La condamnation de Pouvanaa a Oopa annulée !

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Publié le 23/10/2018 à 19:18 - Mise à jour le 23/10/2018 à 19:18

C’est une date historique pour la Polynésie. Ce jeudi 25 octobre à Paris, la cour de révision des condamnations pénales a prononcé l’annulation de la condamnation de Pouvanaa a Oopa, 59 ans presque jour pour jour après son procès. Au terme d’un délibéré de six pages, la cour de révision estime qu’il existe « des faits nouveaux et des éléments inconnus de la juridiction lors du procès de nature à créer un doute sur la culpabilité de Pouvanaa a Oopa »  et « annule l’arrêt de la cour criminelle de Polynésie française du 21 octobre 1959 ». A la sortie de l’audience, les arrières petits enfants de Pouvanaa a Oopa, Tehei et Teiha Stephenson avaient du mal à cacher leur émotion.

Pour le député Tavini Moetai Brotherson, « c’est le sentiment d’une justice enfin accomplie, le sentiment que l’Etat corrige son erreur. Aux yeux des Polynésiens, Pouvanaa n’avait jamais été coupable mais victime de la raison d’Etat.  Une erreur judiciaire est enfin réparée. » 

« C’est une très belle nouvelle, nous a confié pour sa part Maina Sage, députée Tapura. Je pense à sa famille et à tout ceux qui l’ont soutenu pendant des années. Toute la Polynésie doit être émue de cette décision. C’est la reconnaissance d’une époque particulière: il fallait que toute la lumière et toute la vérité soient faites. A plusieurs reprises l’assemblée de la Polynésie avait à l’unanimité demandé cette réhabilitation. C’est aujourd’hui un acte à haute charge symbolique. »
 
En octobre 1959, Pouvanaa a Oopa est accusé d’avoir voulu mettre le feu à Papeete. IL est arrêté chez lui. Au terme d’un procès de trois jours qui s’est tenu quelques semaines seulement après, il est condamné à 8 ans de prison et 15 années d’exil. Finalement, le 11 novembre 1968, il est gracié par le Président De Gaulle et peut regagner la Polynésie. Mais il continue de clamer son innocence et demandera toute sa vie la révision de son procès. Une demande réitérée à de nombreuses reprises par sa famille après la mort du parlementaire en 1977.

La cour de révision a rejeté une première fois cette demande en 1995. Mais c’est en juin 2014 que la cour de révision est à nouveau saisie, cette fois par la garde des Sceaux, Christiane Taubira. En 2016, le président François Hollande se rendra personnellement auprès de la famille du metua pour montrer son soutien à cette procédure.
 
Depuis l’audience, qui s’est tenue le 5 juillet dernier, l’optimisme était de mise chez les descendants de Pouvanaa : après 40 minutes de plaidoirie, l’avocate générale avait admis que des éléments nouveaux remettaient en cause le jugement de 1959 et elle réclamait son annulation. La cour de révision a donc suivi ce réquisitoire.

« Cela a été un objectif de toute une vie, expliquait alors Sandro Stephenson, petit-fils de Pouvanaa O Oopa. On a grandi, on a baigné dans cet esprit-là. Depuis que nous sommes nés, on a toujours pensé à la révision du procès de grand-père. « .

Sandro Stephenson sera l’invité de nos journaux télévisés jeudi soir.
 

Bertrand Parent (avec Eric Dupuy et Solenne Boissaye à Paris)

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