DPDJ : un moyen pour prévenir la délinquance des jeunes

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Teiva Manutahi, délégué pour la Prévention de la Délinquance de la Jeunesse, était l'invité de notre journal :

Publié le 19/07/2020 à 11:09 - Mise à jour le 19/07/2020 à 11:09

Teiva Manutahi, délégué pour la Prévention de la Délinquance de la Jeunesse, était l'invité de notre journal :

Tahiti Nui Télévision : La DPDJ, la délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse, a été créée le 11 mai dernier et vous dirigez ce service depuis le mois de juin. C’est une nouvelle priorité du gouvernement ?
Teiva Manutahi : « (…) Edouard Fritch a été visionnaire. Il est père de famille et on peut aussi dire qu’il est le père de tous les Polynésiens. La protection de l’enfance (…) appartient en terme de compétences au Pays, et le président sait qu’il y a une jeunesse qui va bien, mais qu’il y a aussi une jeunesse en mal être, qui a du mal à vivre au sein de sa famille, dans la société, à s’insérer. Et il a voulu à la fois qu’on accompagne les jeunes qui vont bien -c’est la promotion de la jeunesse- et ceux aussi qui vont moins bien, qui sont sur la voie de la délinquance, et parfois même dans le passage à l’acte, ça peut être le harcèlement en milieu scolaire, les vandalismes…
Comme vous le savez, à Papeete, les mercredis et vendredis après-midis, il y a souvent des attroupements de jeunes avec des bagarres et des troubles sur la voie publique. Sans parler des problèmes d’addictions, des stupéfiants, avec l’ice en plus aujourd’hui. Donc tous ces phénomènes ont amené le président du Pays à prendre vraiment pleinement ses responsabilités, à avoir du courage, et à mettre en place ce nouveau service pour qu’on puisse proposer un accompagnement à la fois à ces jeunes en difficulté, mais aussi aux familles. Car il faut aider les parents. »

Justement, comment pouvez-vous aider ces familles, les parents comme les enfants ?
« On s’occupe des jeunes de 10 à 24 ans et il y en a peu près 64 000 sur l’ensemble de la Polynésie qui ont été identifiés. Concrètement, dès qu’un jeune pose un problème à l’école, dans une commune, au sein d’une association, au sein d’un quartier… il faut saisir la DPDJ, et nous intervenons physiquement pour répondre par rapport à l’acte que le jeune a posé, pour aider les parents à comprendre pourquoi le jeune a posé cet acte-là, et aller après sur un travail de réparation. Si par exemple, le jeune a dégradé un bien public, on va l’amener sur 1 à 2 mois de réparation, c’est-à-dire à faire la rénovation du bien qui a été dégradé pour qu’il comprenne qu’il a été trop loin. Car la délinquance c’est la transgression des règles. (…)
Je tenais à remercier toute la jeunesse polynésienne. Nous avons traversé une crise très dure, et pourtant, la jeunesse a été exemplaire. Elle a suivi les règles. Il n’y a pas eu de débordements dans les quartiers, il n’y a pas eu de violences, il n’y a pas eu de bagarres… même si aujourd’hui, il est vrai qu’après le confinement, les jeunes ont repris… Mais ça veut dire qu’il y a du possible. Cela veut dire que s’ils l’ont fait, c’est parce que par effet miroir, quand ils ont vu que leurs parents, leurs aînés, s’obligeaient eux-mêmes à respecter les règles que l’État et le Pays avaient mis en place dans l’intérêt de la crise sanitaire, eh bien les jeunes, à l’image de leurs aînés, se sont adaptés et ont respecté ces règles. »

Concernant les jeunes victimes de violences, de harcèlement, d’actes criminels… Commet intervenez-vous pour les accompagner ?
« Une évaluation est faite. Les victimes sont accompagnées par la DSFE (Direction des Solidarités, de la Famille et de l’Egalité, NDLR), dans le cadre de la protection de l’enfance. C’est vrai que la victime, c’est notre porte d’entrée. Évidemment, quand un jeune pose un acte de violence, de harcèlement, sur un autre jeune, il y a à la fois l’auteur que nous accompagnons, et à la fois la victime qui subit l’acte et la violence. On proposera à la victime un travail d’accompagnement auprès des services de la DSFE, peut-être même un suivi psychologique si il y a eu des traumatismes. Mais on va surtout, nous, s’attacher à accompagner le jeune et à lui faire prendre conscience de la gravité de l’acte. Il y a beaucoup de jeunes qui sont interpellés, mais qui ne font pas l’objet par exemple de mesures d’infractions pénales, c’est-à-dire que le procureur, parfois, décide de pas les poursuivre, et ces jeunes sont relâchés sans aucun éducateur derrière, pour aller finalement lui dire : là, tu as été trop loin. Et puis les ramener au sein de la famille, essayer de discuter avec eux et de comprendre ce qu’il s’est passé. »

(…)

Ces derniers temps, on a vu que la répression par rapport à la gendarmerie ou à la DSP, était beaucoup plus efficace, parce qu’il y avait aussi les églises qui étaient inclues dans les différents programmes de prévention. Est-ce aussi le type de travail que vous allez faire avec les associations de quartiers, les églises, les familles etc. ?
« Complètement. Nous sommes tous responsables. Si on veut demain que notre jeunesse, vraiment, réintègre les règles, apprenne à vivre avec sa culture, son identité, se réapproprie sa langue, il faut que chacun d’entre nous soit responsable. C’est d’ailleurs ce que j’appelle les figures d’autorité. L’église a sa responsabilité et nous avons besoin d’elle. Mais aussi les associations de quartiers, les associations de formations de centres de loisirs, les communes, les tavana qui ont un rôle central en terme de proximité, les institutions que ce soit les institutions de l’État ou du Pays.
Et en ce qui nous concerne, dans le cadre du partenariat avec l’État, nous allons mettre en place les mesures d’investigation éducatives. La volonté du Pays, et celle du président, était de faire en sorte que les jeunes n’aillent pas trop loin et ne finissent malheureusement pas dans les bras de la justice. (…) »

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