Le journaliste Mathias Depardon est rentré en France

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Publié le 08/06/2017 à 8:41 - Mise à jour le 08/06/2017 à 8:41

Le photojournaliste a pris un avion à Gaziantep (sud-est), où il était détenu, pour rejoindre Istanbul, d’où il s’est ensuite s’envolé pour la France, a indiqué à l’AFP le secrétaire général de l’ONG RSF (Reporters sans frontières) Christophe Deloire.

La détention de Mathias Depardon, arrêté le 8 mai, a suscité l’inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent une dégradation des conditions de travail des journalistes turcs et étrangers en Turquie.

Il faisait l’objet d’un ordre d’expulsion depuis le 11 mai, mais était détenu à Gaziantep par les autorités turques qui le soupçonnent d’avoir fait de la « propagande terroriste » en faveur de la guérilla kurde.

La remise en liberté de M. Depardon est « une excellente nouvelle », s’est félicité depuis le Luxembourg le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, ajoutant qu’il avait eu un entretien avec son homologue turc vendredi, avant la libération du photographe.

M. Collomb a rendu hommage au « bon intermédiaire » qu’a été, selon lui, l’ambassadeur de Turquie en France dans ce dossier.

L’expulsion de M. Depardon survient au lendemain d’une visite de sa mère dans le centre de rétention de Gaziantep où il avait été transféré un mois auparavant.

Ses avocats avaient par ailleurs réclamé vendredi une intervention de la Commission européenne pour mettre fin à sa « détention arbitraire ».

 Installé en Turquie depuis cinq ans, ce journaliste indépendant âgé de 37 ans a été arrêté à Hasankeyf (sud-est), où il réalisait un reportage pour le magazine National Geographic, au motif qu’il travaillait sans carte de presse.

Les autorités turques l’ont ensuite soupçonné d’avoir fait de la « propagande terroriste » pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des photos prises au cours d’un reportage sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes).

Evoquant le risque d’expulsion de son fils du territoire turc, la mère de M. Depardon, Danièle Van de Lanotte, avait regretté, dans un entretien avec l’AFP, qu’il quitte « comme un malpropre » la Turquie, « un pays qu’il adore ».

« C’était une détention absolument injustifiée. C’est un mois de perdu dans la vie d’un homme », a déclaré M. Deloire à l’AFP.

Sur Internet, notamment parmi ses confrères français, une mobilisation avait été déclenchée en faveur de la libération du photojournaliste, avec sur Twitter le mot-dièse #FreeMathias.

Mathias Depardon est le dernier d’une série de journalistes européens arrêtés ou expulsés par les autorités en Turquie, où les conditions de travail se sont dégradées au cours des derniers mois pour les professionnels des médias, en particulier depuis le putsch manqué de juillet.

Olivier Bertrand, un journaliste français, et Gabriele Del Grande, un journaliste italien, ont été arrêtés et expulsés ces derniers mois.

Un journaliste germano-turc, Deniz Yücel, est quant à lui accusé d' »espionnage » et d’activités « terroristes » et a été incarcéré.

Les organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent des atteintes régulières à cette liberté de la part des autorités turques, notamment depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.

Plus de 100 journalistes turcs sont actuellement incarcérés en Turquie, et le gouvernement cible parfois les correspondants étrangers.

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a provoqué un tollé en déclarant cette semaine que des services de renseignement européens utilisaient des journalistes pour espionner la Turquie.

Ce pays occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF. 

AFP 

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