« De tout, on trouve de tout. Des plastiques, des canettes de bières, des bouées, des cordes etc… » indique Frédéric Teikiotiu, marquisien d’origine, installé sur l’atoll depuis 26 ans. Président de l’association « Garuae », il s’implique depuis 9 ans dans les actions pour préserver un environnement qui se dégrade au fil du temps. Il encadre ces volontaires motivés, pour ramasser les déchets et les trier par catégorie.
« L’idée est de démontrer que l’on sait et que l’on veut trier, il y a une demande très forte de respecter le milieu et rapatrier les déchets. » explique Charles Egretaud, directeur du cabinet d’études environnementales Pae Tai Pae Uta.
Si la volonté de bien faire est là, les moyens pour y parvenir sont dérisoires. Car les volumes récupérés représentent une infime partie de la production de déchets générés par les activités économiques et le quotidien des habitants. Sans infrastructure technique, les communes pourtant compétentes en matière de collecte et de traitement continuent d’enfouir les déchets ménagers. Un paradoxe dans une réserve de biosphère .
« Quand on voit cela, explique Frédéric, pointant du doigt des déchets enfouis, on est mal. On ne sait pas quoi faire. »
Dans ce trou creusé à quelques mètres de l’océan, bidons d’huile, bouteilles et autre produits toxiques sont enterrés sous le sable. Quel est l’impact de la dégradation de ces bidons et autres emballages dans sols ? quel risque sanitaire encourent les habitant sur le long terme ? Dans ces dépotoirs, beaucoup de déchets ont pourtant une valeur pour les filières de traitement.
« Cela rentre dans des circuits économiques où ces déchets sont indispensables. Certes nous sommes en Polynésie françaises avec 118 îles, sur une surface étendue comme l’Europe, on a des contraintes. Il faut rapatrier ces déchets, et c’est cela qui pose un problème financier. Il y a un coût assez élevé. » explique Charles Egretaud.
Pour nettoyer ces galettes de corail et réduire les volumes de déchets, les communes doivent trouver un budget pour financer le rapatriement. Et donc demander aux administrés de mettre la main à la poche. Difficile pour un maire d’imposer un tarif.
Avec le développement touristique, la tendance à l’accumulation de déchets va s’accélérer. Que se passera-t-il lorsque l’une des plus anciennes réserves de biosphère aura atteint son point critique ?
En 2017, sur les 15 atolls concernés par une opération de nettoyage similaire, 5.7 tonnes de déchets avaient été rapatriées, dont 2 tonnes et demi recyclables.