Après le président du Pays, ce sont les membres du Conseil Économique Social Environnemental et Culturel que Keolu Fox, jeune généticien hawaiien professeur à l’université de Californie à San Diego, et son équipe de scientifiques sont venus convaincre. Invités à présenter leurs travaux face à la 4ème institution du Pays, ces chercheurs espèrent développer des analyses génétiques directement dans le Pacifique. Avec, in fine, le souhait de mieux comprendre l’impact des essais nucléaires sur nos populations.
« Je pense que c’est irréfutable. Nous savons que le cancer, les explosions nucléaires et l’exposition aux radiations entraînent directement différents types de cancers, notamment le cancer de la thyroïde, le cancer des ganglions lymphatiques et la leucémie, expose-t-il. Cela a été prouvé et est clairement évident dans des endroits comme Tchernobyl, les îles Marshall et Fukushima. Et je pense que nous observerons des tendances similaires. Mais ici, le génome des gens est différent, et les types de thérapies ciblées dont nous aurons besoin seront donc également différents. »
Si rien n’est encore entériné : des infrastructures sont déjà opérationnelles, rappelle Maiana Bambridge, membre du CESEC. « Le laboratoire existe, l’institut du cancer existe avec une mission de recherche et cela tombe à pic puisque les données qui doivent être récupérées et analysées peuvent se faire dans le cadre d’un laboratoire qui n’est pas à créer puisqu’il existe aujourd’hui » . Et qu’il a d’ailleurs été récemment modernisé, accélérant l’analyse des échantillons.
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Pour l’association 193 et sa 1ere vice-présidente Léna Normand, à l’initiative de l’échange avec la société civile, ce partenariat est porteur d’espoirs. « Le ministre de la santé a dit que l’État allait s’engager. Mais pour nous, il y a encore ce doute-là sur le fait que ce soit mené par l’État. Alors que là, le professeur Fox, il est américain, il est hawaïen, donc on se dit qu’il y a une certaine impartialité dans les recherches que conduirait cette équipe » , s’enthousiasme-t-elle.
À ce jour, 96% des études sur les génomes qui associent les variations génétiques à certaines maladies concernent uniquement les européens. Keolu Fox souhaite changer la donne, et porter les populations océaniennes au rang de partenaires et non plus uniquement de sujets de recherches.