Ce jeudi, Erwan Daouphars a joué cette œuvre devant une centaine de prisonniers. C’est la première fois que le théâtre entre dans ce centre de détention. Après la représentation, un détenu confie :
« C’est la première fois que j’allais au théâtre. Au début, je ne comprenais pas tout. Mais après, le temps passe, et on comprend. Le texte reflète nos erreurs… »
Un de ses codétenus abonde dans ce sens. Très touché par la pièce, il s’est retrouvé dans les mots du personnage. L’histoire jouée devant lui l’a percuté et l’a amené à réfléchir sur ses actes et sa condition. Il témoigne :
« C’était passionnant. Il y a des choses par rapport à ce qu’on vit ici, par rapport aux enfants. J’ai retrouvé beaucoup d’expressions et de moments qu’on a plus ou moins vécu. »
Sur scène, le comédien, seul dans son fauteuil, déclame son texte face à plusieurs dizaines de détenus. Pour Erwan Daouphars aussi, l’expérience a été intense.
C’est la première fois qu’il jouait dans un tel contexte. S’il a fallu s’adapter et modifier quelques détails pour la mise en scène, le comédien ne regrette pas de l’avoir fait. Il explique :
« Au départ, j’étais un peu frileux, j’avoue. Et puis là, c’est magique le rapport avec eux. Le public est attentif. »
A la fin de la représentation, l’échange est positif. Le public se laisse aller à la parole. Erwan Daouphars explique :
« Je n’oublierai pas cette représentation. Les détenus m’ont dit qu’ils se sont reconnus dans le texte, que ça les faisait réfléchir, que ça leur faisait du bien pour la suite… »
La suite de cette représentation, ce sont des ateliers d’écriture et de jeu. Les prisonniers qui en ont fait la demande vont participer pendant une dizaine de jours à un travail autour du théâtre avec l’auteure et le comédien de Sandre. Pour les prisonniers, ce moment privilégié peut être le moyen de mettre des mots sur leurs actes.
« Cela peut être bien pour les gens qui ont du mal à dire ce qu’ils ressentent. Ce n’est pas toujours facile d’en parler ou de l’exprimer. Ça peut ouvrir le cœur à quelqu’un… »
« Tout le monde peut arriver à un accident de la vie dramatique »
« C’est une collaboration que le Spip a voulu tisser avec la compagnie. On a souhaité que Sandre soit jouée car cela vient en résonnance par rapport à un passage à l’acte. Dans cette pièce, il y a la réflexion que tout le monde peut arriver à un accident de la vie dramatique. Toute cette réflexion que cette femme a par rapport à sa famille. Ce qui est intéressant, c’est que cette femme dans la pièce dit à plusieurs reprises : « J’ai oublié, je ne sais plus… » C’est quelque chose qu’on entend souvent chez les personnes détenues. […] Les ateliers, tous ces supports, permettent à la personne de se voir révéler les compétences. C’est un travail de réflexion qui doit être mené par la personne. »