Vous partez après deux ans de poste en Polynésie. Entre tous les postes que vous avez eu à occuper, quelle est la particularité de la Polynésie ?
« La Polynésie c’est d’abord la taille de la Polynésie française qui a la taille de l’Europe on le sait avec toutes ces îles différentes dont il faut assurer la protection et être capables d’intervenir partout en tout temps pour aller secourir, pour protéger contre la pêche illégale par exemple, pour lutter contre le trafic illicite, mais aussi, le quartier général des Forces françaises opérant dans tout l’Asie Pacifique du détroit de Malacca à Panama est ici à Tahiti. Et donc il y a aussi cette vaste zone de l’Asie Pacifique dans laquelle il faut opérer et à partir de Tahiti nous conduisons ces opérations donc c’est finalement la taille qui caractérise cette responsabilité, ce commandement ici. »
C’était une belle expérience pour vous ?
« Formidable. Tous les hommes et les femmes que j’ai pu rencontrer, ceux que j’ai l’honneur de commander et puis mes collaborations avec Dominique Sorain et ses équipes, les tavana. Je ne vais pas tous les citer mais il y a tout ces visages connus avec qui j’ai travaillé et bien sûr la population. »
Vous êtes marqué…
« Oui oui et je reviendrai avec plaisir. »
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La Polynésie, vous le disiez, est au coeur d’une région du monde de plus en plus convoitée par les superpuissances. L’intensification de l’influence de la Chine dans le Pacifique, la récente réaction de Washington lors du Forum des îles du Pacifique composent elles un environnement menaçant pour notre sécurité dans le Pacifique ?
« Nous sommes ici à Tahiti dans ce qu’on appelle la troisième chaine d’îles. Dans l’Asie-Pacifique à l’extrême orient, dans les mers de Chine et des Philippines, nous en sommes éloignés. C’est pour ça que c’est très bien que notre quartier général soit ici à Tahiti comme les Américains ont le leur à Hawaii. C’est le même principe. Mais il y a cette tension qui existe, qui est de plus en plus forte entre la République populaire de Chine et les Etats-Unis d’Amérique. Et des réactions de plus en plus agressives (…) »
Et les tensions entre l’Ukraine et la Russie peuvent aussi impacter la Polynésie ?
« (…) On s’est rendu compte que la guerre était possible, qu’un Etat pouvait envahir un autre pour imposer sa volonté. Donc effectivement, ça nous rappelle cette réalité qui s’était éloignée de notre quotidien depuis longtemps. »
Quel est l’état des coopérations de l’armée française avec les autres pays de la zone pour la protection et les secours en cas de besoin ?
« Sur la protection de la Polynésie et des Polynésiens, vous vous souvenez de l’exercice Marara, on travaille en coopération. On a rassemblé 13 nations autour de ce thème de la réaction, l’apport d’aide après une catastrophe naturelle, l’évacuation de ressortissants et la sécurisation d’une zone. Parce qu’on sait que dans ces cas là, il peut y avoir des bandes armées qui viennent profiter de la situation. Donc il faut être capable de faire tout ça ensemble. Nous l’avons fait. Et dans un domaine plus large, de haute intensité, nous avons déployé des moyens de haut niveau avec un sous-marin nucléaire qu’on n’a pas vu ici au fenua mais c’était commandé d’ici. On n’a vu nos Rafales en revanche. Le groupe Jeanne d’Arc (Groupe École d’application des officiers de marine, NDLR) est déployé jusqu’au Japon. Groupe Jeanne d’Arc qui viendra l’année prochaine. Donc il y a toujours cet engagement des Forces armées françaises à partir du fenua, de la Calédonie, de La Réunion ou d’ailleurs pour intervenir et défendre nos intérêts et en particulier le droit international dans cette partie du monde où il est menacé. »
Le groupe Jeanne d’Arc c’est donc votre successeur qui va l’accueillir, avec d’autres moyens aussi, d’autres outils ?
« Pour la partie protection, l’idée est de toujours garder un coup d’avance sur nos adversaires donc on va renouveler nos patrouilleurs et nos avions de surveillance maritime. De nouveaux patrouilleurs vont arriver dès l’année prochaine à Nouméa et à Tahiti, il y en aura six au total entre Tahiti Nouméa et La Réunion pour l’ensemble de l’Indo-Pacifique et des Falcon, Guardian qui travaillent toujours. (…) On va les rénover, on va accueillir des Falcon 2000 Albatros, donc des avions beaucoup plus performants qui vont plus loin avec des censeurs et des moyens de protection plus fins pour toujours garder un coup d’avance en particulier contre la pêche illicite et le trafic de stupéfiants. »