Intempéries : le traumatisme des sinistrés

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Publié le 26/01/2017 à 11:17 - Mise à jour le 26/01/2017 à 11:17

Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, des centaines de familles se sont réveillées avec la peur au ventre. Impuissantes, elles ont vu des rivières en crue tout emporter sur leur passage. La violence avec laquelle maisons et ponts ont été détruits et la crainte de ne pas s’en sortir vivants sont gravées dans les esprits. « On a dû évacuer à la dernière minute sinon ma famille et moi on y serait passés dans la rivière », raconte Hinarai Tepapa. 

Avec la perte de leur habitation, les victimes ont également perdu leurs repères, la sécurité d’un toit. « Si on a perdu notre maison, on a tellement investi dedans, qu’il faut accepter qu’on ne va pas retrouver ses affaires, la vie qu’on avait avant. C’est très insécurisant », explique Nadia Law, psychologue. 

Pour trouver du réconfort, de nombreux Polynésiens, très croyants, se tournent vers leur paroisse plutôt que vers des cellules psychologiques. « Ils ont besoin de parler, qu’on les écoute, ils ont besoin de conseils. Ça rejoint ce que propose le Pape. Le Pape nous dit que toute paroisse devrait être comme un hôpital de campagne où on accueille les gens qui sont meurtris par la vie, on essaie de les réparer », estime Monseigneur Coppenrath. 

Mais nombreux sont ceux qui n’expriment pas leurs angoisses, par pudeur. Certains ont la capacité de résilience pour accepter qu’il faut tout recommencer. Mais pour d’autres, il faudra affronter le contrecoup de la catastrophe. Il apparaît souvent quelques jours après l’événement, comme l’explique Nadia Law : « Cette peur s’installe, s’infiltre tout doucement, insidieusement. C’est des fois sur le moment, mais quelquefois plusieurs semaines après, qu’il y a des flashs, des réminiscences. » 

Ces symptômes post-traumatiques peuvent être de l’anxiété, des craintes ou encore des cauchemars. Un processus normal qu’il faut apprendre à canaliser dans le temps. « Cette nuit je n’ai pas bien dormi. J’ai les images qui me reviennent à chaque instant », raconte Hinarai. 
 
Et comment expliquer aux enfants cette réalité ? Quand ils ont vu de leurs propres yeux la boue envahir leur maison ? Christiane Toomaru, mère de famille, a tenté de réconforter ses enfants en expliquant que papa et maman vont bien. « Il faut être tout le temps près d’eux. Ils ne me lâchent pas. Ils restent près de moi pour que je puisse les réconforter ». 
 
Pour les plus jeunes, il est important qu’ils expriment à leur manière ce qu’ils ont vécu… « Ce qui est important, ce n’est pas à tout pris de le rassurer, c’est de lui demander, lui comment il l’a vécu. Il y a des enfants qui n’en ont pas forcément conscience », explique la psychologue Nadia Law. 
 
Pour aider les sinistrés, il faut reconnaître leur douleur. Ceux qui travaillent encore à évacuer la boue dans leur maison savent déjà que rien ne sera comme avant. Ce qui permet de surmonter cette épreuve, c’est aussi le formidable élan de solidarité .
 

 (Reportage Thomas Chabrol)

 
 

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