Les agressions envers les homosexuels toujours d’actualité en Polynésie

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Deux personnes transgenres insultées, dimanche, à proximité d’un temple à Bora Bora… Un phénomène qui n’est pas isolé et survenu à la veille de la journée mondiale contre l’homophobie. Comment se situe le fenua en matière d’homosexualité ? La communauté se sent-elle plutôt intégrée ou stigmatisée ? Eléments de réponse.

Publié le 17/05/2021 à 16:56 - Mise à jour le 19/05/2021 à 15:56

Deux personnes transgenres insultées, dimanche, à proximité d’un temple à Bora Bora… Un phénomène qui n’est pas isolé et survenu à la veille de la journée mondiale contre l’homophobie. Comment se situe le fenua en matière d’homosexualité ? La communauté se sent-elle plutôt intégrée ou stigmatisée ? Eléments de réponse.

Poea réside à Bora Bora. Alors qu’elle passe à proximité du temple de Vaitape, dimanche, un homme l’interpelle et l’insulte à plusieurs reprises. Ses amis finissent par filmer la scène. « On sortait d’une soirée arrosée avec mes copines et on allait se chercher à manger. En passant devant l’église, lui se tenait devant l’église. En passant on lui dit bonjour, et il a commencé à nous dire qu’on n’avait pas le droit de regarder l’église, qu’il ne voulait pas de nous là-bas. Dans un premier temps ça passait, on est allé se chercher à manger. Mais en repassant pour rentrer, il a encore dit qu’on n’avait pas le droit, qu’on n’avait pas le droit de regarder l’église, qu’on n’avait pas accès à l’église. Finalement je me suis arrêtée pour lui demander des comptes. J’arrive à l’entrée de l’église, je lui dit bonjour. Il ne me regarde pas du tout. Je suis issue d’une famille pieuse, je sais que c’est un lieu sacré donc je me suis dirigée vers les diacres pour leur expliquer la situation (…) Je suis sortie avant les diacres, je lui touche l’épaule, je lui souhaite un bon dimanche par respect. Et il repousse ma main, il s’essuie comme si j’étais contagieuse puis me sort un verset biblique comme quoi les gens comme moi n’ont pas accès au paradis. Je n’ai pas pu laisser passer ça et j’ai commencé à lui répondre. »

Le maire de l’île dit ne pas être informé et ne pas souhaiter réagir. Mais en 2021 peut-on encore se faire insulter en raison de sa sexualité au fenua ? L’association Cousins-Cousines constate que cette réalité perdure. « Je crois qu’il n’y a pas de montée évidente de l’homophobie, mais l’homophobie existe. Que ce soit au niveau de la société, sur les réseaux sociaux, ça existe toujours et il y a des gens qui en souffre. Récemment j’ai une jeune fille qui a été chassée par ses parents parce qu’elle est lesbienne. L’homophobie existe… (…) Je suis aussi membre de SOS Suicide et on a parfois des jeunes personnes, des jeunes ados et parfois même des personnes âgées qui sont rejetées, n’arrivent pas à trouver la paix et ont des idées suicidaires et parfois ça peut mener au drame. »

Manea est un artiste de 25 ans. Son nom de scène : Man’s Tahiti. Il appartient à la communauté Queer. C’est-à-dire qu’il a une identité sexuelle multiple. Si l’homophobie est un phénomène qu’il connaît bien, il s’épanouit aujourd’hui à travers l’art. Et sort un clip : Hands Up…

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