Enfants à « haut potentiel » : un problème de « formation des enseignants » en Polynésie

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Christian Tamarii, docteur en sciences de l'éducation est l'auteur d'une thèse sur les enfants à haut potentiel en Polynésie. Il était l'invité de notre journal :

Publié le 24/01/2021 à 10:48 - Mise à jour le 24/01/2021 à 11:31

Christian Tamarii, docteur en sciences de l'éducation est l'auteur d'une thèse sur les enfants à haut potentiel en Polynésie. Il était l'invité de notre journal :

TNTV : Vous avez soutenu une thèse à l’Université de Nantes sur la cause polynésienne de l’intelligence « processus des identifications et mode de scolarisation des enfants à haut potentiel en Polynésie », autrement dit, vous vous êtes intéressés aux élèves surdoués. Tout d’abord pourquoi « haut potentiel », pourquoi ce terme ?
Christian Tamarii, docteur en sciences de l’éducation :
« Un enfant à haut potentiel est un enfant qui est en avance par rapport aux enfants de sa classe d’âge. Il est en avance sur le plan intellectuel, sur le plan mental, mais au plan affectif ça ne change pas ce qui peut causer quelques soucis d’adaptation. C’est pour ça qu’il est urgent que l’enfant soit très vite identifié, soit pris en charge, soit stimulé à juste titre pour éviter une orientation pathologique. »

On évalue à combien le nombre d’enfants surdoués en Polynésie ?
« Au cours des 4 dernières années, j’ai trouvé des enfants à haut potentiel dans tous les milieux sociaux, même dans les milieu socialement défavorisés. J’en ai trouvé un peu moins d’une centaine. (…) Ce sont des enfants qui ont passé des tests avec des psychologues scolaires, des psychologues libéraux (…) Ils ont passé le test de QI, ils ont un QI d’au moins 130. C’est le seuil de détermination mais ce n’est qu’un chiffre, c’est une indication parce que l’intelligence ne se mesure pas en chiffre. Ces résultats permettent de situer l’enfant dans un échantillonnage établi au sein de sa population. Il indique le ‘rang’ de l’enfant uniquement. »

Est-ce qu’il est difficile d’identifier un enfant surdoué ? Certains ne passent-ils pas au travers des radars finalement ?
« Si justement parce qu’il y a un problème chez nous, un problème de formation des enseignants. Nous avons des psychologues uniquement dans les écoles publiques. Il y en a dans toutes les écoles publiques, dans tous les archipels et les écoles protestantes et écoles adventistes n’en ont pas. L’école catholique n’en a que deux pour des milliers d’enfants. Cela oblige les parents à aller voir le libéral. La consultation varie entre 20 000 et 40 000. À ce prix là, les enfants à haut potentiel issus de milieux socialement défavorisés risquent de ne pas rencontrer le psychologue. »

Donc ils passent au travers des radars… Du coup l’école ne propose pas grand-chose, est-ce que le Pays prend en compte lui aussi ces enfants surdoués ? Qu’est-ce qui est fait ?
« Il n’y a pas de filière spécialisée en Polynésie pour ces enfants mais il y a une poignée d’enseignants qui s’investissent. Ce n’est pas une thématique totalement inconnue en Polynésie. (…) »

Est-ce qu’il y a des projets, concrètement, à l’avenir pour ces enfants surdoués ?
« Revenons sur la détection des enfants : il y a le repérage par le haut, qui s’appuie sur des tests psychométriques, et les résultats des enfants qui sont des résultats éminemment excellents. Et il y a une détection par le bas qui est fondée sur des signes cliniques comme l’ennui parce que ce sont des enfants qui s’ennuient en classe, ça ne va pas assez vite et ce n’est pas assez compliqué. L’hyperactivité, des troubles de comportement, troubles d’apprentissage, il y a des enfants autistes qui sont aussi à haut potentiel, mais tous les autistes ne sont pas des enfants à haut potentiel. Il s’avère que ces enfants qui sont détectés par le bas, souffriraient de la pâleur du système éducatif normatif. De ce fait ils peuvent être en difficulté et en échec, et parfois le haut-potentiel est accompagné de vulnérabilité affective. »

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