Le vaccin, vu par le quartier Hotuarea

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Une étude sociologique menée en juillet par la direction de la santé a récemment dressé un bilan des freins à la vaccination. Pour mieux comprendre la réticence d'une partie de la population face au vaccin anti-covid, direction le quartier Hotuarea. Ses habitants, qui sont très largement opposés à la vaccination, ont accepté d'expliquer leur prise de position.

Publié le 15/09/2021 à 17:08 - Mise à jour le 15/09/2021 à 17:19

Une étude sociologique menée en juillet par la direction de la santé a récemment dressé un bilan des freins à la vaccination. Pour mieux comprendre la réticence d'une partie de la population face au vaccin anti-covid, direction le quartier Hotuarea. Ses habitants, qui sont très largement opposés à la vaccination, ont accepté d'expliquer leur prise de position.

C’est un quartier qui a su réagir à la crise : Hotuarea propose un jardin partagé, où ses habitants se forment à l’agriculture et subviennent à leurs besoins en légumes.

L’une des figures du quartier, Naomi Tapi, assure que la plupart des habitants sont opposés à la vaccination. Pour plusieurs raisons, mais d’abord l’exemplarité des élus : « pas vaccinés, pas d’obligation ! Mais toi, le petit, tu es obligé d’être vacciné ! » Ce qu’elle considère comme « injuste ».

Elle regrette aussi de « ne pas savoir ce qu’il y a dans le vaccin ». Une inquiétude qui revient chez plusieurs habitants du quartier. Rebecca Tehahe, une mamie joviale, choisit le ra’au Tahiti pour se soigner : « je préfère prendre le miri et le doliprane (la plante et non le cachet, NDLR), ça va me faire vite guérir » assure-t-elle. Même avis pour Marie-Joséphine Maiti, une jeune agricultrice de 22 ans : « je vais utiliser des plantes médicinales pour faire mon propre ra’au Tahiti : le nono, le rea Tahiti avec du citron et du piment ». Le corps médical estime que cette médecine traditionnelle peut renforcer les défenses du corps, mais n’est pas suffisante pour combattre le virus.

Une agricultrice aère la terre des jardins partagés, non loin de la piste de l’aéroport – Photo : Mike Leyral

Marie-Joséphine reconnaît qu’elle s’informe surtout sur Facebook. « Y’a plein de rumeurs qui circulent, comme quoi il y a des anticorps qui détruisent tes propres anticorps. Je ne sais pas s’il y en a qui disent la vérité (…) mais à cause de ces trucs-là c’est perturbant et ça t’empêche de réfléchir si tu veux ou pas ». Elle n’est donc pas vaccinée.

Un peu plus loin, Bruno Raiamanu effectue son service civique agricole dans le même potager. Lui aussi a lu des rumeurs sur les réseaux sociaux, ou les a entendues dans son quartier : « y’a plein de jeunes qui racontent qu’il ne faut pas se faire vacciner, que c’est pas bon, qu’il y a des micropuces, et que quand on met de la glace après t’avoir piqué, ça fait de l’électricité ». Il ne croit pas vraiment à ces rumeurs et se fera vacciner, mais parce qu’il y est obligé, pour conserver son deuxième emploi dans l’hôtellerie.

Bruno Raiamanu, en service civique agricole à Hotuarea – Photo : Mike Leyral

Après quelques heures dans ce quartier populaire, force est de constater qu’aucun habitant n’est favorable au vaccin. Certains l’ont fait sous la contrainte ou parce que des proches sont décédés de la Covid, mais sans conviction.

La communication des autorités autour du vaccin est donc, pour le moment, très loin d’avoir séduit les habitants de Hotuarea, à l’image de ceux des autres quartiers populaires, comme l’a montré l’étude sociologique réalisée autour des freins à la vaccination.

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