Vous ne venez pas en terre inconnue, puisque vous êtes né à Papeete et avez passé une partie de votre enfance à Taravao. C’est un peu un retour aux sources pour vous, mais cette fois à la tête d’une juridiction financière ?
« Oui, mais cette partie sentimentale qui vous décrivez est très importante. Je suis particulièrement content d’être sur ce territoire que j’ai connu pendant mon enfance et où j’ai grandi heureux. C’est un attachement qui a été pris par mes parents quand ils sont venus sur le territoire et qui est tellement fort qu’ils m’ont donné un deuxième prénom qui est sur mon passeport, qui est polynésien et qui est Teva. »
Qu’est-ce que la CTC, vous êtes un peu comme des lanceurs d’alerte ?
« Des lanceurs d’alerte, mais avec des pouvoirs. Des pouvoirs de sanction pour les comptables publics et une autre partie qui est l’évaluation des politiques publiques du Pays et de contrôle des collectivités du pays, des communes, et là c’est une partie autre que lanceur d’alerte puisque non seulement nous étudions le cas mais nous pouvons avoir des conséquences. Ces conséquences sont simples. Ça s’appelle les recommandations. Aujourd’hui, près de 70% des recommandations faites par la chambre sont suivies. Donc ça veut dire que l’action de la chambre est écoutée. »
Vous soulignez tout de même rarement ce qui est positif. Est-ce qu’on aurait tort d’avoir peur de vous ?
« On a tort d’avoir peur de nous puisque nous sommes humains. Mais je dois dire que ce n’est pas parce qu’on n’a pas de pouvoir absolu de sanction, qu’on a ce pouvoir de recommandation, que notre action est inefficace. Donc on essaie de faire notre travail à travers l’exercice que j’ai commencé maintenant, c’est-à-dire un exercice de programmation. Je ne suis pas seul, il y a des magistrats, des vérificateurs, un personnel administratif, environ 14 personnes. »
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Votre prédécesseur comptabilise 80 rapports et une centaine de recommandations. Quelle sera votre priorité ?
« Mon objectif n’est pas seulement quantitatif, il est dans la programmation. Essayer de programmer bien des collectivités ou des sujets à enjeux. Ma présence sur le territoire date de cinq jours, et comme je l’ai dit au haut-commissaire, je souhaite avoir un dialogue avec le haut-commissariat, les juridictions judiciaires, les juridictions administratives pour construire le programme sur deux ans et justement déterminer assez rapidement quels sont les enjeux qui seront nécessaires pour améliorer l’administration du territoire. Il y a eu d’énormes progrès qui ont été soulignés par mon prédécesseur. On va essayer de rester positifs et continuer dans ces phases de progrès. »
Suivez-vous les dossiers pour lesquels vous faites des recommandations ?
« Oui, il y a un suivi de nos recommandations pour voir si dans le temps elles sont appliquées. »
Y a-t-il une obligation de suivre ces recommandations ?
« Non, mais comme il y a ce suivi de recommandation, au bout d’un moment peut-être que le citoyen ne comprendrait pas pourquoi on n’écoute pas la CTC. Notre but n’est pas d’empêcher la gestion publique d’agir. Notre but est que l’argent public soit bien dépensé avec un seul objectif, les services à la population. Il faut que la population ait les services au meilleur coût, c’est ça notre objectif. »