Don du sang : pourquoi, comment, où donner

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Publié le 09/01/2017 à 16:32 - Mise à jour le 09/01/2017 à 16:32

Il n’y avait pas foule ce mardi matin à la mairie de Pirae pour la collecte de sang. Pourtant, selon Monique Odoux, médecin responsable des collectes. « Ici en Polynésie, les gens sont généreux, ils viennent facilement. Après, nous avons peut être un souci de communication ».

Comme pour lui donner raison sur le coté « main sur le cœur » des Polynésiens, Taiarui, jeune homme employé à la mairie, se présente à l’accueil. C’est la première fois qu’il vient donner son sang. « Ce week-end j’ai lu un article qui parlait du don du sang, et cela m’a décidé à venir. Je sauverai peut-être une vie en faisant cet acte. »

Autre personne désireuse de faire don de son sang, Emilie. « J’ai toujours donné mon sang, qui est rare. A-. Et j’ai surtout un beau-frère qui a eu un très grave accident de moto et qui a du être transfusé plusieurs fois, et cela m’a conforté dans ma volonté de vouloir toujours donner mon sang. »

Mais Il y a plusieurs étapes à respecter avant de donner son sang. Des étapes que Monique Odoux nous détaille. Tout d’abord un questionnaire à remplir. « On va tout d’abord poser des questions au donneur afin de savoir si il n’y a pas de contre-indications au don ».  Contre-indications valables à la fois pour le donneur et pour la personne qui se verra transfuser le sang.

Parmi les contre-indications au don, il y a l’âge. « Entre 18 et 70 ans, car plus on avance en âge, plus on a de chance de développer des maladies. » 

Autres contre-indications : « avoir été fiévreux les 15 jours précédant le don, s’être fait tatouer ou  percer les quatre derniers mois. » 

Plus intime, « Avoir le même partenaire sexuel depuis au moins quatre mois, ou ne pas avoir eu de relations extra conjugales durant cette période ». Cela bien évidemment à cause des maladies sexuellement transmissibles.

 

Avoir une tension trop base ou trop haute, ou être sous traitement médical, est aussi contre indiqué. Idem si l’on a voyagé par exemple en Amérique du Sud ou en Afrique, pays où le paludisme fait rage, il faudra attendre quatre mois pour faire don de son sang.

Si vous avez subi des opérations bénignes, par exemple une extraction dentaire, mieux vaut attendre une huitaine de jours. Concernant les femmes enceintes, celles-ci ne pourront pas donner leur sang, il faudra attendre six mois après l’accouchement pour leur prélever du sang. Le maximum autorisé pour faire don de son sang est chez les hommes de six fois par an et pour les femmes quatre.

Une fois cette formalité remplie, il y a l’entretien médical avec le médecin, en l’occurrence, Monique Odoux. « On revoit ensemble le questionnaire, on vérifie la tension du donneur, on écoute son cœur, et ensuite ce sont les infirmières qui s’occupent du prélèvement. »

Une fois le prélèvement effectué, c’est la collation bien méritée pour le donneur. Un sandwich et une boisson à consommer sur place, car si il y a un problème type malaise ou étourdissement les infirmières sont là pour intervenir.

C’est à cette étape que nous retrouvons Taiarui. « Je me sens très très bien. On m’a dit que l’on pouvait donner son sang, six fois dans l’année au maximum, alors j’essaierais de le faire plusieurs fois. Je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus de monde que cela, peut-être un problème de communication ».

Une fois le sang prélevé dans des poches, celles-ci sont disposées dans des glacières puis direction l’hôpital du Taaone où elles sont analysées par les techniciens du Centre de Transfusion Sanguine. Hors de question de donner du sang contaminé à un patient.

« Le sang est testé, on vérifie les groupes et les maladies. » Les maladies particulièrement recherchées par les techniciens sont : Le Sida, les hépatites B et C, la dengue et la syphilis et le HTLV (Ndlr: virus apparenté au Sida, le HTLV est la cause de divers cancers comme des leucémies et des lymphomes) ».

Une fois le sang testé et validé, les poches vont passer à la centrifugeuse qui va séparer la poche de sang en trois parties. « Il y a le plasma, la couche des plaquettes et leucocytes, et les globules rouges. » Chacune de ces parties à un usage,  un intérêt différent et une conservation différente.

