Olivier Touboul : « la valorisation des ressources naturelles mérite qu’on s’y intéresse plus »

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Publié le 24/03/2015 à 9:30 - Mise à jour le 24/03/2015 à 9:30

Le gouvernement l’a répété à maintes reprises : il faut être unis, « État, Pays, communes » et entreprises, pour faire avancer le Pays. Comment une entreprise comme la votre peut-elle contribuer au redressement du Pays ?
« Nous pouvons participer surtout dans la création d’une micro-économie dans les îles les plus éloignées. Nous y participons déjà avec un réseau de fournisseurs de plus de 150 familles sur Tahiti et dans les îles. De plus, nous créons de la valeur ajoutée à partir des richesses naturelles issues du secteur primaire et nous mettons en valeur le patrimoine végétal de la Polynésie.
Notre secteur d’activité s’adresse en partie au luxe et permet à Tahiti & ses iles de rayonner par son image dans des prestigieuses gammes de produits cosmétiques. Dans certains pays, nous participons à la notoriété de Tahiti & ses îles, d’où certaines opérations cross-marketing menées avec des opérateurs touristiques. »

Quelles idées aimeriez-vous soumettre au gouvernement ?
« Tout d’abord, je soumettrais d’aider l’innovation car ce domaine sollicite un investissement en ressources humaines important et dans le temps pour une PME (petite ou moyenne entreprise, NDLR).
Je proposerais, aussi, un soutien plus prononcé à l’exportation. Dans une période économique aussi morose, cela permet d’apporter des devises dans l’économie locale. Je soumettrais aussi l’idée d’établir une politique agricole structurée avec, pourquoi pas, la création de micro-filières d’approvisionnement, plutôt que la création de grosses filières « massives ».

Le climat économique actuel permet-il à une entreprise comme la votre de créer des emplois ?
« Le climat économique s’est amélioré depuis 2008-2009, mais la conjoncture reste tout de même très instable. La baisse du tourisme et la fermeture d’établissements hôteliers ne favorise pas l’évolution de la situation. L’exportation reste un refuge sûr, malgré les difficultés à financer cette exportation qui nécessite des cycles de financement très longs.
La création d’emploi n’est pas favorisée par les lacunes existantes dans la qualification et les formations sur le marché du travail. »

 
En quoi le gouvernement pourrait-il aider une entreprise comme celle que vous dirigez à se développer ?
« Tout d’abord, en créant une véritable stratégie et politique agricole et en mettant en place des véritables relais agricoles dans les îles. Aujourd’hui, nous n’avons aucun interlocuteur avec des nouveaux projets de plantations ou d’extension de plantations…
Pour se développer, les entreprises ont besoin aussi d’avoir des réductions de délais d’instruction et des facilitations dans les délais d’instruction d’aides à l’investissement pour des projets de développement.
Mais aussi en mettant en place dans les secteurs privilégiés et prioritaires du Pays, une réglementation permettant de maintenir la compétitivité des acteurs tout en rassurant le consommateur. »

 
Avec la crise et le manque d’emplois, de plus en plus de personnes décident de créer leur propre entreprise. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une solution ?
« Créer son entreprise est un acte aujourd’hui courageux, mais très habile car certaines entreprises ont décidées de faire appels à des prestataires de service plutôt que de créer de l’emploi. Cela permet très certainement à des demandeurs d’emplois de trouver leur voie. J’encourage les Polynésiens à voler de leurs propres ailes ! »

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs ?
« Je conseille aux jeunes entrepreneurs courageux d’être tenaces, de croire en leurs idées, d’être innovants, de miser sur la qualité de ses produits et de ses services… »

Conseilleriez-vous aux étrangers d’investir en Polynésie ?
« Nos clients et nos prospects étrangers ayant une connaissance du business à Tahiti (ou ayant déjà investis), nous font part de leurs difficultés à investir au fenua. Alors, je crois comprendre que nous ne sommes pas encore une terre d’accueil d’investisseurs étrangers alors qu’on sait si bien le faire dans le tourisme. »
 
Quels secteurs méritent selon vous d’être développés au fenua ?
« Je ne vais pas etre très imaginatif, mais la valorisation des ressources naturelles mérite qu’on s’y intéresse plus. Elle permet aux Polynésiens de rester dans un environnement de prédilection et de participer à la conservation des valeurs du secteur primaire. »
 
Plus globalement, le secteur de la cosmétique en Polynésie peut-il aider à relancer l’économie du Pays ?
« En développant son offre, sa technicité et son savoir-faire, la cosmétique Polynésienne pourrait participer à la dynamisation de l’exportation et à créer une niche de marché à forte valeur ajoutée économique et marketing. Les marques internationales sont à la recherche de nouveautés, de nouvelles origines et nous avons la chance d’avoir une origine peu connue sur le marché de la beauté, donc le potentiel est énorme ! »

Propos recueillis par M.K

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