Financements étrangers : Flosse promet 500 milliards, Brotherson s’interroge

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Publié le 22/01/2018 à 14:04 - Mise à jour le 22/01/2018 à 14:04

500 milliards de Fcfp : c’est ce qu’aurait promis un milliardaire des Emirats Arabes Unis,  Suhail Al Dhaheri, à Gaston Flosse en décembre dernier. Cette somme devrait permettre de financer plusieurs projets : Mahana Beach, université de la mer et divers travaux d’aménagement. Elle sera versée seulement si le chef de file du Tahoera’a Huira’atira remporte les élections territoriales.

Cette annonce suscite de nombreuses interrogations jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Ce mardi, le député indépendantiste Moetai Brotherson a exprimé ses doutes sur cette annonce à l’occasion de sa question au gouvernement. Il a déclaré :

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« Aujourd’hui, cette question s’invite à nouveau en Polynésie à quelques semaines des élections territoriales puisque l’un des candidats majeurs à cette élection ne propose ni plus ni moins comme argument électoral, d’obtenir un fonds souverain des Emirats Arabes Unis, non plus de 50 millions d’euros mais plus de 4 milliards 200 millions d’euros, sous réserve évidemment qu’on vote pour lui. »

UNE SITUATION BIEN CONNUE

En 2012, Moetai Brotherson avait lui-même conduit une délégation en Chine pour consulter la banque chinoise de développement. Objectif : obtenir un prêt de 50 millions d’euros. Au retour de ce voyage, le gouvernement de l’époque avait pris contact avec le ministère des Affaires étrangères pour connaître les règles du jeu. Le député indique :

 » […] Il nous avait été répondu, de manière tout aussi informelle, que l’accord de Paris était nécessaire pour qu’un bailleur de fonds étranger, qui plus est, étranger à l’UE (Union européenne), puisse intervenir sur les plates-bandes de l’AFD (Agence française de développement), la caisse des dépôts et des bailleurs de fonds traditionnels. »

Lors des questions au gouvernement, le député a demandé au ministre des Affaires étrangères de préciser la procédure en vigueur en ce qui concerne les bailleurs de fond étrangers dans un territoire ultra-marin.

« Alors, je fais partie des démocrates, qui estiment que la démocratie peut s’exprimer quand l’électorat est bien informé. C’est pourquoi je vous demande de préciser aujourd’hui pour les Polynésiens, élus mais aussi électeurs, quelle est la procédure en vigueur quand un bailleur de fonds étranger, extérieur à l’Union européenne, veut se substituer à un bailleur de fonds traditionnel concernant une collectivité outre-mer ? « 

UNE CONCERTATION S’IMPOSE

C’est la secrétaire d’état auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Delphine Gény-Stéphann, qui a apporté une réponse. Cette dernière a affirmé que le gouvernement était conscient des opportunités d’investissement qui pouvaient intéresser les bailleurs de fonds internationaux. Elle a précisé :

« Nous sommes ouverts au développement des investissements en outre-mer lorsqu’ils permettent de contribuer au renforcement du tissu productif et des infrastructures dans ces territoires et collectivités dès qu’ils sont transparents et inscrits dans le long-terme. »

La secrétaire d’Etat a ajouté que ces investissements devaient intervenir en soutien de ceux nationaux dans le respect des règles sociales et environnementales. En outre, ils ne doivent pas être en opposition avec les « intérêts stratégiques de la France en vue d’assurer un développement durable pour les collectivités d’outre-mer. »

Delphine Gény-Stephann a conclu :

« Dans le cas que vous citez, qui représente des montants relativement importants, et même assez impressionnants, je pense qu’une concertation entre le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère des Affaires étrangères et le ministère des Outre-mer, s’impose. »

Mais pour Moetai Brotherson, la situation qu’il décrivait n’a pas été comprise. Faute de réponse satisfaisante, le député va envoyer une demande d’éclaircissement par écrit au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Rédaction web

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