« Les globules rouges sont mises au frais et conservées 42 jours, les plaquettes sont disposées sur des agitateurs pour ne pas qu’elles se collent les unes sur les autres, puisqu’elles servent à la coagulation, et sont conservées une semaine sur agitateur. Le plasma, c’est la partie que l’on conserve le plus longtemps, il est surgelé à cœur et sera conservé un an dans les congélateurs. »

Mais, médicalement parlant, à quoi sert exactement, plasma, plaquettes et globules rouges ainsi prélevés ? Le médecin nous éclaire.

« Le plasma sert en cas d’accident de la route. On remplit une poche de globule rouge et une poche de plasma et on transfuse le blessé. En outre c’est dans le plasma, que l’on trouve tous les anticorps. Pour une greffe par exemple, si il y a un rejet, il faut enlever tout le plasma du patient et lui remettre du plasma sain. Puisque dans le plasma du patient, il y a des anticorps qui rejettent le greffon. » Et dans ce cas précis une bonne quantité de plasma est nécessaire.

Concernant les plaquettes, celles-ci sont utilisées par exemple en cas d’une personne atteinte de la dengue, »C’est une maladie qui occasionne une chute des plaquettes et sous un certain taux, 10 000 pour être précis, on est obligé de transfuser le patient, sinon le risque d’hémorragie interne est grand ». Les plaquettes ayant pour fonction de favoriser la coagulation du sang.

Quant aux globules rouges, « Elles sont utilisées principalement en cas d’hémorragie par exemple si une femme accouche et qu’elle perd du sang, faisant chuter son taux d’hémoglobine, elle sera mise aussitôt sous perfusion. Les globules rouges sont utilisée aussi pour toutes les maladies du sang, comme les cancers, les insuffisances rénales etc.. »

En dehors du plasma qui reste valable durant un an, les globules et les plaquettes sont limitées dans le temps, ce qui explique qu’il faut renouveler souvent ce type d’opération et avoir du stock, mais pas trop non plus. « Car si c’est périmé, il faut le jeter, ce qui est dommage. Il faut vraiment trouver l’équilibre entre le trop et le pas trop. »

Parmi les rhésus les plus recherchés, on note le O communément appelé « donneur universel », mais pas seulement. »

La population étant majoritairement A+, donc on a toujours besoin de A+ », explique Monique Odoux, poursuivant, « Il y a aussi le O+, et des cas ou les A et B peuvent être utile. On a actuellement le cas d’une jeune femme qui a une maladie du sang. Elle est du groupe B et comme on doit la transfuser souvent, on essaie de lui donner du sang qui correspond au maximum à son rhésus. On pourrait lui donner du O, mais on veut coller au maximum à son groupe sanguin, puisque l’on a jamais deux groupes sanguins complètement identiques et que cela peut provoquer de petites réactions au niveau des anticorps. Donc pour ce cas là, on essaie d’être au plus près. »

Comme on le voit, donner son sang n’est pas anodin. Outre la satisfaction personnelle que l’on peut tirer d’avoir fait un geste altruiste, n’attendant rien en retour à part un casse-croûte et un jus d’orange, ce geste permet de prolonger des vies, voire d’en sauver.

Et peut être même la votre. Vous pouvez être porteur d’une maladie dont vous ignorez tout et grâce aux techniciens de laboratoire qui analysent votre sang, celle-ci sera découverte et vous serez prévenu. Bon sang ne saurait mentir.
 

Pascal Bastianaggi

A savoir :
Avant de donner son sang, il est conseillé de manger. Ne pas arriver à jeun et être bien hydraté. Buvez un demi-litre d’eau avant. L’eau gonflera les veines et le prélèvement se passera bien mieux et limitera le risque de malaise. Même si l’on ne connait pas son groupe sanguin, on peut donner son sang, les infirmières se chargeront de déterminer votre rhésus et vous le communiquera.
 

Le planning du Centre de Transfusion Sanguine :

– 15 février 2017 à la mairie de Mahina
– 21 Février 2017 GIE Tahiti tourisme
– 23 Février 2017 hôpital Afareaitu à Moorea
– 7 Mars 2017 à la CCISM
– 28 Mars 2017 à la mairie de Punaauia
– 4 Avril 2017 à la mairie de Faa’a
– 27 Avril 2017 à la mairie de Paea
– 24 Mai 2017 à la mairie de Arue
– 1 Juin 2017 à la mairie de Taravao
– 4 Juillet à la mairie de Papeete
 
A noter aussi la journée mondiale du don du sang, le 14 juin 2017, qui aura lieu au CTS à l’hôpital du Taaone. Le CTS est ouvert tous les jours de 7 h à 15 h ( 14h le vendredi ). Le CTS possède aussi une page facebook où vous pouvez suivre son actualité.

 

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