Frédéric Dock : « Aujourd’hui, le temps, nous n’en avons pas »

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Frédéric Dock, le président du MEDEF, le Mouvement des Entreprises de France, était l'invité de notre journal :

Publié le 18/08/2021 à 11:30 - Mise à jour le 08/09/2021 à 9:15

Frédéric Dock, le président du MEDEF, le Mouvement des Entreprises de France, était l'invité de notre journal :

Tahiti Nui Télévision : Un projet de loi de Pays sur l’obligation vaccinale de certaines professions va être présenté à l’Assemblée ce vendredi. Quelle est votre position au MEDEF sur ce projet de loi ?
Frédéric Dock, le président du MEDEF, le Mouvement des Entreprises de France : « D’abord, il faut signaler, et on a parfaitement compris, et c’est important de le rappeler, que notre système de santé et des réanimations en particulier, est à la limite de la rupture. On est dans une situation qui est quasiment comparable à ce que la métropole a vécu l’année dernière, aux mois de mars et avril. Donc la situation est grave. Je pense que c’est important que tout le monde le sache. Ça a bien été redit toute la semaine, mais elle est vraiment extrêmement grave. Je pense que déjà, il faut le savoir. Et être là pour soutenir nos soignants, toute l’organisation qu’il y a derrière ça, et on sait que c’est compliqué dans un pays qui est aussi étendu que le nôtre. Donc ça, c’est le premier point. On sait de quoi on parle. Le bilan est partagé. Ensuite, sur le vaccin. On salue le président du Pays qui a fait une déclaration solennelle extrêmement importante. »

Beaucoup sont en encore réticents à la vaccination. Est-ce qu’il y a des solutions, à défaut d’obliger les salariés ou la population à se faire vacciner ? Comment peut-on les inciter ?
« Le message est extrêmement clair. C’est le message qui a été donné par le président et le haut-commissaire : il faut faire appel à la responsabilité et au bon sens. L’obligation ? Pourquoi pas. C’est aux politiques de le décider, ce n’est pas à nous. Mais si elle était décidée, elle prendra du temps. Aujourd’hui, le temps, nous n’en avons pas. Ce qu’il faut, c’est convaincre, responsabiliser les gens et leur expliquer pourquoi il faut se vacciner. »

Pas de confinement général… pourtant, l’accélération de l’épidémie inquiète de nombreux syndicats. Quelle est la position du MEDEF ?
« Nous, on n’est pas des experts en système d’organisation de la santé. Si, aujourd’hui, le haut-commissaire et le président du Pays ont pris ces mesures, c’est qu’ils savent ce qu’ils font. Ils savent que s’ils en avaient pris d’autres, ça n’aurait pas forcément d’effet sur la situation qu’on vient de décrire. Donc il faut leur faire confiance. Aujourd’hui, on a un an et demi d’expérience sur l’efficacité des mesures, confinement pas confinement. S’ils pensaient que ça pouvait réduire immédiatement la tension sur les réa, ils l’auraient fait, le confinement général. Ils ne l’ont pas fait pour l’instant, donc on leur fait confiance. Il faut aussi dire que si les entreprises étaient persuadées qu’en fermant tout pendant 15 jours, on règlerait le problème, je peux vous dire qu’on serait les premiers à le demander. Mais malheureusement, personne n’a la réponse. »

Avez-vous obtenu des garanties de soutien de l’État et du Pays ?
« Bien sûr. On en a déjà discuté avec le président Macron à son passage, c’est-à-dire sur la non dégressivité des dispositifs. C’est quelque chose qui est déjà acté. Il va falloir qu’on organise avec l’État sur les modalités. Et on est allé plus loin puisqu’on a demandé à organiser des réunions avec le Pays, donc tous les ministres concernés, le travail, l’économie, la santé, et l’État pour pouvoir s’assurer que les dispositifs ne vont pas ralentir, mais vont être présents sur l’ensemble des secteurs qui sont aujourd’hui touchés. »

Les acteurs économiques du fenua vont-ils résister à cet énième coup dur ?
« Le sujet, n’est pas les quelques jours qui viennent, le sujet, c’est vraiment notre population, c’est nos soignants, c’est notre système de santé. L’inquiétude, elle est dans les mois, dans le moyen et le long terme. Aujourd’hui, ce qui nous inquiète, c’est si demain on refait sans cesse des espèces de stop and go comme on le fait depuis un an et demi, ça, ça sera fatal pour l’économie polynésienne qui est extrêmement dépendante de l’extérieur. Ce qu’il faut, c’est s’organiser aujourd’hui pour qu’on puisse dans le temps, vivre forcément avec une partie de ce virus. C’est ce qui a commencé à être fait dans le secteur hôtelier, il faut continuer à le travailler et à le sécuriser. »

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