L’Asie-Pacifique : de nouveaux enjeux pour les Forces Armées

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Un millier de militaires en tenue de combat, armés, s’apprêtent à rejoindre les Raromatai : l’exercice Marara 2022 débute ce dimanche. Une opération qui s’internationalise encore davantage et qui se déroule dans un contexte géopolitique sous tension. Pour en parler, le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant supérieur des Forces Armées en Polynésie, était l'invité du journal.

Publié le 07/05/2022 à 10:47 - Mise à jour le 07/05/2022 à 15:13

Un millier de militaires en tenue de combat, armés, s’apprêtent à rejoindre les Raromatai : l’exercice Marara 2022 débute ce dimanche. Une opération qui s’internationalise encore davantage et qui se déroule dans un contexte géopolitique sous tension. Pour en parler, le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant supérieur des Forces Armées en Polynésie, était l'invité du journal.


L’exercice Marara débute ce dimanche 8 mai. Cette grande opération de protection et de sécurité est réalisée par les Forces Armées tous les deux ans. 12 nations du bassin Pacifique y participent –une première à un tel degré de participation. Parmi elles : le Canada, Singapour, le Pérou ou encore les États-Unis.

Si l’objet de cet exercice est de se préparer aux catastrophes naturelles et à leur impact possible : la Polynésie et par son biais, la France, qui détient la plus grande zone économique du Pacifique Sud, a un rôle majeur à jouer en matière de stabilité et de maintien de la sécurité. Les derniers événements survenus en Ukraine et aux îles Salomon ont des conséquences directes sur le positionnement des Forces Armées du fenua. « Pour le conflit en Ukraine, c’est la Russie qui a attaqué l’Ukraine et qui a déclaré cette guerre, qui l’a lancée. La Russie a une côte dans le Pacifique, a des unités à la mer, et donc il faut être en mesure de réagir convenablement quand nos unités rencontrent les unités russes. Il faut rester vigilant et établir le dialogue pour éviter la méprise et éventuellement déclencher le conflit » précise le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, commandant supérieur des Forcés Armées en Polynésie française.

Les risques de catastrophes naturelles : une problématique partagée avec les autres pays du Pacifique

Cyclone, tsunami, fortes pluies… les phénomènes caractéristiques des climats tropicaux mobilisent régulièrement les Forces Armées à la fois pour porter secours aux populations, mais aussi pour déblayer. Il faut donc s’y préparer. Et la solidarité opère régulièrement comme lors de l’éruption volcanique aux îles Tonga, en janvier 2022.


Les exercices comme Marara permettent aux militaires des différents pays d’apprendre à travailler ensemble avec des procédures communes. Si cette opération est donc centrée sur le secours en cas de catastrophe naturelle, les Forces Armées du Pacifique se retrouvent à d’autres moments pour se préparer à d’éventuels conflits. Ce sera le cas, par exemple, dans quelques semaines, à Hawaii lors du RIMPAC, car l’espace Indo-Pacifique est au cœur des nouveaux enjeux géopolitiques.

De nouvelles menaces potentielles

Le programme nucléaire de la Corée du Nord ; prolifération des armes de destruction massive, piraterie, terrorisme… les nouvelles menaces se multiplient et planent sur l’Asie-Pacifique.

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Depuis quelques années, face à la Chine, la France a alors redéfini sa politique. Et la signature il y a trois semaines, d’un accord entre Pékin et les îles Salomon a semé le trouble, notamment en Australie, dont les côtes se situent à 1 200 kilomètres. La possibilité de déploiements policiers et navals chinois prévus par cet accord font craindre à Canberra que les îles Salomon ne soient utilisées comme base militaire permanente de la Chine.

« On voit bien, depuis maintenant un certain nombre d’années, les tensions qui existent de part et d’autres du Pacifique. D’un côté, la République Populaire de Chine, de l’autre, les États-Unis d’Amérique. La France se veut une puissance d’équilibre, refusant la logique des deux blocs, alliée des États-Unis d’Amérique. L’histoire veut que notre pays est le plus ancien allié des États-Unis, mais non alignés. De la même façon, nous nous opposons quand c’est nécessaires aux actions illégales des Chinois, et cela arrive, mais nous maintenons le dialogue. Et moi, à mon niveau, de chef militaire français pour l’Asie-Pacifique, je maintiens le dialogue avec un général chinois basé à Canton, pour éviter les incompréhensions et les dégradations de situation » indique le contre-amiral Jean-Mathieu Rey

Quant au spectre d’un partenariat entre Pékin et Moscou : ses conséquences sont une inquiétude de plus. Autant d’enjeux qui risquent de profondément modifier le rôle et l’action des Forces Armées en Polynésie.

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