Mireille Chinain, une vie dédiée à la recherche sur la ciguatera

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Les travaux de recherches de l’Institut Louis Malardé sont aujourd’hui reconnus à par la communauté internationale. Mireille Chinain, la directrice du laboratoire des biotoxines marines est la première lauréate de la région Pacifique à se voir décerner le prestigieux prix Yasumoto Lifetime Achievement Award. Il lui a été remis, en novembre, au Japon, lors de la 20ᵉ Conférence Internationale sur les algues nuisibles. Rencontre avec une scientifique qui a consacré sa vie à étudier la ciguatera.

Publié le 28/01/2024 à 10:38 - Mise à jour le 28/01/2024 à 15:34

Les travaux de recherches de l’Institut Louis Malardé sont aujourd’hui reconnus à par la communauté internationale. Mireille Chinain, la directrice du laboratoire des biotoxines marines est la première lauréate de la région Pacifique à se voir décerner le prestigieux prix Yasumoto Lifetime Achievement Award. Il lui a été remis, en novembre, au Japon, lors de la 20ᵉ Conférence Internationale sur les algues nuisibles. Rencontre avec une scientifique qui a consacré sa vie à étudier la ciguatera.

C’est un prix qui récompense 33 ans de carrière. Une vie entière consacrée à étudier la ciguatera, cette intoxication alimentaire consécutive à la consommation de poissons de récif. La microalgue qui en est à l’origine et est présente dans tout le Pacifique, compte 4 espèces endémiques à la Polynésie. Dont la plus toxique de toutes : la Gambierdiscus polynesiensis, qui doit d’ailleurs son nom à Mireille Chinain.

« Quand je suis arrivée, on pensait qu’il n’y avait qu’une seule espèce de Gambierdiscus. On l’appelait Gambierdiscus toxicus. La première chose que j’ai faite, c’est que j’ai constitué une algothèque. Je suis allée dans plusieurs îles. On a également créé une souchothèque et j’ai commencé à observer ces cellules. Je me suis rendu compte que ce n’était pas possible qu’il y ait qu’une seule espèce, car elles étaient assez différentes », explique la chercheuse.

Et celle-ci d’ajouter : « En utilisant des outils moléculaires, j’ai décrit, en Polynésie, 4 nouvelles espèces dont Gambierdiscus polynesiensis qui est aujourd’hui connue à travers le monde comme étant la plus toxique ».

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« On a développé des outils que l’on n’avait pas il y a 33 ans« , souligne la chercheuse. Crédit TNTV)

Pour en arriver là, Mireille Chinain a dû sortir des sentiers battus et convaincre ses interlocuteurs pour obtenir des financements. « On a développé des outils que l’on n’avait pas il y a 33 ans. Il se trouve que la ciguatera est très complexe. Pour pouvoir vraiment surveiller ce problème, il faut disposer d’outils extrêmement sophistiqués comme la biologie moléculaire. Mais on a d’autres outils au laboratoire qui nous permettent aujourd’hui de dire quel est le niveau de toxines présent dans un poisson et est-ce que cela représente, ou pas, un risque à la consommation », souligne-t-elle.  

Avec ce prix, la société savante sur l’étude des algues toxiques récompense l’ILM et l’ensemble des travaux menés par ses chercheurs en Polynésie. Le laboratoire des biotoxines marines est devenu une référence. Il est d’ailleurs capable de produire et de vendre des ciguatoxines. Une valorisation de plusieurs décennies de recherche fondamentale.

Le laboratoire des biotoxines marines de l’ILM est devenu une référence. (Crédit TNTV)

« Nous sommes le seul laboratoire au monde, grâce à cette expertise accumulée et aux travaux de Mireille, à être capable de produire en masse ces toxines qui, ensuite, sont revendues aux autres laboratoires qui en ont besoin pour faire avancer la recherche sur la ciguatera », indique Clémence Gatti, chargée de recherches à l’ILM.

Mais ces travaux ont surtout vocation à servir les populations insulaires. D’où la création d’un dispositif de surveillance et de prévention du risque ciguatérique. Un site web qui permet de former les professionnels des pays voisins comme Fidji, les Samoa, les Tonga, mais aussi Wallis-et-Futuna.

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