Édouard Fritch : « Si nous pouvions être tous vaccinés, on serait beaucoup plus tranquilles »

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Invité sur notre plateau mercredi soir, le président Edouard Fritch est revenu sur l'ouverture prochaine des frontières et l'intérêt de la vaccination à cet effet. "Demain, si nous avions cette immunité collective, nous pourrions recevoir des personnes qui sont peut-être elles-mêmes covidées, mais nous serions à ce moment-là suffisamment protégés", a-t-il indiqué.

Publié le 08/04/2021 à 11:52 - Mise à jour le 08/04/2021 à 11:52

Invité sur notre plateau mercredi soir, le président Edouard Fritch est revenu sur l'ouverture prochaine des frontières et l'intérêt de la vaccination à cet effet. "Demain, si nous avions cette immunité collective, nous pourrions recevoir des personnes qui sont peut-être elles-mêmes covidées, mais nous serions à ce moment-là suffisamment protégés", a-t-il indiqué.

La réouverture des frontières au 1er mai est-elle certaine ?
« Pour l’heure, je crois que nous avons été entendus à Paris : la voix des entreprises, parce qu’ils ont envoyé une lettre au président de la République, une lettre au Premier ministre ; la voix des acteurs économiques a été entendue à Paris, et bien sûr que notre demande… Cette demande est devenue un projet commun, c’est notre projet à tous d’ouvrir le 1er mai, de recommencer à recevoir et de rentrer en activité le 1er mai. Je disais au président de la République que nous avons envie de travailler maintenant. Le président de la République nous a donné un avis favorable. Il a acquiescé à ma demande, mais ceci doit se faire, et c’est normal qu’il s’en soucie aussi, tout en assurant la protection de nos populations. Il ne s’agit pas d’ouvrir pour ouvrir. Il s’agit d’ouvrir et de faire attention à ce que le covid ne revienne pas chez nous. C’est quand même les deux conditions essentielles. C’est la raison pour laquelle je lui ai demandé que nous soyons mieux approvisionnés en matière de vaccins, parce qu’il nous faut gagner en immunité collective. C’est-à-dire que si nous pouvions être tous vaccinés, on serait beaucoup plus tranquilles. Donc il nous faut gagner en immunité collective et surtout il nous faut, et c’est ce que nous attendons aujourd’hui et je dois revoir le haut-commissaire d’ici la fin de la semaine, il nous faut faire valider nos protocoles sanitaires : qu’est-ce que nous allons faire pour assurer la protection de nos populations. »

Et quels seraient ces nouveaux protocoles ?
« Nous exigerons des personnes qui entrent en Polynésie française qu’ils soient vaccinés et qu’ils se prêtent aux tests à J-3, donc trois jours avant de prendre l’avion. Lorsqu’ils arriveront chez nous, le jour de leur arrivée, ils seront à nouveau testés. Et au 4e jour après leur arrivée, ils le seront à nouveau. Donc il y a une série de trois tests qui vont se faire les uns derrière les autres, qui vont nous apporter toutes les garanties.
Alors être vacciné, c’est-à-dire développer dans son corps des anticorps, il en sera de même pour les personnes qui ont été covidées. Car une personne qui est covidée développe des anticorps, c’est mon cas à moi et ceux qui ont été malades, et ces cas-là pourront aussi venir en Polynésie, mais à condition qu’ils nous apportent l’attestation prouvant qu’ils ont été covidés moins de 6 mois avant de prendre l’avion.
Et la deuxième condition que nous imposerons à nos voyageurs, parce qu’il y a la sortie de Tahiti par la suite, c’est d’être aussi eux-mêmes vaccinés afin de ne pas être exposés à des problèmes à l’extérieur pour se faire vacciner. Donc mieux vaut se faire vacciner au départ de Tahiti et revenir sans souci au fenua après leur période de vacances. »

Les Métropolitains ont l’interdiction de se déplacer au-delà de 10 km de leur domicile, comment pourront-ils faire pour venir en Polynésie ?
« Je sais bien qu’il y a cette difficulté qu’il faudra effectivement surmonter. Il faudra que l’on voie avec les autorités de l’État comment on peut aménager, mais effectivement, à Paris comme dans toute la France, ils n’ont pas la possibilité de se déplacer au-delà des 10 km. Donc tous ceux qui sont à moins de 10 kilomètres de Roissy ou d’Orly pourront voyager, le reste non. »

