Grève à Carrefour : les négociations au point mort

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6ème jour de grève pour les 4 Carrefour de Tahiti. Les discussions entre l’intersyndicale et les directeurs des magasins sont encore au point mort. Et pourtant, une avancée avait été obtenue jeudi à l’inspection du travail. Mais le dernier point d’achoppement reste aujourd’hui le paiement des jours de grève. Des négociations étaient en cours ce matin.

Publié le 28/12/2020 à 17:41 - Mise à jour le 28/12/2020 à 17:41

6ème jour de grève pour les 4 Carrefour de Tahiti. Les discussions entre l’intersyndicale et les directeurs des magasins sont encore au point mort. Et pourtant, une avancée avait été obtenue jeudi à l’inspection du travail. Mais le dernier point d’achoppement reste aujourd’hui le paiement des jours de grève. Des négociations étaient en cours ce matin.

Après trois heures négociations ce matin à Punaauia, les représentants syndicaux sont sortis sans avoir trouvé d’accord avec la direction. Et pourtant, des avancées avaient réalisées depuis jeudi dernier. Lors de la rencontre à la direction du travail, 2 points de revendication ont été écartés : celui concernant la direction des ressources humaine et celui du harcèlement. 

Une levée de grève semblait même voir le jour avec la mise en place d’un protocole de fin de conflit. Mais ce matin d’autres points ont été mis sur la table des négociations. « Jeudi, le point de blocage c’était le paiement des jours de grève. Nous sommes revenus avec une proposition, que les directeurs ont fait pour Carrefour Punaauia et Arue, où on proposait l’étalement de la retenue des jours de grève entre janvier, février, voire mars. Car le droit de grève ne prévoit pas le paiement des jours de grève. Ne pas payer les jours de grève c’est respecter le droit de grève. Donc maintenant, on s’étale, et d’autres sujets montent sur la table. Je demande à ce qu’on reste dans le cadre du préavis et de la grève, et qu’on ne s’étale pas sur d’autres sujets. » explique Nancy Wane, directrice du groupe Wane.

On ne peut pas engager le dialogue social sous la pression et sous la menace.

Nancy Wane

« Dans le cadre de la grève, ce qui est proposé aujourd’hui, c’est un protocole de fin de conflit, avec un engagement des directions de se revoir courant janvier pour discuter des 14 autres points du préavis du grève. On clôt ce conflit, et si nous n’arrivons pas à un accord pendant les discussions de janvier dans des conditions plus sereines, à eux ou pas de voir s’ils décident à nouveau de faire grève. (…) Nous avons proposé des plages de dates après les inventaires pour pouvoir justement discuter. Et là, on discute, comme ce qu’ils veulent faire aujourd’hui. Cela ne garantit rien, mais en tous les cas on s’assoit autour d’une table avec eux pour discuter et avancer. Nous sommes pour l’avancement, mais pas sous la pression. (…) La grève doit finir avec des conditions raisonnables » ajoute la directrice. « Ce qu’il faut retenir quand même, c’est quand pendant toute l’année 2020, on n’a pas entendu parler des grévistes, depuis le début de la crise sanitaire, et la veille de Noël, ils se manifestent avec un préavis de grève. On ne peut pas engager le dialogue social sous la pression et sous la menace. C’est pas comme cela qu’on construit le dialogue social selon moi. (…) Il va falloir qu’ils fassent leur choix. Ce qu’on a proposé c’est équitable et juste vis-à-vis et des travailleurs qui ont décidé de garder leur poste, et des grévistes qui ont fait le choix de partir en grève ».

« Malheureusement, nous n’avons eu devant nous que les directeurs de Punaauia et de Arue, donc ils n’ont pas tout à fait les mains libres pour pouvoir négocier. (…) On progresse beaucoup, mais pas suffisamment sur certains points, sur des points essentiels comme les dimanche, cela ne correspond pas à la convention du commerce, et ils ont porté plainte contre nous par manque de distanciation. On leur a demandé d’enlever cette plainte pour avoir des relations plus amicales, mais ils ne voulaient pas (…) On souhaitait discuter durant la première semaine de janvier sur la manière dont les relations sociales puissent être reprises, mais ils nous ont proposé la fin du moins de janvier. Et là, c’est un point bloquant. Il faudrait qu’on discute directement avec Nancy Wane et la DRH. (…) Concernant le paiement des jours de grève, je rappelle que c’est à leur demande pour lever la grève que nous avons fait une contre-proposition pour être sûrs que nous allons nous en sortir assez bien. Mais leur proposition d’étaler les jours des grève sur plusieurs mois, sur le principe, on pourrait l’accepter si le code du travail était totalement respecté. (…) On est toujours optimistes. Quand on prend la décision de faire grève, c’est très difficile, surtout pour nos collègues qui ne seront pas payés, et ça dépend d’eux, de leur courage. Après, il faut avoir l’esprit de négociation » indique de son côté Patrick Galenon, porte-parole de l’intersyndicale. Il nous ont proposé de les appeler. On va voir après avoir vu avec nos collègues ce qu’ils en pensent, et si on les recontacte ou si c’est eux qui nous recontactent ».

Après Punaauia, les représentants de l’intersyndicale se sont rendus dans les autres grandes surfaces de l’enseigne pour rencontrer les directeurs et les grévistes. « On a décidé de maintenir le sitting. On leur a remonté ce qui a été dit, et on leur a dit que de toute façon, la décision venait d’eux, de maintenir le piquet de grève jusqu’à obtenir gain de cause. (…) On se cotise, on fait une petite quête pour pouvoir acheter nos casse-croutes. On essaie de tenir bon, le moral n’est pas au beau fixe, ce n’est pas facile. On a des caissières qui ont des petits contrats, c’est un peu compliqué pour elles, mais elles sont courageuses et elles sont là. (…) On n’est pas écouté alors que tout ce qu’on demande est justifié » confie Bertille Johnston, déléguée syndicale Otahi.

Une plainte a aussi été déposée contre les grévistes pour non-respect des mesures sanitaires. Le tribunal devrait rendre sa décision ce mardi 29 décembre dans l’après-midi.

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