Matériel, missions dans les îles : l’impacte de la baisse de dotation du CHPF

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Publié le 05/02/2015 à 17:18 - Mise à jour le 05/02/2015 à 17:18

Les syndicats du CHPF ont déposé un préavis de grève. Ni le vice-président Nuihau Laurey, ni Patrick Howell, en charge de la Santé ne les a reçu. Aucune solution ne leur a été présentée pour résoudre les problèmes de financement de l’établissement. Les praticiens entendent bien faire prendre conscience de l’importance du dossier. La baisse de dotation du CHPF aura d’importantes répercussions sur le fonctionnement du CHPF et sur la prise en charge des malades…

Pour le chef du service de cardiologie, ce qui est le plus inquiétant ce sont « les répercussions sur les missions dans les îles ». « Cette année on doit acheter un échographe, qui est absolument nécessaire à ces missions, de même que l’on doit pérenniser aussi un poste de médecin qu’on n’a pas. On fait quand même 3000 consultations par an et, si on doit arrêter les missions dans les îles faute d’échographe, faute de personnel suffisant, il faudra faire un nombre incroyable d’évasans et donc gaspiller l’argent public », explique le médecin. La conséquence directe de la baisse de dotation, pour lui, sera donc une baisse de missions dans les îles voire plus du tout de missions. Et les évasans ? Selon lui, elles coûteraient 10 fois plus cher que les missions. 

Pour une cadre de santé en service d’hémodialyse, cette baisse de dotation arrive au moment où les appareils de dialyse sont « en fin de vie ». Ces machines ont « un nombre d’heures limité pour fonctionner au mieux pour les patients. Et là, maintenant, on commence à penser à les changer ». La demande a été faite est acceptée au niveau de l’hôpital « car il s’agit de la sécurité des patients », explique le médecin. Mais qu’en sera-t-il « si le budget n’est pas alloué » ? « On est obligés de dialyser. On ne peut pas envoyer toutes ces personnes en métropole. (…) On ne peut pas ne pas dialyser, donc on va dialyser, mais peut-être avec une efficacité moindre », avoue-t-elle. 

Autre praticien, autre souci évoqué. Une anesthésiste nous explique que les lits doivent être changés. « La moitié des lits de l’hôpital doivent être changés. Ils ont été achetés pour la plupart en 2010. Ils sont en bout de course. Ils ont à peu près 5 ans d’espérance de vie. »  Il y en a plus de 300. Des lits d’obèses doivent également être achetés. La population polynésienne est en surpoids et l’hôpital manque de matériel pour accueillir ces malades. « On est dramatiquement sous-équipés en lits pour obèses », déclare l’anesthésiste. Du matériel qui coûte très cher.  
Par ailleurs, elle nous explique que le CHPF comporte des malfaçons. « On n’arrête pas de faire des travaux. En salle de réveil de l’hôpital, depuis qu’on y est entrés, il y a des fuites d’eau. (…) Maintenant ils nous ont mis des gouttières sous les faux plafonds. Ça aboutit dans une gouttière qui coule dans une poubelle. Dès qu’il pleut, tous les matins, on va vider la poubelle », explique-t-elle. 

Enfin, un cardiologue évoque le cas des scanners de l’hôpital. « Ici en Polynésie on a deux scanners. En métropole, pour la même population, on aurait quatre scanners. Deux scanners c’est un minimum. Il se trouve qu’on a un scanner qui a été acheté d’occasion, qui est déjà très ancien et qui ne peut pas satisfaire à tous les examens. Et le scanner actuel qui tourne le plus souvent, il a déjà 9 ans. Ce scanner a déjà été en panne pendant 43 jours en 2014, c’est-à-dire 14% du temps », détaille-t-il.  Mais un scanner, cela coûte 165 millions de Fcfp selon le praticien… « On doit renouveler nos deux scanners. On ne peut pas se permettre d’avoir un seul scanner en fonction », explique-t-il. Sa crainte est que, si la dotation n’est pas renouvelée, les problèmes d’investissement se polarisent sur ce type de matériel, et donc, sur le patient. 

 

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