Fin 2022 déjà, le compteur affichait un « stock d’impayés de 2 milliards de francs ». La facture est aujourd’hui colossale. Selon le projet de délibération relatif à la modification du budget général de la Polynésie présenté vendredi par la commission de l’économie et des finances, les prévisions des comptes de l’OPH au 31 décembre 2023 atteignent plus de 4 milliards de francs d’impayés.
« Plus de la moitié de ces impayés concernent les fournisseurs en habitat dispersé », soit les fare OPH, « dont certains ont cumulé jusqu’à 1 milliard de francs de créances » souligne le rapport. Des impayés qui pèsent lourdement sur la trésorerie des prestataires et sur la pérennité de l’activité. « Cette situation a atteint sa phase la plus élevée en août 2023 avec un cumul de 4,5 milliards de francs d’impayés, pour une trésorerie d’un peu plus de 400 millions francs ». La situation est d’autant plus inquiétante alors que des « mesures drastiques de réduction des coûts » ont déjà été engagées à en croire le rapport.
Si « les efforts entrepris par les directeurs successifs, en particulier sur la gestion des liquidations de subventions, ont permis d ’améliorer légèrement et temporairement la situation », celle-ci reste cependant « préoccupante » poursuit le rapport. « Les prévisions de trésorerie d ’ici la fin de l’année et l’arrêt des liquidations n’annoncent pas une amélioration de la situation ».
– PUBLICITE –
« En l’absence de soutien extérieur, l’OPH ne sera pas en mesure d’assumer ses dettes »
Une situation qui selon la commission ne laisse pas d’autres choix au Pays que de monter au créneau. « Il apparaît donc qu’en l’absence de soutien extérieur, l’OPH ne sera pas en mesure d’assumer ses dettes, engendrant des difficultés croissantes pour de nombreuses entreprises du secteur et remettant en cause de façon durable la continuité de ses activités » conclut le rapport avant de dérouler un plan de redressement.
Le rapport évoque ainsi une « refonte en profondeur » d’un modèle déjà pointé du doigt par Chambre territoriale des comptes. Celle-ci passera par « analyse exhaustive des missions » mais aussi par une convention dite « de responsabilisation » entre le Pays et l’Office dont la rédaction devrait aboutir d’ici la fin de l’année 2023. Quant aux « activités exercées gracieusement ou à perte pour le compte du Pays », elles font déjà l’objet de discussions avec la direction du budget et des finances précise le rapport.
L’apurement des dettes à l’égard des fournisseurs étant « une priorité », le Pays versera en urgence une dotation exceptionnelle d’un milliard de francs pour permettre à l’office d’assurer la continuité de son activité. Ce, en attendant « la mise en place des modifications structurelles ». Mais une seconde dotation de 500 millions de francs devrait également intervenir en 2024.
Le texte devrait être débattu jeudi en séance plénière de la session budgétaire.