Multiplication des arrêts de travail : l’ordre des médecins répond à la CPS

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Ils se sentent injustement incriminés : les médecins dénoncent des pressions de la Caisse de prévoyance sociale sur la question des arrêts maladie. Dans une lettre ouverte adressée au directeur de la CPS le conseil de l'ordre de la profession appelle à un apaisement des relations. Faute de quoi, il n'entend pas en rester là.

Publié le 26/08/2021 à 22:52 - Mise à jour le 26/08/2021 à 23:46

Ils se sentent injustement incriminés : les médecins dénoncent des pressions de la Caisse de prévoyance sociale sur la question des arrêts maladie. Dans une lettre ouverte adressée au directeur de la CPS le conseil de l'ordre de la profession appelle à un apaisement des relations. Faute de quoi, il n'entend pas en rester là.

La flambée épidémique a entraîné avec elle un boom des arrêts de travail. Une situation qui n’a pas manqué d’alerter la Caisse de prévoyance sociale.

Dans un courrier daté du 20 août, adressé aux médecins libéraux, le médecin chef du contrôle médical de la CPS, Tuterai Tumahai, effectue un rappel aux professionnels. Il s’agit du cadre de prescription de ces arrêts de travail « dans le contexte explosif de l’épidémie de covid 19 ». Il est précisé que seuls les patients symptomatiques peuvent en bénéficier.

Mais c’est la suite de cette missive qui suscite une vive réaction du Conseil de l’ordre des médecins de Polynésie. Face à une envolée des arrêts, le médecin chef de la CPS prévient : « nous allons intensifier les contrôles (…) et vous informons que toute prescription injustifiée pourra faire l’objet d’une demande de remboursement à l’encontre du prescripteur, des frais indûment pris en charge par la Caisse ». Et de conclure : » nous vous invitons à respecter les dispositions conventionnelles qui nous lient (…) tout manquement pouvant faire l’objet de mesures (…) pouvant aller jusqu’au déconventionnement ».

Des menaces injsutes et malvenues pour le Conseil de l’ordre des médecins

« De telles menaces, qui surviennent de surcroît dans un contexte de surmenage de certains confrères (…) ne peuvent être proférées à la légère », répond le Conseil de l’ordre dans une lettre ouverte adressée au directeur général de la Caisse de prévoyance sociale. « Nous croyons nécessaire de rappeler que toute imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la déconsidération du corps médical est une diffamation ». Le président de ce Conseil de l’ordre, Nedim Al Wardi, signataire de ce courrier ajoute : « nous ne pouvons qu’appeler urgemment au retour de relations apaisées ».

La CPS ira-t-elle dans le sens d’un apaisement? Contacté, Tuterai Tumahai n’a pas répondu à nos questions.

La parole à Nedim Al Wardi – Président du Conseil de l’ordre des médecins de Polynésie française

Nédim Al Wardi, président du Conseil de l’ordre des médecins de Polynésie française

« Ce que l’on n’accepte pas du tout, c’est que la totalité des médecins soient mis en cause. Leur honneur et leur probité. On n’accepte pas un courrier qui menace les médecins en période de pandémie, ce qui est ignoble, de la part de la CPS. Tous les médecins travaillent énormément, sont débordés, attrapent la maladie, certains se sont même retrouvés en réanimation, mettent en danger leur propre famille pour soigner la population polynésienne! Et tout d’un coup, d’avoir un courrier qui met en cause et qui menace de déconventionnement et de remboursement sur leurs propres deniers : c’est tout à fait inacceptable! »

« L’autre point que nous souhaitons mettre en avant, c’est que si ce genre d’abus de pouvoir est rendu possible, c’est à cause de ces conventions individuelles. S’il y avait une convention collective, la CPS se serait adressé au responsable du collectif (…). Comme il n’y a que des conventions individuelles, et que l’on peut s’attaquer aux médecins, seuls face à une institution aussi lourde que la CPS : c’est là qu’ils ont montré leur visage. Nous n’acceptons pas la convention individuelle justement pour cette raison ».

« C’est la dernière partie de la lettre, où figurent des menaces financières et de déconventionnement que l’on n’accepte pas, et que l’on n’acceptera pas. Cette menace, en ces temps de pandémie, nous amène à faire ce communiqué, nous amène à nous mobiliser, et nous ne laisserons pas passer! »

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