Mihinoa est enceinte de 5 mois. Elle fait partie des 24 résidents de Rapa Nui à être bloqués au fenua. Venue en vacances dans sa famille à Takapoto pour deux mois, son séjour s’est retrouvé prolongé suite à l’annulation de son vol du 23 mars dernier.
Le 10 juin, elle a dû être évasanée de Takapoto à Tahiti pour effectuer sa première visite de grossesse. Ayant toujours la nationalité française, elle bénéficie pour l’instant d’une couverture sociale jusqu’à la fin du mois. Mais après, elle devra tout payer de sa poche.
« La visite c’est 24.000 francs, l’accouchement c’est 1 million de francs. Je n’ai pas les moyens de payer tout ça », souffle-t-elle. Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est la situation de son fils, qui lui a la nationalité chilienne.
« Son visa de 3 mois a déjà expiré, confie la jeune femme de 21 ans. Le haut-commissariat nous a dit que c’était bon parce que j’ai la nationalité française. Mais mon fils reste un enfant en situation illégale dans ce pays, et on n’est pas sûrs que quand on va rentrer on ne va pas nous faire de problèmes… »
« On est abandonnés par l’Etat chilien et c’est une honte, lance-t-elle. Ici on nous aide beaucoup. Les Polynésiens sont là pour nous soutenir, nous nourrir aussi, mais ce n’est pas votre responsabilité, c’est celle de notre Etat chilien. »
« C’est maintenant qu’il faut nous rapatrier »
Les Rapa Nui ont pu bénéficier de l’assistance de la mairie de Faa’a, jumelée avec celle de Hanga Roa, à l’île de Pâques. « On est très reconnaissants, mais ce qu’on aimerait maintenant, c’est un vol… », indique à son tour Kissy Baude.
Avec son époux, ils devaient quitter définitivement la Polynésie le 16 mars dernier pour s’installer à Rapa Nui. Kissy ayant trouvé un emploi auprès de la municipalité de Hanga Roa.
« On a tout vendu ici, on a démissionné, et du coup on est là, on attend un vol. Mais on n’a pas de réponse claire, explique-t-elle. Mon mari a réussi à prolonger son contrat jusqu’à la fin de l’année scolaire donc pour l’instant ça va, mais ça commencera à devenir compliqué à partir du mois de juillet. »
« Après, on n’est pas les plus mal lotis, reconnaît-elle. Parmi les 24 Rapa Nui bloqués sur Tahiti, il y a des situations un peu plus difficiles, plus précaires et qui deviennent anxiogènes, stressantes pour ces personnes-là. Moi je suis là, je les soutiens et je suis un peu leur référente. Mais voilà, c’est compliqué. Mihinoa qui est enceinte et qui doit payer des frais d’hospitalisation si elle doit accoucher ici. Tout ça il va falloir qu’on l’organise si jamais on est encore bloqués. »
C’est donc un énième appel auprès des autorités qu’elle lance ici : « Ce que je voudrais faire comme appel aux autorités françaises, polynésiennes, chiliennes et rapa nui, c’est que c’est maintenant qu’il faut nous rapatrier. En ce moment on est en covid free. Une façon de protéger les Rapa Nui qui craignent d’être contaminés, c’est de nous rapatrier avant que les vols rouvrent en Polynésie et qu’il n’y ait plus de quarantaine pour les touristes et qu’il y ait une nouvelle épidémie. »