Etudier la dispersion des déchets plastiques dans l’océan pour mieux comprendre le climat

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Publié le 13/09/2016 à 15:44 - Mise à jour le 13/09/2016 à 15:44

Depuis les premiers relevés effectués dans la mer des Sargasses de l’Océan Atlantique au début des années 1970, la pollution de l’environnement marin par les déchets plastiques s’est accentuée et est reconnue aujourd’hui comme une menace sérieuse pour la biodiversité marine à l’échelle planétaire. On estime à plus de cinq trillions le nombre de morceaux de plastique flottant présents à la surface de l’océan, dans les zones côtières ou plus au large.

Christophe Maes nous en dit plus sur ce phénomène et en quoi l’étude de la dispersion des déchets pourrait être utile pour la compréhension des variations climatiques futures et actuelles. « En partant pour des campagnes océanographiques, j’ai observé au fur et à mesure de ces campagnes, des déchets plastiques à la surface de la mer et cela m’a intrigué de plus en plus. J’ai donc mis mes recherches au service d’une meilleure compréhension du déplacement et de la dispersion de ses déchets. »

Si il y a une dispersion à grande échelle de ces déchets dans les océans, on a pu toutefois observer des zones de convergence, où les déchets s’accumulent. « Il y a de grande zone d’accumulation à la surface des océans, et ce dans tous les océans ». Les déchets peuvent voyager très loin par rapport à leur zone de départ. « Les courants marins vont agir comme des grands transporteurs et quand on les retrouve sur des plages et que l’on peut analyser leur provenance, on peut en extraire des informations utiles pour une meilleure compréhension des océans et des courants marins. »

L’étude de la dérive de ces déchets, peuvent à long terme aider à la compréhension du rôle des océans dans le climat. « On sait que les variations climatiques sont largement influencées, en particulier dans des régions comme la nôtre, par les courants marins. (…) Il a fallu que l’on s’intéresse aux petites échelles des courants, domaine que l’on avait pas exploré jusqu’à présent. Prendre en compte ces petites échelles, va être important pour les gens qui modélisent le climat. Il va falloir qu’ils intègrent ces nouvelles données dans leur modèle et potentiellement dans leur projection du climat dans les années à venir. »

Pour Christophe Maes, l’étude de la courantologie pourrait à court terme aider pour les recherches en mer. « On peut imaginer que plus on comprendra les courants marins, plus on aura des applications directes de la dispersion de toutes sortes d’objets, et pas seulement des déchets plastiques. »

Interview de Christophe Maes

Et ce fameux « septième continent » décrit comme une immense plaque de déchets évoluant dans le nord de l’océan Pacifique, de la taille d’un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France. Qu’en est-il ? Elodie Martinez, chercheur océanographe à l’IRD nous en dit plus.

« Il est situé au milieu des océans, c’est ce qu’on appelle les gyres (ndlr :  Les gyres sont des zones dans les océans, où différents courants marins convergent les uns vers les autres et où se forment d’énormes tourbillons permanents) on les retrouve un peu partout aussi bien dans l’hémisphère Sud, qu’au nord. En ce qui nous concerne, c’est plus au sud de l’Île de Pâques qu’on retrouve cette accumulation de plastiques ».

En étudiant le gyre situé au sud de l’Île de Pâques grâce à des modèles en très haute résolution permettant des observations à très petites échelles, on s’est aperçu que « une fois que les plastiques sont au centre de l’océan, en fait, il peuvent sortir et repartir vers l’Amérique du sud ou bien suivre la boucle classique des courants de cette région. »

Tout un chacun peut participer à l’amélioration des connaissances de ces phénomènes comme le rappelle Christophe Maes. « Il serait intéressant de faire plus de sciences participatives avec des scolaires par exemple pour aller étudier ce qu’il se passe au niveau des plages où l’on retrouve des déchets identifiables, donc des indices pour nous afin de tester les chemins de transfert et les temps de transfert par les courants marins. »

A terme, une meilleure connaissance des mouvements et des courants permettrait une collecte efficace de ces déchets, et leur recyclage. Sans compter que ceci sont vecteurs de maladie, certains transportant des bactéries.  Le mieux restant encore de ne pas les disperser… Samedi, un clean up day international est organisé sur les côtes du monde entier. Pourquoi pas en lancer un près de chez vous ?

Rédaction Web avec Laure Philiber

Interview d’Elodie Martinez

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