Le centre Te Tiare face à un afflux d’accidentés

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Sur les routes du fenua comme dans les foyers, les accidents se multiplient et concernent aussi bien les automobilistes que les cyclistes ou les jardiniers. Des accidents aux conséquences parfois dramatiques. Convalescences longue durée, paraplégies, tétraplégies : les équipes médicales du centre Te Tiare sont plus que jamais mobilisées. Et pourtant, ces drames auraient pu être évités grâce à quelques réflexes de prudence. Rencontre avec des patients dont la vie a basculé à cause d’un verre ou d’un clignotant.

Publié le 25/09/2022 à 18:00 - Mise à jour le 25/09/2022 à 18:00

Sur les routes du fenua comme dans les foyers, les accidents se multiplient et concernent aussi bien les automobilistes que les cyclistes ou les jardiniers. Des accidents aux conséquences parfois dramatiques. Convalescences longue durée, paraplégies, tétraplégies : les équipes médicales du centre Te Tiare sont plus que jamais mobilisées. Et pourtant, ces drames auraient pu être évités grâce à quelques réflexes de prudence. Rencontre avec des patients dont la vie a basculé à cause d’un verre ou d’un clignotant.

Avec 250% de cas de paraplégies de plus cette année, le centre Te Tiare est confronté à une affluence d’accidentés graves. Sur les routes ou à domicile, les chutes se multiplient et sont suivies de longs mois de rééducation avec, parfois, la perte définitive de sa mobilité. Les patients du centre sont tous en convalescence pour des pathologies ou des accidents. « Les causes sont des accidents de la route, souvent du deux-roues. L’alcool et la vitesse sont présents dans la plupart des cas. Il y a aussi beaucoup d’accidents maintenant avec les vélos électriques. (…) Et il y a aussi de nombreux accidents domestiques, que ce soit des chutes d’arbres ou des chutes de toit. On monte sur le toit un peu trop vite pour réparer une tôle, c’est un peu mouillé, on y va tout seul, on s’assure pas, le copain n’est pas là pour tenir l’échelle, et puis on se casse la figure et on reste paralysé toute sa vie » explique Marc Dambry, médecin de rééducation à Te Tiare.

Avec la bonne humeur ambiante et l’entraide de l’équipe soignante, chaque patient tente de surmonter au mieux son traumatisme. Alors qu’il rentrait chez lui sur Papara, Benoît Mandelsen a terminé sa course dans un caniveau après une fête arrosée. Il a été plongé dans le coma pendant un mois : « Cela fait maintenant un mois et demi que je suis au centre, c’est dur, j’ai hâte de rentrer chez moi. C’est dur de voir mon corps comme ça. Je n’ai plus le contrôle de mon corps. (…) L’alcool, c’est fini pour moi. Je vais arrêter de boire et aller à la messe ».

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

L’alcool est également à l’origine de l’accident de Lucien Maa. Cet habitant de Huahine s’estime aujourd’hui chanceux : « Comme tous les vendredis, je faisais la fête. Je n’ai pas réfléchi, j’étais complètement bourré et j’ai décidé de prendre ma voiture pour rentrer chez moi. Je me suis endormi au volant et j’ai percuté un cocotier. Heureusement, je n’ai pas fait de victime. (…) Après mon opération au CHPF, on m’a transféré ici où je suis depuis un mois. J’ai le cotyle de cassé. (…) Il faut se dire que cela n’arrive pas qu’aux autres ». Une fois sa rééducation terminée, il compte enfin passer son permis de conduire et redoubler de vigilance et de prudence sur la route.

Brigitte Tinirau, scootériste, a elle le fémur cassé suite à une collision avec une voiture. Elle est au centre depuis le mois d’août : « Je ne me souviens pas de l’accident. Je roulais, je rentrais du travail… et après, c’est le trou noir. Je suis restée 9 jours à l’hôpital avant de venir au centre pour faire de la rééducation. Je me retrouve avec le fémur cassé et un clou à l’intérieur pour réajuster l’os. (…) Soyez vraiment prudent, respectez le code de la route, mettez les clignotants etc. (…) On pense avoir le contrôle de notre vie, mais en fait, pas du tout. (…) C’est dur d’être ici, le travail me manque, mais il faut rester positif. Il faut garder le mental pour avancer. Je veux refaire des randonnées, surfer… ».

Comme Brigitte, des dizaines d’autres patients sont actuellement soignés au centre qui compte environ 20% en plus de victimes d’accidents. « C’est du jamais vu. C’est plus qu’en métropole. (…) On peut presque parler d’épidémie d’accidents, de polytraumatismes, avec des conséquences qui sont catastrophiques. Il y a toutes les fractures nombreuses et variées, mais il y a aussi les traumatismes de la moelle épinière que ce soit au niveau du cou ou des lombaires, avec des conséquences neurologiques dramatiques : les patients deviennent tétraplégiques. (…) En quelques secondes, pour quelques verres, quelques kilomètres de trop, la vie bascule. On se croit invincible, on se croit jeune et fort, et puis on y va. La plupart du temps ça passe, on le voit tous les jours sur la route. Et puis un jour, ça passe pas » indique le taote Marc Dambry. « Les patients se succèdent sans arrêt. Quand il y en a un qui sort il y en a un qui rentre » déplore-t-il. « Je ne culpabilise pas les patients. Ils ont déjà un fardeau lourd à porter. Je ne remue pas le couteau dans la plaie » précise-t-il.

Le centre Te Tiare espère développer ses moyens. Il est le seul, au fenua, à assurer l’accompagnement à la rééducation.

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