Lewis Estall, 23 ans, ingénieur, à l’origine d’un projet innovant au Canada

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Publié le 27/02/2017 à 7:38 - Mise à jour le 27/02/2017 à 7:38

Lewis Estall a quitté la Polynésie après le baccalauréat pour faire des études au Canada, à l’Université de Sherbrooke. S’il est aujourd’hui ingénieur, il n’a pas toujours eu un parcours scolaire exemplaire.

« J’étais un étudiant moyen : je n’étais pas toujours assidu dans mes révisions et ça s’en ressentais sur le bulletin, surtout quand j’étais en seconde. Heureusement, j’ai été accepté en 1°STL, où je me suis découvert une passion pour les sciences et les techniques d’analyses en laboratoire et j’ai pu avoir une mention au Bac. Après ça je me suis inscrit au Baccalauréat en Génie chimique à l’Université de Sherbrooke, au Canada (ils appellent ici baccalauréats les diplômes de 1er cycle universitaire, le 2nd cycle étant master et le 3e cycle doctorat, comme dans le système normal) », raconte le jeune homme de 23 ans.

Après 5 ans d’études, le Polynésien a obtenu son diplôme d’ingénieur en procédé chimique. Et il est en train de monter son entreprise…

Tout est parti d’un projet de fin d’études. « À la base, c’est un des gars de notre groupe qui nous a parlé d’une idée qui lui trottait dans la tête. Il pensait à un système de récupération et de traitement des déchets pour l’université. Mais il n’avait pas encore trouvé le moyen d’y parvenir. C’est là que David Soto, notre responsable de projet, mais surtout un grand ami, lui a proposé la voie de la biométhanisation », raconte  Lewis. La biométhanisation est un procédé naturel de dégradation des matières organiques par des micro-organismes. Ce procédé permet de produire du biogaz.
 

« Après quelques mois à monter le dossier, nous avons décidé de présenter ce projet comme projet de fin bac, qui consistait à faire le design préliminaire d’une usine qui permette de réceptionner la majorité des déchets, non plus de l’université seulement, mais de la ville de Sherbrooke au complet, et d’en faire du méthane qui puisse être revendu soit tel quel comme combustible, soit sous forme d’électricité », explique Lewis.

Mais leur projet ne se limite pas à une « simple » usine de production de biogaz. Les jeunes diplômés ont mis au point un système de prétraitement qui consiste à broyer les déchets avant leur transformation par les bactéries, afin d’accélérer le processus de production de gaz.

« Il faut savoir que la vitesse de production du biogaz par la voie de la biométhanisation dépend beaucoup de la matière première qui est utilisée. Ainsi, la plupart des procédés nécessitent un temps d’adaptation lors d’un changement drastique dans la « diète ». C’est un point important au Canada, considérant les changements de saisons qui apportent des changements dans les types des déchets produits au cours de l’année ».

Leur procédé permet une concentration en méthane supérieure à la moyenne observée au Canada et dans des usines de biométhanisation similaires dans le monde. Une innovation qui ne manque pas d’atouts pour l’environnement.

Ce projet pourrait tout à fait être implanté au fenua selon le jeune ingénieur. « Il est tout à fait envisageable d’implanter une usine comme la nôtre en Polynésie. Il faudrait effectuer une étude de la disponibilité de la matière. Cela pourrait être un beau projet de développement qui permettrait de créer non seulement des emplois, mais également faire une bonne action pour l’environnement, puisque l’on réduit la quantité de déchets qui partent vers les sites d’enfouissement ».

Mais Lewis prévient : « ce genre de projet, comme beaucoup de projets environnementaux, demande la participation de beaucoup d’organismes, et ça commence avec le gouvernement. Les usines de biométhanisation à travers le monde sont toutes subventionnées à près de 50% pour être viables. Tu peux imaginer que ça demandera de bons arguments pour être accepté ! »

Lewis Estall n’a dans tous les cas pas l’intention de revenir s’installer en Polynésie. Du moins pas de suite… « Je ne renie pas mes origines, loin de là. C’est juste qu’en terme d’opportunités, le Canada a beaucoup plus à offrir. En plus, signer pour notre projet d’entreprise m’engagera à rester pour encore 5 ans à Sherbrooke. Si tout se passe bien, j’aurai tous les atouts en mains pour continuer ma vie au Canada, et peut être pouvoir développer la filière biométhanisation pour être capable de l’exporter et en faire profiter la Polynésie. »
 

Manon Kemounbaye Della-Maggiora

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