L’ensemble des lits post-covid de Te Tiare remplis en une semaine

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Le centre de rééducation s'est complètement réorganisé afin de pouvoir prendre en charge une partie des patients non autonomes à la sortie de la réanimation. Mais l'afflux est si important que les capacités d'accueil sont d'ores et déjà saturées et plusieurs patients sont sur liste d'attente. Le directeur adjoint du centre Te Tiare déplore des décisions tardives et plaide pour davantage de renforts sanitaires.

Publié le 01/09/2021 à 9:44 - Mise à jour le 01/09/2021 à 12:15

Le centre de rééducation s'est complètement réorganisé afin de pouvoir prendre en charge une partie des patients non autonomes à la sortie de la réanimation. Mais l'afflux est si important que les capacités d'accueil sont d'ores et déjà saturées et plusieurs patients sont sur liste d'attente. Le directeur adjoint du centre Te Tiare déplore des décisions tardives et plaide pour davantage de renforts sanitaires.

Les équipes du centre Te Tiare ont pourtant anticipé : tout était prêt pour accueillir les malades de la covid qui nécessitent une rééducation. En quelques jours, le service spécial aménagé dans le cadre de cette épidémie s’est retrouvé complètement saturé.

« On a modifié notre organisation à partir du 12 août pour reprendre le dispositif qui avait été mis en place il y a un an », indique Stéphane Milon, directeur adjoint de Te Tiare. « Nous avons transformé 12 lits de rééducation en lits post-covid. Sur la première période, nous avons eu 7 ou 8 patients simultanés au maximum. Là, en une semaine, nous avons rempli les 12. Nous accueillons actuellement 16 patients et nous avons donc dépassé la jauge de départ. Nous avons également fait une demande à la direction de la santé afin d’ajouter 8 lits supplémentaires. On s’organise comme on peut pour l’instant sachant que nous avons 5 personnes en liste d’attente ».

« Ca fait 30 ans que je travaille à Te Tiare : je n’ai jamais vu ça! »

Stéphane Milon

La charge mentale importante des soignants

« Le nombre de morts, c’est fou! Moi, ça m’a alerté dès le début du mois d’août. Il faut vraiment que l’on fasse quelque chose » lance Stéphane Milon. « Je n’ai pas le sentiment que ça bouge beaucoup, alors j’essaie d’alerter comme je peux. Les besoins de l’hôpital étaient déjà, il y a dix jours, de deux fois 200 soignants. Ceci, c’est juste pour avoir un niveau qui permette une prise en charge correcte des patients. C’est pour avoir un fonctionnement normal, en mode normal. Je n’ai pas compris que l’on ait confiné aussi tard. Je n’ai pas compris pourquoi nous n’avons pas fermé le territoire alors que les décès s’accumulaient. On ne peut pas laisser les gens comme ça! On ne peut pas les laisser sans aide de l’Etat ».

Le médecin relate ses conditions de travail et celles de ses collègues. « C’est très difficile pour les soignants. Ils voient partir certains de leurs patients, parfois, les familles ne peuvent pas être là, et ce sont eux qui accompagnent la fin de vie. Ce sont eux qui leur tiennent la main, et psychologiquement, il y a une fatigue. C’est difficile. Parfois, les personnels sont forts, parfois ils pleurent. En tous cas, en rentrant à la maison, bien souvent, ils ont du mal à oublier tout ce qu’ils viennent de vivre. Ils sont bouleversés. Ici, nous avons eu deux décès. J’ai remercié mes équipes la semaine dernière. Nous ne pouvons pas être sur le même mode de soins que d’habitude, mais l’essentiel, c’est de pouvoir accueillir les personnes, de leur proposer des soins pour essayer de les renvoyer à la maison rapidement ».

Des mesures plus fortes attendues

Pour Stéphane Milon, si les mesures sont mieux adaptées qu’il y a quelques semaines : elles ont été prises trop tard. « Pour moi, il aurait fallu casser les chaînes de contamination avant! Et les renforts : il aurait fallu en demander plus! Tout tarde. Tout le monde a vu la situation s’emballer, on a les chiffres : je ne comprends pas que les mesures ne soient pas plus fortes », déplore le médecin.

La vaccination : cruciale

« Nos deux patients qui sont décédés n’étaient pas vaccinés. La vaccination, c’est le point essentiel. Il faut continuer à vacciner et il n’y a que comme ça que l’on peut s’en sortir. S’ils avaient été vaccinés : certainement que les conséquences auraient pu être moins importantes ».

Depuis le début de cette nouvelle vague, 25 patients ont été admis à Te Tiare. Seuls 2 ou 3 étaient vaccinés et ils s’en sortent mieux que les autres.

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