Dr Mallet : « On est entrés dans une nouvelle circulation locale du covid »

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Le nombre de cas repart en hausse en Polynésie. La vraie deuxième vague est bien là.

Publié le 27/07/2021 à 15:59 - Mise à jour le 27/07/2021 à 16:08

Le nombre de cas repart en hausse en Polynésie. La vraie deuxième vague est bien là.

En quelques jours, on compte deux nouveaux décès de personnes ayant contracté la covid, 21 hospitalisations sont en cours dont 5 personnes en réanimation. Et on compte 315 cas actifs au 27 juillet. Avec l’arrivée du variant Delta au fenua, l’épidémie repart. « Je crois qu’on peut parler de deuxième vague. On est entrés dans une nouvelle circulation locale du covid. C’est essentiellement du Delta. On ne peut pas tester toutes les souches, mais on sait que la majorité des souches sont du Delta et ça explique la rapidité de l’extension car on sait que ce virus est beaucoup plus contagieux », explique le docteur Henri-Pierre Mallet, épidémiologiste à la plateforme covid.

Lors de la visite du Président Emmanuel Macron à l’hôpital de Taaone, les équipes avaient fait part de leur fatigue depuis le début de la crise. « J’espère juste que le personnel permanent ne va pas démissionner », avait déclaré une représentante du personnel. « Ça remonte très très nettement depuis deux semaines« , avait souligné la directrice Claude Panero.

Pour autant, pour l’instant, « Taaone n’est pas saturé. Taaone est surpris parce que ça a été assez rapide. Ils se retrouvent avec plus d’une vingtaine d’hospitalisations, donc il faut qu’ils réaménagent, qu’ils se réorganisent pour libérer des lits en secteur covid. Ce qu’ils savent faire, ce qu’ils ont déjà fait. Pour autant on n’est pas du tout saturés dans leurs capacités, explique le docteur Mallet. Là c’est vrai qu’il y a un petit pic dans les hospitalisations. On espère que ça ne va pas continuer sur ce même rythme. »

Qui sont les personnes hospitalisées pour la covid-19 aujourd’hui ? Ce sont « encore une fois des personnes fragiles, âgées et très très majoritairement non vaccinées. »

L’épidémie repart donc. Mais quels ont été les éléments déclencheurs ? « On a eu quelques cas importés. C’est évident, ce virus est arrivé de l’extérieur. Il n’est pas tombé du ciel. On le savait, on a réussi à retarder l’arrivée de ce virus. Malheureusement, quelques voyageurs connus ou inconnus, parce que le système a des trous, a permis au virus de pénétrer dans la population. Et très rapidement au sein des familles, au sein des entreprises, au sein des communautés. Compte tenu de la baisse de rigueur dans l’application des mesures barrières, ça a permis une dissémination rapide. Aujourd’hui, de nombreuses communes de Tahiti ont déjà des cas de covid et des petits clusters. »

Pour autant, la situation n’est pas la même que l’année dernière. « Pour l’instant, les formes ont l’air moins graves. C’est-à-dire que pour la majorité des gens ce sont des formes mineures. À tel point que probablement, je pense qu’on sous-estime le nombre de cas réel parce que je pense qu’il y a un certain nombre de personnes qui ont des signes mineurs mais qui ne vont pas se faire tester pour ne pas se faire embêter. Pourquoi ils ont des signes mineurs ? Parce que, effectivement, une certaine partie sont vaccinés. Vous savez, quand on est vaccinés, on peut la majorité du temps n’avoir aucun signe, et dans quelques cas avoir des signes mineurs comme un rhume etc. Mais c’est probablement ce même virus et qui, à ce moment là peut rendre la personne contagieuse. Il est là le risque. Donc ce n’est pas seulement pour soi-même encore une fois. Quand on est malade, même si on a des signes mineurs, il faut se tester, et en cas de positivité, s’auto-isoler. Réfléchir à notre entourage, ne pas les contaminer. Et puis surtout, en attendant tout cela, que tout le monde se vaccine. Il est encore temps. Les taux augmentent, les gens ont compris que c’est nécessaire. Il faut encore accélérer la vaccination. On a ouvert toutes les possibilités pour ça. »

Pour l’instant, l’épidémie repart « très majoritairement à Tahiti ». On note « quelques cas à Moorea et des cas exportés suite au cluster de l’hospitel mais qui n’ont pas donné lieu à des épidémies locales« .

Dans un communiqué, le haut-commissaire avait rappelé « qu’en vertu du principe de réversibilité qui encadre l’allègement des contraintes sanitaires depuis plusieurs mois, une évolution défavorable et continue de la situation sanitaire pourrait imposer un retour à des règles plus strictes par l’État et le Pays.« 

« Il est logique de ralentir la transmission », estime également le Dr Mallet. En attendant d’éventuelles nouvelles annonces des autorités, « on a toujours les vaccins en quantité suffisante, que ce soit le Jassen ou le Pfizer. Ça protège pas à 100% mais efficacement. À 95% des formes sévères, et ça protège à 75-80% des autres formes. Oui on peut attraper avec le vaccin mais beaucoup plus rarement. Donc oui le vaccin est efficace. »

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