Héritages fictifs et promesses d’argent facile : les arnaques déferlent sur le Fenua

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Les personnes âgées et les familles en difficultés financières sont leurs cibles privilégiées... Les cyber-arnaqueurs sévissent de plus en plus au fenua et leur mode opératoire se perfectionne. Il est difficile de connaître l’ampleur de cette menace sur le territoire et même d’y faire face.

Publié le 15/11/2024 à 14:46 - Mise à jour le 16/11/2024 à 10:03

Les personnes âgées et les familles en difficultés financières sont leurs cibles privilégiées... Les cyber-arnaqueurs sévissent de plus en plus au fenua et leur mode opératoire se perfectionne. Il est difficile de connaître l’ampleur de cette menace sur le territoire et même d’y faire face.

Le schéma est presque systématiquement le même : une promesse d’héritage ou d’argent facile en échange d’un virement de quelques milliers de Fcfp pour soi-disant débloquer certains leviers juridiques. Les arnaques sont minutieusement orchestrées. Certains de nos élus locaux voient les victimes défiler dans leurs bureaux. Ils sont unis, mais démunis face à ce fléau qui se repend au Fenua.

“Au niveau légal qu’est-ce qu’on pourrait faire ? Ça s’est compliqué. Il faut le dire, les arnaqueurs sont doués, estime l’élue Tapura Tepuaraurii Teriitai. Ce serait difficile de faire un cadre unique, pour interdire quoi ? Interdire les virements, interdire les échanges WhatsApp ? On est dans une liberté de communication. En fait ce qu’on peut faire c’est informer les gens comme on le fait à travers les antennes télévisées en leur disant : “attention, méfiez-vous, allez voir votre banquier ou quelqu’un de sérieux ou venez vous voir à l’assemblée pour nous demander un éclairage, mais ne vous lancez pas là-dedans, ne virez aucune somme d’argent à qui que ce soit tant que vous n’avez pas la certitude qu’il ne s’agit pas d’une arnaque.”

L’une des avancées envisagées est l’adoption d’une loi qui rendra obligatoire l’identification des acheteurs de cartes téléphoniques prépayées, un outil largement utilisé par les arnaqueurs. Au-delà des appels et messages que vous pouvez recevoir, ne vous laissez pas berner par des offres de prêt non remboursable, ou offres de cryptomonnaie qui circulent sur les réseaux sociaux. Ces posts émanent souvent de faux comptes. Certains usurpent même l’identité de personnalités politiques.

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L’élu Tavini Tematai Le Gayic en a fait les frais. “Depuis quelques mois, on reçoit quasiment tous les deux jours soit des personnes qui viennent nous voir à l’assemblée, soit des messages sur mon compte officiel Facebook, soit des appels de Polynésiens qui me demandent “alors c’est quoi cette offre que tu nous propose ?” Ces arnaques, il faut qu’on les combatte ensemble. Il y a des arnaques beaucoup plus subtiles et dangereuses puisque j’ai reçu certaines personnes qui reçoivent des coups de fils directement depuis un 87, sur un numéro local avec des indications extrêmement précises qu’on leur envoie par exemple sur WhatsApp. Ils doivent par exemple se rendre à un bureau de poste, ils vont recevoir un colis soit une carte bancaire soit un héritage.”

Difficile de connaître l’ampleur exacte de ces arnaques en Polynésie, car très peu de victimes portent plaintes. La seule certitude est que des vides juridiques empêchent les forces de l’ordre d’agir efficacement alors que les atteintes numériques sont en augmentation.

Selon le Major Timiona Hapaitahaa  investigateur en cybercriminalité à la DTPN, “ces victimes ont quelque part honte de venir se présenter à nous, de venir déposer plainte parce qu’en réalité quand elles tombent sur ce type d’arnaque, elles tombent sous l’emprise d’arnaqueurs qui vont les dépouiller de quasiment tout ce qu’ils ont sur le compte bancaire. Dès qu’on se rend compte qu’on a été victime, la première démarche, c’est de faire des captures d’écrans des échanges qu’on a pu avoir avec l’arnaqueur et de se présenter à la DTPN ou des collèges gendarmes pour déposer plainte munie de toutes les preuves qu’on aura pu recueillir. »

Pour faciliter les démarches et lever cette honte d’aller porter plainte en personne, Theséé, la plateforme nationale en ligne dédiée aux signalements d’arnaques sur internet, sera opérationnelle au fenua début 2025. Vous pourrez vous identifier en ligne grâce à votre identifiant Tatou.

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