Grève des praticiens hospitaliers : les négociations échouent

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Publié le 07/11/2017 à 20:53 - Mise à jour le 07/11/2017 à 20:53

Une trentaine de praticiens hospitaliers ont déployé leurs banderoles au ministère de la Santé ce mercredi après midi. Ils ont été reçus par les ministres de la Fonction publique et de la Santé. Si Jacques Raynal avait déjà passé plusieurs heures à la table des négociations mardi, ce n’était pas le cas de Tea Frogier, malgré les demandes répétées des grévistes. 
« Je suis là à la demande de mon collègue ministre de la Santé », explique la ministre de la Fonction publique, Tea Frogier. « En matière de négociations, vous avez, dans le cadre d’un préavis de grève, des discussions entre des salariés et la direction d’un établissement. C’est comme cela que ça se passe dans tous les conflits. Ensuite, s’il y a une difficulté avec la direction de l’établissement : on passe au ministre de tutelle. En l’occurrence, le ministre de la Santé. Mais là, ils veulent me voir moi! Non mais! Si tout le monde s’amuse à ne pas respecter les règles d’une discussion: comment fait-on?! Quand on veut me voir, que l’on n’utilise pas des voies détournées! Il y avait un préavis déposé vis à vis d’un établissement. Donc je ne vais pas donner droit à des demandes qui ne rentrent pas dans le cadre réglementaire! Le ministre de la Santé m’a signalé qu’il souhaitait que je sois présente, je suis venue. Mais je souhaitais que la procédure normale soit déjà enclenchée : des discussions avec la direction générale de l’établissement et son ministre de tutelle! » 

La veille, plusieurs membres du gouvernement avaient commencé à élaborer un protocole d’accord. Mais ce mercredi, au terme de 4 heures de discussions entre médecins et autorités, dans une atmosphère électrique : pas l’ombre d’un consensus… 

« Nous sommes démotivés! », regrette Hélène Gatti, pédiatre au CHPF, et présente lors des négociations. 
« Nous avons eu le sentiment d’emblée, dès le début de la réunion, que les gens n’étaient pas ouverts à la discussion. On sentait un mur face à nous. Néanmoins, on a été jusqu’au bout de la discussion, nous avons passé en revue tous les points, mais j’ai le sentiment, comme pour les expériences de grèves passées, qu’on va aboutir à un énième protocole d’accord, et qu’on va encore une fois s’asseoir dessus! La réponse récurrente était de dire : voici le cadre… et si ça ne nous plaît pas, on sent qu’il faut que l’on aille voir ailleurs. Je le vis plutôt mal. Je me sens d’ici, j’ai un projet de vie ici. Mais depuis quelques temps, et en particulier après cette discussion ce soir, je me dis qu’il vaut mieux aller voir ailleurs, où on pourra trouver de meilleures conditions de travail. J’ai besoin de sentir qu’il y a un cadre légal d’exercice de mon métier qui avance, qui se modernise, comme on le voit dans les autres pays. Et là ce n’est pas le cas. On sent même ce soir que certains acquis que l’on peut avoir ne le sont pas forcément. Je pense aux formations… la médecine avance tous les jours. Il faut qu’on se tienne à jour de nos connaissances. Ce soir, on sentait que pour des raisons budgétaires, c’était peut-être quelque chose qu’il faudrait sacrifier… » 

Marc Levy, président du syndicat des praticiens hospitaliers et porte-parole des médecins, acquiesce : « Les réponses ne sont globalement pas satisfaisantes (…) Il y a des sujets professionnels sur lesquels nous sommes en phase avec le ministre de la Santé, mais dès qu’on se rapproche du contexte de la Polynésie française et de la lourdeur administrative, on constate un décalage énorme entre les pratiques médicales, l’amélioration des performances du personnel, la qualité des soins que nous avons améliorée avec le personnel depuis plusieurs années… et une administration qui reste complètement figée, voire rétrograde par rapport à l’évolution médicale!!! »

Jacques Raynal, lui, qualifie cette rencontre de « très conviviale ». « Quelques heures à parler de différents problèmes qu’ils soient statutaires, budgétaires… sur le statut de l’hôpital et des établissements de la santé publique, le statut des praticiens hospitaliers, sur tous les points qui posaient problème. Ils doivent se réunir demain matin et nous dire quelle sera la suite. Je souhaite un accord. »

Un optimisme qu’était loin de partager Marc Levy ce mercredi soir… « Nous espérions avoir la signature du président de la Polynésie française au bas de ce protocole d’accord. Ce qui en changerait beaucoup la valeur. On a eu une fin de non recevoir ». 
 

Laure Philiber 

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