Effectif, locaux : les pédopsychiatres de Polynésie lancent un appel au Pays

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Publié le 05/01/2016 à 15:59 - Mise à jour le 05/01/2016 à 15:59

La lettre ouverte

Lettre ouverte à l’attention de Mr le Ministre de la Santé,
 
 
 
Nous nous permettons de vous interpeller afin de vous informer de la situation préoccupante dans laquelle se trouve l’Unité de pédopsychiatrie du Centre Hospitalier de la Polynésie Française.
 
Cette unité accueille des enfants et des adolescents dans un cadre institutionnel diversifié comprenant le Centre Médico-Psychologique (CMP) de Pirae, le CMP/Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) pour adolescents de Faa’a, le CATTP et l’Hôpital de Jour pour enfants de Pirae, ainsi que les différentes antennes médico-psychologiques pluridisciplinaires ambulatoires de secteur (Moorea, Hitia, Papara, Bora, Raiatea, Rangiroa, Fakarava, Makemo, Hao, Rikitea, Manihi, Tubuai, Rurutu, Hiva Oa, Nuku Hiva, Ua Pou, Fatu Hiva…).
Face à l’augmentation significative de la file active, à l’importance du nombre de patients suivis dans les îles (2/3 de notre file active), et à la relative urgence sanitaire de se préoccuper des adolescents de Tahiti, qui font de plus en plus parler d’eux et de leur mal être, les effectifs actuels sont insuffisants pour répondre aux missions du service de pédopsychiatrie, et les conditions d’accueil sont inadaptées.
 
Devant la nécessité d’accueillir nos patients dans un cadre thérapeutique satisfaisant, ce service en pleine expansion a sollicité la création de 6 postes supplémentaires pour l’année 2016. Ces postes (1 secrétaire, 2 IDE, 1 psychiatre, 1 psychomotricien, 1 psychologue) ont pour vocation de renforcer l’équipe actuelle pour une prise en charge de qualité des enfants et des adolescents de Polynésie Française, en permettant la continuité des soins, indispensable à leur suivi médico-psychologique.
 
Or, force est de constater que seuls 3 des 6 postes demandés (1 IDE, 1 psychomotricien, 1 psychologue) ont été accordés dans le Cadre du COM « secteur pédopsychiatrique » (îles), par une convention tripartite CPS/Pays/CHPF.
Par contre, l’absence de création des 3 postes destinés à renforcer l’équipe de liaison et la prise en charge des adolescents engendre une importante perturbation dans la continuité des soins.
En effet, la majorité des agents sont amenés à se déplacer régulièrement dans les îles pour assurer les soins de proximité inhérents à la mise en place du secteur de soins pédopsychiatriques, dans tout le « secteur » (5 archipels), conformément au SOS (Schéma d’Organisation des Soins), « secteur » qui est financé par la convention CPS/Pays/CHPF de 2014 et 2015.
 
A ce jour, les soignants ne sont pas suffisamment nombreux pour continuer à assurer des soins de qualité sur Tahiti en l’absence des agents en déplacement, et particulièrement sur la toute nouvelle structure provisoire de Faa’a pour adolescents.
L’ouverture de cette structure spécifique pour les adolescents est donc également venue accroître la charge de travail du secrétariat, déjà conséquente. En effet, l’unité est dotée d’une seule et unique secrétaire qui doit assumer l’accueil des familles (et la gestion administrative) et celui des patients tant sur la structure accueillant les enfants sur Pirae (près de 200 enfants) que sur celle accueillant les adolescents à Faa’a (près de 200 adolescents), sans compter la gestion administrative des familles prises en charge dans le cadre des soins de secteur sur l’ensemble de la Polynésie (plus de 600 enfants). Il semble donc évident que ces missions ne peuvent être assurées par une seule personne. Or, ce deuxième poste de secrétariat n’a pas été accepté pour 2016.
 
Enfin, l’équipe ne disposant d’aucun local sur le secteur, elle a jusqu’à maintenant bénéficié de la mise à disposition par la Direction de la Santé des lieux de soins préexistants. Or ces lieux sont particulièrement inadaptés aux soins psychiques. Il est en effet bien incongru de bénéficier d’une psychothérapie, installé dans un fauteuil de dentiste, sur une table d’examen gynécologique, ou dans une cabine d’Epreuve Fonctionnelle Respiratoire !!!
 
Cette réalité a été reconnue par le Pays qui s’est engagé en 2015 (cf Avenant numéro 1 à la Convention des COM pédopsychiatriques) à construire des fare sur Faa’a (Centre pour Adolescents), Moorea, Raiatea et Bora Bora, afin que l’équipe puisse assurer l’accueil des patients dans des lieux adaptés (psychothérapies, psychomotricité, médiations thérapeutiques…).
Devant la non-réalisation de cet engagement, le CHPF a pallié au plus urgent en 2015 en louant, à Faa’a, un lieu d’accueil pour les adolescents sur le budget de fonctionnement du service.
Mais cette solution n’est que temporaire et nous questionne tant sur l’avenir de cette structure pour adolescents que sur l’avenir des soins de secteur de l’ensemble de la Polynésie Française.
Pour 2016, la CPS, de façon compréhensible, semble refuser de financer les locations de locaux qui nous sont nécessaires en l’absence justement de ces locaux prévus, mais non construits, en 2015.
 
Ainsi, nous nous permettons de relayer les besoins d’une équipe à bout de souffle et nous vous prions, Mr le Ministre de tenir vos engagements et d’assumer vos responsabilités vis-à-vis du service public et de l’ensemble de la population de Polynésie Française.
 
 
 
 
Bureau de l’ASPPF
 

 

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