172 000 visiteurs par an pour seulement 10 000 habitants. C’était le tour de magie des Îles Cook : un tourisme florissant, les trois quarts des ressources économiques du Pays. Mais ça… c’était avant. La réaction à la pandémie a été efficace, avec un seul décès, mais radicale : Rarotonga n’a accueilli personne en deux ans. Les touristes kiwis reviennent doucement, depuis quelques mois. « On essaie de revenir passer un moment ici chaque année, et qui ne voudrait pas venir ? C’est tellement joli ! » confie Alice Wabster-McNamee, touriste néo-zélandaise.
Plus des trois quarts des touristes sont néo-zélandais. Mais les vols en provenance d’Auckland sont bien moins nombreux, et les liaisons avec Sydney, Los Angeles et Tahiti n’ont pas encore repris. Le nouveau vol bi-hebdomadaire entre Tahiti et Rarotonga est donc très attendu. Pour séduire les Tahitiens, et bien au-delà. « Avec cette nouvelle connexion entre Tahiti et Rarontonga, pouvoir capturer certains clients durant la période creuse, entre novembre et mars chaque année. Ce sont des clients qui fuient l’hiver en Amérique du Nord et en Europe et qui veulent profiter du soleil. Donc on espère pouvoir avoir quelques clients de catégorie luxe vu que nos propriétés ont 4 étoiles et demi et 5 étoiles. Et ce sont des clients qui potentiellement iraient à Tahiti, Moorea, Bora Bora, et ensuite viendraient quelques jours dans les îles Cook pour pouvoir visiter une autre île dans le Pacifique » indique Himiwa McBride, cheffe de projet du groupe hôtelier Pacific Resort.
Les Îles Cook ont quelques 5 étoiles, mais leur offre est globalement moins luxueuse que celle de Tahiti ou Bora Bora. Les Cook tentent de monter en qualité de service et importent de la main d’œuvre qualifiée des Philippines ou de Fidji, pour compenser les nombreux départs des jeunes de l’île. La force de la destination, c’est la simplicité d’un Paradis à prix accessible. « On peut proposer un produit similaire, une expérience assez proche de celle de Tahiti… mais pour un prix réduit de moitié ! Donc ça, c’est une de nos forces. Et puis, pour tous les visiteurs qui viennent de pays anglophones, comme les Etats-Unis et le Canada, je pense que c’est un avantage, puisqu’ils n’ont pas la barrière de la langue » précise Rohan Ellis, représentant des petites structures hôtelières des Îles Cook.
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Avantage insuffisant : faute de vols, il n’y a eu que 40 000 touristes cette année. Et le gouvernement estime qu’il faudra deux ans pour retrouver les chiffres d’avant la pandémie. Il explore donc d’autres voies de développement. « Nous avons toujours pris part à l’industrie régionale de la pêche et ça continue à être une ressource pour notre pays. Mais avec les avancées des explorations de nos ressources minières, au fond des océans, on est en train d’évoluer vers une nouvelle industrie pour répondre à nos besoins et rendre nos économie plus résiliente » explique Mark Brown, premier ministre des Îles Cook.
Les Îles Cook veulent à la fois exploiter leurs ressources minières et proposer un tourisme plus éco-responsable. Des objectifs qui peuvent paraître opposés, mais le pays n’a pas vraiment le choix : il a épuisé ses réserves financières pendant l’épidémie et ne veut plus voir partir ses jeunes en Nouvelle-Zélande, pour des salaires trois fois plus élevés.