Ecole POM : l’enseignement expérimental plurilingue porte ses fruits

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Publié le 14/10/2015 à 16:03 - Mise à jour le 14/10/2015 à 16:03

Dans les écoles POM, les élèves apprennent plusieurs matières, en français comme dans les autres écoles, mais aussi dans leur langue d’origine. L’objectif de ce projet vise à rompre avec le modèle éducatif monolingue, à revitaliser un patrimoine culturel et linguistique perçu comme menacé et à promouvoir un bilinguisme additif. Après 10 ans d’expérimentation, Mirose Paia et Jacques Vernaudon, à la tête de ce projet en Polynésie, en dévoilent le bilan. 

En Polynésie, 10 écoles pratiquent l’enseignement plurilingue. Les élèves de ces écoles POM, pratiquent 5 heures de tahitien par semaine au lieu de la moitié en milieu scolaire ordinaire. Parler plusieurs langues, leur permet de vivre plusieurs cultures. C’est aussi un moyen pour eux d’apprendre plus facilement le fonctionnement des langues. Pour ces élèves plurilingues, il est facile de passer du tahitien au français et de maîtriser chacune de ces langues.

Selon Mirose Paia, Maître de conférence en langues et littératures polynésiennes à l’UPF, les élèves issus des écoles POM : « ont de meilleurs résultats et ça c’est confirmé, puisque ces élèves sont passés dans les classes de 6e. On a pu les regrouper par exemple à Taravao dans une classe bilingue et d’après les retours des enseignants et de la direction, ils seraient presque l’élite de l’établissement. »

Tahia Tetuani Faaua, enseignante spécialisée en reo tahiti a  participé au projet. Elle exerce de nouveau dans des établissements ordinaires et explique que :  « les enfants de cette classe sont francophone, mais je sais qu’ils ont envie d’apprendre. Il faut juste leur en donner les moyens. Pour arriver ou nous en sommes aujourd’hui, il y a eu plusieurs étapes. Et on travaille aussi en pédagogie différenciée. Ceux qui sont plus démunis, je les prends à part dans la semaine pour essayer de travailler sur leurs lacunes. »
Elle ajoute avec conviction que :  « peut être qu’ils ne maîtrisent pas bien le tahitien, mais ils ont la chance d’apprendre la langue du pays. Pour moi ça ne peut être que bénéfique si on connait l’anglais, le français, le tahitien … que l’on soit plurilingue ! »

Ce dispositif, reste tout de même difficilement applicable partout en Polynésie. Tous les enseignants ne maîtrisent pas la langue d’origine. Pour faire perdurer les langues polynésiennes, il manque encore des outils et des formations aux langues polynésiennes pour les enseignants. D’autre part, les parents sont encore trop peu impliqués dans l’enseignement du reo ma’ohi à la maison.

A l’école To’ata par exemple, lorsque l’on interroge les enfants pour savoir s’ils parlent le tahitien avec leurs parents, la plupart répondent que non.

Rédaction web ( Reportage de Maite Mai )

Mirose Paia, Maître de conférence en langues et littératures polynésiennes à l’UPF

Tahia Tetuani Faaua, enseignante spécialisée en reo tahiti

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