Happy Tiki : trois Polynésiens exportent la culture du fenua au travers du jeu video

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Ils sont connus à l’international mais très peu à Tahiti. Trois Polynésiens se sont donnés pour mission d’exporter la culture du fenua au travers du jeu vidéo. Une multinationale, Epic Games, les a même repérés et les soutient. Rencontre :

Publié le 06/05/2023 à 19:00 - Mise à jour le 10/05/2023 à 10:30

Ils sont connus à l’international mais très peu à Tahiti. Trois Polynésiens se sont donnés pour mission d’exporter la culture du fenua au travers du jeu vidéo. Une multinationale, Epic Games, les a même repérés et les soutient. Rencontre :

Manoa Salmon est sound designer, Moerani Flohr est artiste 2D et Evans Bohl est développeur. Passionnés, ceux qui se font appeler les « Happy Tiki » se sont lancés il y a seulement 5 ans dans la création de jeux vidéo. « On s’est dit qu’on allait partager sur internet ce qu’on fait, qu’on montrerait aux gens ce qu’on est capables de faire, raconte Evans. On a créé un petit jeu qui s’appelait South Pacific legends, Les légendes du Pacifique Sud, et dans ce jeu-là on jouait un pêcheur qui se perdait sur une île maudite et il y avait des dieux à combattre ».

C’est grâce à ce premier projet que les trois amis ont attiré l’attention de la multinationale Epic Games qui développe notamment le jeu Fortnite et le logiciel Unreal Engine. « On a été contactés par un des vice-présidents de la société. C’est un Français. Il nous a dit « j’aime beaucoup ce que vous faites, on a envie de vous aider ». (…) Et depuis 2020 toutes nos charges sont payées par cette société. Ça nous permet de travailler de manière à l’aise sur ce qu’on veut. »

Pour Evans, c’est indéniablement la « touche polynésienne » qui a séduit le géant du jeu vidéo : « C’est la touche polynésienne dans tous les sens du terme, dans les sons, les musiques, les graphismes, les histoires et notre personnalité qui a fait la différence tout simplement. »

Soutenus, les trois amis ont décidé de se lancer dans la formation. La première a vu le jour en décembre 2022. « Ça a fait un carton. On ne s’attendait pas à ce que ça fonctionne autant ». Les Happy Tiki ont réalisé plus d’une centaine de vente à ce jour. « On apprend aux gens à créer un jeu de A à Z et notamment le jeu video Road to Temehani qui est inspiré de légendes polynésiennes encore une fois. On joue une fille qui s’appelle Mere et qui cherche à atteindre le Temehani qui est le paradis finalement, pour retrouver un être cher disparu depuis un moment. On a enregistré près de 100 heures de vidéo. »

« les Polynésiens ont beaucoup de créativité à revendre. On apporte quelque chose que les autres gens n’ont pas »

Evans Bohl, développeur Happy Tiki

Depuis leur petit bureau dans un immeuble de Mamao à Papeete, ils diffusent la culture polynésienne au travers de leurs créations. Leur rêve : « ce serait d’entendre les enfants dans la cours, au lieu de dire « qui est le plus fort ? Naruto ou San Go Ku ? » dire, « Taaroa ou Uenuku (dieu maori de l’arc-en-ciel, NDLR) »

Les Happy Tiki sont aujourd’hui surtout connus à international et visent désormais un public anglophone. « On a lancé une chaine (YouTube, NDLR) anglophone et ça commence à exploser (…) Le monde entier parle anglais et ça se voit sur le nombre de vues qu’on a atteint. J’ai rencontré le vice président d’Epic Games et il nous encourage. »

Pour Evans, également professeur à l’école polynésienne des métiers du numérique Poly 3D, les jeunes du fenua débordent de talent et de créativité et ont tout à gagner à se former. « Les étudiants qui entrent à Poly 3D, les Polynésiens ont beaucoup de créativité à revendre. On apporte quelque chose que les autres gens n’ont pas. Souvent on a notre culture locale, notre bonne humeur qui font qu’on a pas mal de légendes à raconter sur un ton innovant. »

Les métiers du jeu vidéo, des métiers d’avenir ? Des Polynésiens ont en tout cas déjà fait leurs preuves à l’étranger.

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