Le prix du carburant, un « stress » pour Air Tahiti Nui

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La compagnie au tiare n'a pas répercuté la hausse du prix du carburant sur les prix de ses billets. Et il n'y aura pas d'augmentation des tarifs "dans l'immédiat" assure Air Tahiti Nui. Le P-dg Michel Monvoisin était l'invité de notre journal samedi :

Publié le 28/08/2022 à 11:55 - Mise à jour le 28/08/2022 à 11:56

La compagnie au tiare n'a pas répercuté la hausse du prix du carburant sur les prix de ses billets. Et il n'y aura pas d'augmentation des tarifs "dans l'immédiat" assure Air Tahiti Nui. Le P-dg Michel Monvoisin était l'invité de notre journal samedi :

Comment se porte la compagnie ATN après deux années difficiles liées au covid ?
« La compagnie ATN a repris ses vols. Le covid c’est vrai nous avait mis à mal mais nous avons pu bénéficier des PGE comme la plupart des entreprises touristiques et l’industrie aérienne, puis également des aides de l’Etat et du Pays. »

Les hôteliers voient d’un très bon oeil l’arrivée annoncée de l’Américain Delta airlines en Polynésie. ATN aura-t-elle les moyens de lutter face à ce géant ?
« C’est normal qu’ils le voient bien puisque ça entraîne la rareté des chambres qui entraîne des hausses de prix. Mais en fait le problème n’est pas lié qu’à ATN, le problème est plus général. C’est pour l’industrie aéronautique. C’est-à-dire qu’aujourd’hui sans Delta, nous avons une offre d’à peu près 1.1 million sièges à destination de la Polynésie. La capacité réceptive de la Polynésie est à peu près de 240 000 touristes. Il y a 50 000 Polynésiens qui voyagent. 1.1 million c’est en aller-retour donc ça fait la capacité de transporter 600 000 personnes, 600 000 passagers. Voilà. 600 000 moins 300 000, on est loin du compte. »

C’est suffisant ? C’est assez ?
« Bah c’est un problème. C’est-à-dire que la rentabilité d’une compagnie aérienne se fait entre le coefficient de remplissage et le prix moyen des sièges. Dès que vous avez de la surcapacité, le prix moyen baisse. C’est une bonne chose pour les voyageurs. Le problème c’est qu’au bout d’un moment, il y a des compagnies qui vont s’épuiser puisqu’en ce moment, le phénomène de surcapacité fait que les routes ne sont pas rentables pour les compagnies aériennes. Je parle pour l’industrie en général. Elles ne sont pas rentables. Donc ça ne va durer qu’un temps. À un moment donné il faut qu’il y ait une corrélation entre le nombre de sièges offerts et le nombre de chambres offertes. »

La Polynésie n’est donc pas en capacité d’accueillir un afflux supplémentaire de touristes selon vous ?
« En ce moment on le voit. Ce n’est pas une analyse d’ATN. C’est celle de l’ISPF et de tout ceux qui essaient d’avoir une chambre à Moorea en ce moment ou n’importe où, que ce soit d’ailleurs dans un hôtel, une pension de famille ou un airbnb. Quand on en parle, moi tout autour de moi, tous les gens font part de leur difficulté à trouver une chambre. Sans compter le prix. »

De votre côté vous faites bouger les lignes puisque les vols vers le Japon, ligne pourtant difficile à rentabiliser, vont reprendre en 2023, puisqu’en octobre vous desservirez Seattle… Ce plan de déploiement est-il inévitable pour garantir l’avenir ?
« Oui bien sûr. Pour Seattle je m’étais déjà expliqué (…) C’est un effet domaine avec un partenariat fort avec la compagnie basée à Seattle qui est Alaska airlines, appuyée et soutenue également par American airlines. Donc cette offre nous permet nous en tout cas Air Tahiti Nui, de garder le leadership sur les Etats-Unis qui est notre principal marché. Donc en rajoutant de l’offre, on assoie notre leadership puisqu’on aura à peu près 15 vols par semaine sur les Etats-Unis dès lors qu’on aura ouvert Seattle. »

Inflation galopante, hausse du cours du dollars, prix des carburants… Comment comptez-vous faire pour conserver des prix compétitifs dans un environnement de plus en plus concurrentiel ?
« Déjà il faut savoir que le carburant on ne l’a pas répercuté sur les prix. Cette année on va se prendre à peu près 3 milliards (de Fcfp) de plus en carburant. Le carburant c’est à peu près maintenant le quart de nos charges. Ce qui fait que, encore la surcapacité dont je parlais précédemment et la concurrence, fait qu’on est une des rares routes, une des rares destinations où il n’y a pas eu d’inflation. On n’a pas passé de surcharge carburant. Aux Etats-Unis, ils ont passé à peu près entre 25 et 30% d’inflation sur les prix. En Europe, 20 à 25%. Nous on n’en a pas passé parce qu’il y a une telle offre en sièges qui fait que souvent, sur les classes économiques, on n’a pas encore pris de décision de rajouter de la surcharge carburant. Effectivement c’est un souci. Ça fait partie de nos stress le prix du carburant. »

Il faut s’attendre à une hausse des tarifs ?
« Dans l’immédiat non, surtout qu’on va entrer en basse saison. »

Un autre point : les questions environnementales font elles partie de vos réflexions pour les années à venir ?
« Ça a toujours été une priorité pour ATN depuis 2015 pratiquement on a dédié une équipe à travailler sur ce qu’on appelle le RSE, la responsabilité sociétale et environnementale. C’est une priorité dans la stratégie d’Air Tahiti Nui. D’ailleurs le changement d’avion en a fait partie. Le 787 aujourd’hui est l’avion long courrier qui a l’emprunte carbone la plus faible. ATN a diminué pratiquement de 30% son emprunte carbone en passant sur cet avion. Ensuite effectivement on a mis en place toute une stratégie sur un immeuble aux standards environnementaux, on n’achète plus que des véhicules électriques ou hybrides. Il y a toute une stratégie RSE qui est mise en place et o n va continuer. Notamment on va essayer d’aller vers le 0 plastique. C’est un de nos objectifs. La Polynésie et les îles du Pacifique sont très impactées et on le sait. L’environnement est un sujet d’importance et ATN l’a pris très au sérieux. »

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