A la prison de Nuutania, les chefs s’affairent pour préparer le menu spécial noël : poisson cru à la chinoise, poulet au citron , porc sauce huître et gâteau, de quoi changer des repas quotidien, et satisfaire l’appétit des 375 détenus de Nuutania. Le menu a été choisi par l’ensemble des prisonniers, et validé par la direction de l’établissement. « Il y a beaucoup de travail à faire à chaque noël. On fait du maa’a spécial pour nous les détenus pour les 3 zones, le centre pour peines aménagées, les mamas de la maison d’arrêt des femmes et pour ici au centre de détention », explique un des 22 détenus cuisinier.
Derrière les fourneaux, chacun à son poste, le rythme est soutenu car chaque repas est servi chaud . L’équipe est rodée, certains cuisiniers sont en détention depuis plusieurs années, et la cuisine est devenue leur spécialité. Des formations de cuisine ont été mises en place avec le Sefi. Et cette année, les femmes incarcérées se sont initiées à la pâtisserie. Cuisiner c’est partager, un dicton qui prend tout son sens pour le réveillon :
« C’est important pour nous car la vie quotidienne est loin de nous » ajoute le détenu pâtissier.
Pour satisfaire tout le monde, des repas spécifiques sont aussi préparés. 10 % des détenus ont un régime alimentaire particulier.
En cuisine, l’ambiance se veut plus festive qu’à l’accoutumée. Un sapin lumineux et des ballons colorés décorent les cuisines, les détenus portent des bonnets rouge et blanc : « c’est la fête à la maison, mais en centre de détention « explique Kavera Jeannot, cadre technique des cuisines de la prison.
Depuis 15 jours, l’administration pénitentiaire, aumôniers et associations apportent un peu plus de chaleur entre les grilles de Nuutania. L’ambiance des fêtes de fin d’année n’est pas ignorée dans la vie de la prison. Yannick Massard, le directeur du centre pénitentiaire de Nuutania nous confie qu’il « est important pendant les périodes de fêtes de tous se retrouver sur un autre rythme, ensemble personnel et détenus autour des grands principe de noël, pour terminer l’année et la débuter sous de meilleurs auspices et dans un esprit de paix ».
Comme chaque mois de décembre, les visites au parloir se multiplient et les familles des détenus peuvent faire parvenir des colis un peu plus fourni que d’habitude. 5 kilos contre 3 habituellement. Si l’esprit des fêtes de fin d’années soufflent aussi dans les couloirs de la prison, les surveillants ne baissent pas pour autant leur vigilance. Certains détenus ont plus de mal à vivre leur détention, notamment pendant les fêtes.
« Il y a un suivi psychologique tout au long de l’année (…) on accompagne, on essaie d’individualiser au mieux, et il est important de créer des conditions favorables comme les parloirs qui sont primordiaux pour ressentir l’esprit de famille » ajoute le directeur de la prison.
2016 se termine, les détenus dégusteront un autre dîner copieux le soir de la Saint Sylvestre. Le jour de l’an, ce sera un ma’a tahiti dans leur plateau.
Reportage : Thomas Chabrol
