El Niño : les conséquences sur les coraux

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Publié le 09/01/2016 à 11:30 - Mise à jour le 09/01/2016 à 11:30

Le phénomène El Niño qui se développe depuis août dernier est un des plus importants jamais observé. El Niño se caractérise par une hausse anormale des températures à la surface de l’océan Pacifique. Le phénomène perturbe les courants marins et la circulation atmosphérique. Résultat : de nombreuses conséquences sur l’environnement. 

À Moorea, Létitia Hedouin, chercheuse, travaille sur le corail au Criobe. Entre 2006 et 2010 en Polynésie, les récifs coralliens ont été touchés par  l’Acanthaster, une étoile de mer épineuse qui mange le corail. Puis, en 2010, le cyclone Oli a dévasté une partie des récifs. « Depuis 2010, les récifs sont en train de se remettre de ces effets perturbateurs », explique la chercheuse.

Mais avec El Niño, pas de repos pour nos récifs. En 1998, le phénomène a causé la perte de 16% des coraux au niveau mondial. Le phénomène de cette année, plus fort, pourrait causer dans un premier temps le blanchissement du corail, puis sa mort. « Le corail vit en symbiose avec une algue, les zooxanthelles. Et ces algues sont vraiment essentielles à la survie du corail parce qu’elles lui apportent 95% de son énergie. Et lorsqu’il y a un réchauffement climatique, ces algues vont être expulsées et le corail va se retrouver sans énergie. Si ce réchauffement continue, au bout d’un moment, c’est comme si le corail était affamé : il n’a plus de nourriture et donc à un moment il risque de mourir », explique Létitia Hedouin. 
Lorsque le corail blanchit, si le « stress » diminue, en l’occurrence la température, il pourra encore revenir à son état normal. « Par contre, si l’épisode El Niño est trop fort, on va avoir une mortalité des coraux ». 

Si les coraux disparaissent, plusieurs espèces risquent de disparaître avec eux.  « Le corail c’est l’habitat de millions d’espèces. Si le corail, qui est structurant des récifs coralliens disparait, les poissons n’auront plus d’habitat pour vivre. (…) Il y a des répercussions qui se font en cascade », détaille la chercheuse. 
Autre conséquence d’El Niño, moins de larves de poissons entreraient dans le lagon lorsque la température est élevée. C’est ce que tend à prouver une étude de David Lecchini. Moins de larves de poissons, moins de poissons adultes. 

Pour rendre le corail plus résistant, le Criobe travaille de deux manières.  « Ce qu’on essaie de faire, c’est d’élever dans des pépinières de coraux, des coraux qui soient plus résistants au changement climatique », explique Létitia Hedouin. Les chercheurs sélectionnent sur le terrain, des coraux qui ne blanchissent pas. Ils prélèvent ensuite des fragments et les élèvent dans des pépinières.  
Autre approche : le travail sur la reproduction du corail. Les chercheurs exposent « les colonies adultes à des stress de température pour essayer de modifier les larves et les gamètes qu’elles vont produire et essayer des gamètes et des larves qui soient plus résistantes ». 
 

Rédaction Web (Interview : Maite Mai)

Laetitia Hedouin, chargée de recherche au CNRS, au Criobe depuis 2010

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