Le bras de fer judiciaire se durcit entre le foyer Te Aratia et le Camica

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Le bras de fer judiciaire se durcit entre le Camica (conseil d'administration de la mission catholique de Tahiti), et la gérante du foyer Te Aratia, Sœur Joséphine. Si la justice lui a déjà donné raison en première instance, l'association propriétaire du foyer a engagé une nouvelle assignation en référé pour enjoindre le Camica et EDT à rétablir le courant.

Publié le 23/11/2021 à 15:07 - Mise à jour le 23/11/2021 à 21:53

Le bras de fer judiciaire se durcit entre le Camica (conseil d'administration de la mission catholique de Tahiti), et la gérante du foyer Te Aratia, Sœur Joséphine. Si la justice lui a déjà donné raison en première instance, l'association propriétaire du foyer a engagé une nouvelle assignation en référé pour enjoindre le Camica et EDT à rétablir le courant.

Des seaux d’eau pour se doucher. Des lampes torches pour faire ses devoirs. Solution de fortune pour les huit étudiantes du foyer Te Aratia privées d’eau, d’électricité et d’eau courante. Victimes collatérales d’un bras de fer judiciaire entre le Camica et la gérante de leur établissement, Sœur Joséphine, les jeunes femmes subissent les tensions au sein de l’Eglise Catholique. Si l’eau a depuis été rétablie, la responsable a engagé le 19 novembre une action au tribunal contre le Camica et EDT pour faire rétablir l’électricité.

« Il s’agit de fonds publics versés à une association, la DEC ou le Camica n’ont pas vocation à percevoir ces sommes »

Maître Arcus Usang

Mais les ennuis ont commencé le 18 mars pour Sœur Joséphine. Ce jour-là, elle se voit notifier du Camica son « licenciement pour faute ». Elle est alors sommée de rendre les clés des locaux le 29 mars au directeur de l’Enseignement catholique. Le Camica fait notamment valoir que le foyer Te Aratia lui appartient et que sa gestion sera reprise par l’intermédiaire de la DEC. Pour sa défense, l’intéressée a rappelé que son employeur n’est autre que l’association Te Tiai Mamoe Maitai, « propriétaire du foyer ». Et que si le Camica est bien propriétaire des locaux, il n’est en aucun cas propriétaire de son activité. Monseigneur Cottanceau n’est pas tout à fait du même avis. « La DEC est l’employeur de la sœur, est-ce qu’un employeur n’a plus le droit de dire à un moment donné, on arrête ? »

Du côté du Camica, on reproche plus précisément à sœur Joséphine un engagement de 10,5 millions de Fcfp « sans respect des règles comptables » : soit un « détournement de fonds ». « Ce chèque est sorti du giron Camica, sans les procédures qui s’imposent en matière de comptabilité », défend Monseigneur Cottanceau. « Dans cette situation, le Camica a le devoir de justifier cet argent ».

Une accusation qualifiée « d’affabulation » selon l’avocat de l’intéressée qui pèse ses mots. La plainte engagée par l’organisation catholique contre sœur Joséphine a d’ailleurs été rejetée par le tribunal devant les justificatifs du compte associatif. La religieuse a bien effectué un virement de 10,5 millions de Fcfp, mais du compte du Camica vers le compte de l’association Te Tiai Mamoe Maitai- Foyer Te Aratia, « propriétaire du foyer » défend son avocat, maître Arcus Usang : « Il s’agit de fonds publics versés à une association, la DEC ou le Camica n’ont pas vocation à percevoir ces sommes ».

« Je trouve ça incroyable qu’on jette cette affaire en pâture à l’opinion publique qui ne connaît pas les tenants et aboutissants, ni les dessous de l’affaire »

Monseigneur Cottanceau

Du côté du comité de soutien de sœur Joséphine, on déplore alors des « modes de résolution des litiges » qui ne sont pas « compatibles avec les principes de dialogue pratiqués habituellement dans l’Église ». Alors que le Camica s’est pourvu en appel, l’avocat de la religieuse regrette le « rapport de force » qui s’est installé, et le manque de « considération d’humanité » à l’égard de sa cliente, une femme « opprimée, stressée, harcelée ».

Si le chef de l’Eglise veut bien admettre des « maladresses » dans cette affaire, il rappelle que les responsables du foyer avaient été prévenus des différentes coupures « un mois avant » l’intervention des agents d’EDT. « Je trouve ça incroyable qu’on jette cette affaire en pâture à l’opinion publique qui ne connaît pas les tenants et aboutissants, ni les dessous de l’affaire », confie Monseigneur Cottanceau. « Je n’ai jamais voulu supprimer le foyer ».

En attendant, le dialogue se poursuivra devant les tribunaux.

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