Huit patients de réanimation évasanés vers Paris

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Huit Polynésiens affectés par des formes graves de Covid-19 sont partis dans la nuit de vendredi à samedi. Une opération complexe, jamais réalisée sur une telle distance.

Publié le 18/09/2021 à 0:20 - Mise à jour le 18/09/2021 à 0:20

Huit Polynésiens affectés par des formes graves de Covid-19 sont partis dans la nuit de vendredi à samedi. Une opération complexe, jamais réalisée sur une telle distance.

Huit patients. Trente-cinq soignants. Vingt heures d’avion. Soixante mille litres d’oxygène. Ce sont les chiffres vertigineux de la plus lourde évacuation sanitaire jamais réalisée depuis la Polynésie.

« Sur une telle distance et avec autant de patients, c’est une première mondiale », a déclaré le docteur François Braun, président du SAMU Urgences de France et coordonnateur de cette opération.

La cheffe d’escale de French Bee devant l’une des civières placées à bord Photo : Mike Leyral

Deux tonnes de matériel médical voyageront avec les patients, tous maintenus en coma artificiel. « C’est un avion qui est totalement transformé pour en faire un service de réanimation et apporter un niveau de soins comparable à ce qu’on trouverait au sol » a expliqué le Dr Arnaud Derossi, directeur médical régional en Europe de la société International SOS, qui organise cette évacuation sanitaire.

Dernière inspection du matériel avant l’accueil des patients – Photo : Mike Leyral

Il faudra 12 heures à l’A350 d’Air Caraïbes pour rejoindre Pointe-à-Pitre, puis 8 heures pour arriver à Paris. L’escale en Guadeloupe est nécessaire pour remplacer les 18 cylindres contenant près de 60 000 litres d’oxygène, « des bouteilles aéronautiques à double cuves, avec des soupapes de sécurité en cas de surpression pour se vider et prévues pour se fissurer plutôt que d’exploser, agréées pour être transportées en avion » a précisé Caroline Cuellar, l’une des infirmières d’International SOS présentes à bord.

L’arrivée des premières ambulances à l’aéroport – Photo : Mike Leyral

Avec 593 décès pour 280 000 habitants, dont les trois quarts au cours des six dernières semaines, la Polynésie est l’un des territoires français les plus durement touchés par l’épidémie. Les hospitalisations ont reculé ces derniers jours, mais la réanimation reste « sous forte tension » selon le centre hospitalier.

« Ce que nous faisons là est essentiel pour la survie des autres » a déclaré le président Edouard Fritch au départ de l’avion. A ses côtés, le haut-commissaire Dominique Sorain a confirmé que ce vol était « un moyen d’alléger la pression sur l’hôpital ».

Depuis l’ambulance, les patients sont placés sur cette plate-forme couverte – Photo : Mike Leyral

Selon le Dr Braun, ces patients ne seront pas mieux soignés en métropole qu’en Polynésie, qui dispose d’un excellent centre hospitalier. « L’argument est collectif, il n’est pas individuel » a-t-il expliqué. « Ca va donner la possibilité de prendre en charge les patients qui sont en attente de réanimation, mais aussi la possibilité de redémarrer une activité normale plus vite, puisqu’on a des patients cancéreux, des patients qui attendent des opérations qu’on ne peut pas faire actuellement, qui pourront être faites parce qu’on arrive à décharger un peu l’hôpital » a-t-il justifié.

Le patient et l’équipe médicale sont hissés à hauteur de l’avion – Photo : Mike Leyral

Un par un, toute la soirée, les patients ont été amenés par ambulance, hissés sur une plateforme couverte à hauteur de l’avion, puis transportés à bras d’hommes sur les civières pré-installées dans l’A350. Au bas de l’avion, Patricia Atiu, employée de sécurité de l’aéroport, a les larmes aux yeux en voyant passer les brancards. Sa tante est l’une des huit patientes évacuée vers Paris. « Ca fait mal de la voir partir, mais c’est avec les meilleurs médecins, je sais qu’elle sera bien soignée » se rassure-t-elle.

Près de 130 patients ont été évacués par gros porteurs des territoires ultra-marins vers la métropole ces dernières semaines, selon International SOS : 12 vols depuis les Antilles, et un depuis la Réunion. Ces îles sont cependant bien plus proches de la métropole que la Polynésie française.

A dos d’hommes, le patient est amené dans l’avion d’Air Caraïbes – Photo : Mike Leyral

Ce vol est financé par le ministère de la Santé, à hauteur de 83 millions Fcfp pour le transport aérien. Le coût médical n’a pas encore été évalué. Le haut-commissaire n’a pas exclu la possibilité de réaliser d’autres évacuations vers Paris.

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