C’est une annonce qui a surpris, jeudi après-midi, au cours de la conférence des maires, à la Présidence : Edouard Fritch, a choisi de proposer un membre du gouvernement à la tête du syndicat mixte en charge du Contrat de Ville. Un syndicat orphelin depuis quelques semaines, après la disparition de sa présidente, Tenuhiarii Faua.
« Le sujet, c’est d’y mettre un ministre qui soit concerné par le thème. Monsieur Bouissou est ministre du logement », rappelle Edouard Fritch.« Nous sommes en train de nous occuper de la réhabilitation de certains quartiers et lotissements : je pense que ça ne peut pas être dissocié de la problématique de la cohésion sociale dans ces quartiers. Beaucoup de difficultés apparaissent essentiellement autour des lotissements sociaux ».
Le syndicat mixte en charge du Contrat de ville regroupe toutes les communes situées entre Mahina et Papara, sur le Nord de Tahiti, et Moorea.
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Il coordonne les actions en matière de cohésion sociale, de développement économique et de l’emploi, mais a aussi pour vocation d’améliorer le cadre de vie des habitants des quartiers prioritaires.… Les derniers rapports sur les travaux de l’association mettent en avant la nécessité d’un rééquilibrage. Ce serait la raison de la proposition de la candidature de Jean-Christophe Bouissou, poussée par le chef de la majorité, en lieu et place des élus communaux. Ce qui n’a pas manqué de générer des tensions.
D’autres communes, en désaccord avec ce choix, ont tout de même présenté leurs candidats : Sandy Changuy et Georges Doom, représentants de la politique de la ville à Mahina et Punaauia.
Georges Doom et Jean-Christophe Bouissou ont obtenu cinq voix chacun… c’est à la faveur de son âge que ce dernier a remporté son siège.
» Je ne cours pas après les fonctions politiques », déclare celui qui est aussi ministre du logement. « J’ai accepté une demande du président et du gouvernement. Je crois savoir qu’il n’y avait pas de consensus, chez les maires, pour soutenir un candidat particulier. C’est un sujet que je connais bien parce-que depuis 1998, j’ai été un ministre chargé de la ville à plusieurs reprises. J’ai même co-présidé, avec le Haut-commissaire, le comité de pilotage. Lorsqu’on dit qu’il n’y a jamais eu un ministre qui a présidé le contrat de ville : c’est faux. Il suffit de regarder en arrière pour s’en apercevoir. Et je le fais surtout parce-qu’on est dans une situation où le Contrat de ville doit se mettre sur les rails des réformes qui sont nécessaires dans le cadre des grosses opérations que nous avons annoncées. On ne peut pas se permettre d’avoir un syndicat mixte du contrat de ville sur des béquilles. C’est vrai que ce qu’il s’est passé aujourd’hui a été fait sans qu’il y ait de concertation. Généralement, on se concerte mieux, mais si cela n’a pas été possible, le président a néanmoins souhaité proposer quelqu’un qui mette un certain nombre de représentants d’accord », indique le ministre.
Jean-Christophe Bouissou poursuit : « Il faut de la méthodologie pour mener un plan d’action. J’ai remarqué que la chambre territoriale des comptes regrettait que nous n’ayons pas défini un schéma directeur de la politique de la ville en Polynésie, en particulier dans la zone de l’agglomération de Papeete. C’est une première action forte que je vais lancer pour que nous ayons déjà une direction précise qui soit donnée. Et un plan d’action qui soit également déterminé, pour que l’ensemble des maires, l’Etat, et le Pays s’accordent à travailler dans le même sens ».
Le vainqueur de cette élection le rappelle : « Il y a trois piliers importants : la cohésion sociale dans un premier lieu, et quand je parle de la jeunesse, et de faire en sorte que nous puissions ensemble faire de la prévention contre la délinquance, c’est un point crucial dans notre politique de la ville : les distributions de subventions aux associations, ça ne doit pas être un saupoudrage au niveau des associations, mais ça doit se déterminer sur des cibles identifiées dans le plan d’action du contrat de ville. C’est pareil en matière d’emploi et de développement économique. L’employabilité, c’est important, mais qu’est-ce-que ça veut dire ? Ca veut dire que quelqu’un qui n’est plus apte à trouver un emploi, doit se reformer. La formation est un aspect important : ce sont des budgets conséquents qui nous sont ouverts aujourd’hui. Et sur le cadre de vie : c’est la requalification urbaine. C’est de changer sa vie à l’intérieur des quartiers, au travers d’associations ».
« Il est peut-être normal, à un moment donné, que l’on remette le « la« »
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« C’est important dans un orchestre : on donne le « la » et tout le monde suit. Je ne suis pas là pour rester le plus longtemps possible », répète Jean-Christophe Bouissou.
Il y a d’excellents projets, au travers des associations et des communes, sauf que nous allons regarder de près, au travers du comité technique, et du comité de pilotage, que les projets en question concourent bien aux cibles que nous avons déterminé dans le plan d’action, puisque nous nous sommes réunis au mois de janvier 2020, pour encadrer un nouveau projet de contrat de ville. Ce sera arrêté très bientôt. L’ensemble des actions qui seront proposées doivent concourir à ces objectifs là.«
« Aujourd’hui, il va falloir qu’on cible davantage ce que l’on peut estimer être des priorités.«
« C’est un travail de proximité que nous devons mener, mais également un travail d’information », rappelle le nouveau président du Contrat de ville. » Il y a quelques années, avait été créée une association de lutte contre l’ice. J’ai vu il n’y a pas longtemps une autre initiative qui a été prise : il faut absolument renforcer ces initiatives. C’est un gros travail de relais, de rencontre, avec les parents, de travail avec les structures qui sont à notre disposition… nous devons mener ensemble un plan d’action, créer ensemble cette synergie entre nous.
Comment faire en sorte qu’un jeune arrête de prendre l’ice, demain ? Il faut d’abord le détecter, puis il faut avoir un cheminement pour sortir ces jeunes de ces situations. Il faut comprendre, dialoguer… il ne peut pas y avoir uniquement des réponses judiciaires. Donc, il faut vite les détecter. Il faut aussi s’appuyer sur les parents. Et si vous regardez le travail qui a été réalisé cette année avec le Contrat de ville, vous allez voir qu’il y a tout un plan d’action qui existe et que nous pouvons mettre en œuvre : ça va être mon rôle.
« Il y a une affirmation du gouvernement de reprendre les choses en main. Nous finançons le contrat de ville, l’Etat aussi, nous avons des plans de financement importants dans les plans de rénovation urbaine, les programmes qui sont lancés dans les quartiers : le temps est venu que le pays regarde de près, et reconditionne la philosophie du contrat de ville. Si je suis président du contrat de ville aujourd’hui, c’est parce-que nous avons intérêt à redresser la course du comité syndical, à appliquer les recommandations qui ont été souhaitées par la chambre territoriale des comptes, et deuxièmement, à mettre en place une politique avec un plan d’action qui soit à la mesure des ambitions que nous avons aujourd’hui. On ne va pas continuer à s’interroger sur les maux de notre société. C’est mon rôle de le faire, je vais m’en charger pendant deux ans, et puis je passerai la main ».