Cette réouverture des frontières, ce sera une autorisation exceptionnelle pour la Polynésie ?
« C’est vrai qu’il va falloir aménager les textes en fonction de cela. Nous en avons parlé avec le Premier ministre, qui parle d’éventuels pouvoirs qui seraient donnés au préfet basé en Polynésie, c’est-à-dire à notre haut-commissaire, qui pourrait à ce moment-là prendre des arrêtés, des décisions qui soient différentes de celles de la métropole. Aujourd’hui c’est un petit peu trop tôt, je pense que d’ici vendredi nous pourrions vous apporter des précisions exactes sur la date d’ouverture, mais aussi sur les moyens qui seront mis en place pour nous protéger dès l’ouverture. »

Comment espérez-vous l’immunité collective en Polynésie, compte-tenu du rythme de la vaccination ?
« C’est la raison pour laquelle j’ai demandé au président de la République de nous attribuer des lots de vaccins plus importants. Aujourd’hui l’État nous livre entre 9 000 et 12 000 doses de vaccin. J’ai donc demandé à ce que nous puissions bénéficier de 15 000 par semaine. Ce qui nous ferait arriver à la fin du mois de juillet prochain à plus de 100 000 personnes vaccinées en Polynésie française. Je regardais les chiffres, les 18 000 personnes qui ont contracté la maladie sont celles qui ont été testées et donc qui sont déclarées covidées. Mais ces 18 000 personnes ne sont pas les seules covidées du pays. Il y en a d’autres qui ont sûrement été infectées par le covid, mais qui l’ont été d’une façon asymptomatique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu d’expression de maladie forte comme certains qui sont allés se faire tester. Donc aujourd’hui on peut estimer, ça ce sont les chiffres de l’OMS, à environ 60 000 personnes qui auraient été covidées dans notre pays. Ce sont des personnes qui ont eu l’immunité. C’est la raison pour laquelle les 80 000 doses que nous attendons pour le mois de juillet prochain vont venir compléter ce nombre de personnes, de façon à ce que nous puissions nous approcher de l’immunité collective. C’est-à-dire que demain, si nous avions cette immunité, nous pourrions recevoir des personnes qui sont peut-être elles-mêmes covidées, mais nous serions à ce moment-là suffisamment protégés, immunisés, puisque portant des anticorps, pour pouvoir faire face à une autre crise qui pourrait se faire. Donc nous allons recevoir ces 15 000 doses. J’ai demandé au président de nous envoyer rapidement aussi du Johnson. Le vaccin Johnson & Johnson est un vaccin avec lequel il suffit d’injecter une seule dose et qui se conserve à une température un peu plus facile puisque c’est 2-3° pour le stockage. Donc ça nous permet avec ce vaccin de vacciner les îles en particulier. Sinon pour le reste nous continuons avec le Pfizer, voire dans les jours à venir peut-être du Moderna. »

Concernant votre mission à Paris, vous avez parlé aussi économie. Comme toutes les compagnies du monde, Air Tahiti Nui est en grave difficulté. L’État peut-il l’aider et si oui, comment ?
« Nous sommes au chevet de la compagnie. Sa situation est très difficile, très compliquée. Elle a une trésorerie qui lui permet de tenir jusqu’à la fin de l’année 2021, mais dès 2022 elle sera vraiment dans une situation très compliquée. Donc on en a parlé aux autorités de l’État et le président de la République s’est engagé à se mettre avec nous au chevet de la compagnie. Et le ministre Raffin a rencontré le comité CIRI qui s’occupe justement de la restructuration des entreprises en difficulté et nous attendons des nouvelles. Vous avez vu la question du sénateur Teva Rohfritsch au ministre, qui confirme qu’ils vont s’occuper de ce cas-là (lire aussi : ATN peut prétendre à une prise en charge de ses coûts fixes à hauteur de 10 millions d’euros). Il nous faut le soutien de l’État, pour la recapitalisation de la société, mais aussi demain pour que nous puissions faire face au défaut de trésorerie. »

Vous avez signé trois conventions avec le Premier ministre pour un montant total de 29 milliards, dont l’État financera la moitié. À quoi seront destinés ces fonds ?
« C’est le volet communes, pour accompagner les communes dans leurs projets d’eau potable, de traitement des eaux usées, de traitement des déchets… Donc à ce niveau-là, 6 milliards ont été consacrés dans le contrat de développement et de transition lié aux communes. Nous avons 6 milliards qui seront mis à notre disposition, moitié-moitié avec l’État, pour la construction d’abris de survie que les maires attendent depuis un certain temps. Et puis le gros morceau, c’est le contrat de développement avec le Pays à hauteur de 17 milliards qui nous permettra de financer des infrastructures liées aux compétences du Pays, c’est-à-dire ce ne sera pas des édifices pour l’État mais principalement pour le Pays. Donc avec ce contrat de développement que nous venons de signer, toute la Polynésie va être servie. J’attire beaucoup l’attention de nos ministres sur le fait que les îles aussi ont besoin de se reconstruire, parce qu’elles ont subi la crise comme tout le monde. »

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