Nucléaire : six dossiers polynésiens examinés par le Civen

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Publié le 11/06/2018 à 12:15 - Mise à jour le 11/06/2018 à 12:15

Marie Kaua égraine ses différents cancers. D’abord, il y a eu celui du sein qui a conduit à une ablation. Puis, en 2013, après le décès de son mari, un cancer de l’utérus est détecté chez cette matahiapo.

En 2015, ce sont ses poumons qui sont malades. Marie Kaua subit plus de 12 mois de chimiothérapie. Cette épouse d’ancien travailleur de Moruroa a désormais un traitement à vie. Elle souffle :

« A la maison, je n’ai plus mon mari pour m’épauler. Je me débrouille. Heureusement que j’ai beaucoup d’amis. Psychologiquement, je suis suivie aussi. Bien sûr, il y a des moments de faiblesse, des moments où je pleure… »

Pour la retraitée, l’origine de ses maux ne fait aucun doute. Elle se considère comme une victime des essais nucléaires effectués par la France en Polynésie française.

« Vu que mon mari a longtemps travaillé là-bas, je pense que les choses peuvent venir de là. »

Marie Kaua se bat maintenant avec l’association 193 pour que l’Etat français reconnaisse les effets des essais sur la santé des Polynésiens. L’association la guide et l’accompagne dans ce parcours pour la reconnaissance.

SIX DOSSIERS EXAMINES 

Marie Kaua a déposé un dossier auprès du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) il y un an. Il a été examiné ce lundi. Marie espère obtenir une indemnisation. Mais pas seulement. Elle martèle :

« Nous attendons une indemnisation, mais avec ce qu’ils ont fait comme dégâts ici, avec la bombe, l’argent ne va pas apaiser tout cela. Mais il le faut, il faut réparer tout cela. C’est pour ça que l’on est motivé pour monter notre dossier. »

Cinq autres dossiers soutenus par l’association 193 sont passés devant le comité. La réponse, favorable ou défavorable à une indemnisation, devrait être connue d’ici deux semaines.

Trois autres dossiers devraient être examinés à la fin du mois. En tout, 193 a déposé une cinquantaine de dossiers. Depuis 2010, la loi Morin a permis d’indemniser sept polynésiens sur près de 1043 dossiers. 

Marie Kaua aimerait que d’autres polynésiens suivent son chemin. Pour elle, comme pour les membres de 193, il est essentiel que ceux qui sont touchés de près ou de loin par les essais se fassent entendre auprès du Civen. Bien décidée à aller jusqu’au bout, Marie lance :

« Je demande à toutes les personnes de se lever ! »

Rédaction web avec Jeanne Tinorua-Tehuritaua

EXAMINE PAR LE CIVEN, ET APRES ?

En janvier 2017, 193 a la cellule d’accompagnement et de réparation des victimes des essais nucléaires (Carven – Te Pu Papa Ti’a Ora). Depuis, l’association a accompagné plus d’une centaine de familles et 50 dossiers ont été expédiés selon ses propres chiffres. Lena Norman, deuxième vice-présidente de l’association, explique :

« Lundi, nos six premiers dossiers ont été examinés par le Civen. Quatre en qualité de victime et deux en qualité d’ayant-droit. C’est une belle avancée… »

Trois autres dossiers devraient être examinés le 25 juin prochain. 193 espère que les choses vont s’accélérer. Le Civen doit se réunir tous les 15 jours.

Chaque personne qui dépose un dossier obtient une audience de 15 minutes devant le comité pour expliquer les conséquences psychologiques, morales, matérielles et financières des essais nucléaires sur sa personne et son entourage.

Sur les dossiers examinés, le Civen émet un avis : favorable ou défavorable à une indemnisation. Si la mention est favorable, un expert est mandaté pour évaluer les préjudices subis par le demandeur.

L’association lance un appel à toute la population qui pourrait être une victime des essais nucléaires, de prendre contact avec eux pour monter un dossier.

LES DEMANDES DE 193

La semaine dernière, une délégation de l’association est allée à la rencontre du président du CIven, Alain Christnacht. L’entretien a permis aux membres de formuler à nouveau leurs demandes pour faciliter la constitution des dossiers d’indemnisation.

  1. L’association souhaite l’implantation d’une antenne du secrétariat du Civen en Polynésie. Pour 193, cette antenne faciliterait les démarches et la constitution des dossiers.
  2. Mettre en place des visio-conférences en Polynésie avec le Civen. Le but est de permettre à un maximum de personnes, qui ne peuvent se déplacer jusqu’à Paris, de s’exprimer lors de l’examen d lors dossier.
  3. L’extension des maladies radio-induites sur proposition de la commission mixte parlementaire.

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