« Déjà on est mal, on n’a pas beaucoup de clients, souffle Elisa. On essaie de travailler tard pour avoir un peu plus d’argent ! »
Ce message de colère est adressé aux instances du Pays et de l’État. Elisa est chauffeur de taxi depuis 42 ans. Elle réagit face à la menace du couvre-feu.
« Je commence à 4 heures du matin. J’ai des clients à aller chercher à l’hôtel pour amener à l’aéroport, et si on va fermer, qui va aller chercher nos clients ? Ce sont nos horaires, parce qu’on est obligé de travailler n’importe comment pour trouver de l’argent », précise-t-elle.
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A Tahiti, 175 chauffeurs de taxi travaillent souvent tôt le matin ou tard le soir. L’annonce d’un couvre-feu pourrait mettre un coup de massue à leur activité déjà impactée depuis le mois de mars.
Du côté des chauffeurs de bus, la problématique se pose pour la Presqu’île. Le responsable du réseau espère obtenir une dérogation.
« Il faudrait qu’on soit muni d’une autorisation parce qu’on quitte à 3 heures du matin, pour le premier bus qui quitte Tautira ou Teahupoo, explique Clément Clark. Donc il faut peut-être nous faciliter ce côté-là, pour qu’on puisse circuler. Certes il faut respecter les consignes, mais qu’on nous facilite un peu sur ça. »
Si le couvre-feu devait être calqué sur la métropole, il serait instauré de 21 heures à 6 heures du matin. Il aurait donc aussi un impact sur le monde de la restauration. Une menace qui intervient alors que de nouvelles restrictions ont été annoncée la semaine dernière.
« Un restaurant, il lui faut à peu près 1 heure, voire 1 h 30 après le départ du dernier client pour pouvoir tout ranger, tout nettoyer pour être prêt le lendemain. Fermer à 21 heures, ça voudrait dire que les derniers clients devraient partir aux alentours de 19h30. Et si c’était le cas, les clients ne viendraient tout simplement pas », déclare Maxime Antoine-Michard, le président du syndicat des restaurateurs.
Des tables rondes devraient avoir lieu prochainement entre les syndicats de la restauration, de l’hôtellerie et le haut-commissariat pour réfléchir notamment à rendre les heures du couvre-feu plus flexibles. Mais les entreprises qui seront impactées par cette mesure risquent de ne pas se relever. Pour l’heure, aucun dispositif d’aide n’a été annoncé comme cela a été le cas en métropole.