canadiens, et les résidents permanents pourront revenir » met en garde Flavio.
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À cela s’ajoute le cas de certains étudiants, en détresse financière. Malgré la solidarité de leur confrères polynésiens, les plus démunis peinent à payer leur loyer, voire à se nourrir. Si l’AEPF Canada tente de monter au créneau avec ses maigres moyens, elle en appelle au gouvernement. « On n’a pas les mêmes moyens que l’AEPF France, on tape dans nos propres poches » souligne Hinarii Garet, vice-présidente. « Ok d’accord, on reste ici parce qu’on n’a pas le choix, mais à ce moment-là peut-être que le gouvernement pourrait aider ceux qui n’ont plus rien » renchérit Jade.
Reste la possibilité de rallier l’hexagone et espérer prendre un vol de continuité territoriale. Une option que les étudiants estiment, à juste titre, trop hasardeuse. « Il faut d’abord trouver un logement là-bas, avec le Covid personne veut faire visiter, (…) il ne faut pas oublier que Montréal est le deuxième foyer de la pandémie après New York en Amérique du Nord » fait remarquer Hinarii.
À ce jour, 61 noms sont inscrits sur cette liste, dont essentiellement des étudiants en fin de cursus, mais aussi des résidents.