Diminution de leurs honoraires : les kinésithérapeutes montent au créneau

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Publié le 01/10/2018 à 14:29 - Mise à jour le 01/10/2018 à 14:29

Après la réforme des retraites, le gouvernement s’attaque maintenant à la réforme de l’assurance maladie. Suite à une commission paritaire qui s’est tenue à la Caisse de Prévoyance Sociale mercredi 26 septembre, des professionnels de la santé montent au créneau. C’est le cas des kinésithérapeutes, qui dénoncent une diminution de 15% de leurs honoraires sur 3 ans et surtout un manque d’explication, de discussion et de respect de la part des instances du Pays.

« Ce que nous annonce le gouvernement ne va pas forcément dans le sens du bien-être de la population. On nous annonce du jour au lendemain des chiffres sans aucune négociation en amont, sans aucun partenaire avec qui discuter. On est très surpris »  explique Nicolas Toussaint, masseur-kinésithérapeute diplômé d’état, président de l’OPKA, la deuxième organisation syndicale. Cette diminution des honoraires risquerait d’impacter la vie des cabinets et aurait des conséquences sur la qualité des soins pratiqués.
La protection sociale généralisée (PSG) représente un budget 100 milliards, l’assurance maladie environ 50 milliards, et les kinésithérapeutes 1 milliard, soit 1% du budget de la PSG : « Nous préférerions parler de la santé des populations plutôt que de toujours parler d’argent. Aujourd’hui, la population est en très mauvaise santé » ajoute Nicolas Toussaint.

Si la proposition du gouvernement est appliquée telle quelle, le prix de la consultation passerait de 3 080 Fcfp à 2 618 Fcfp. Alors qu’en 1998, la consultation était facturée 2 800 Fcfp. Pour les kinésithérapeutes, c’est donc un bond en arrière énorme qui remettrait en cause leur activité, car si les tarifs baissent, ce n’est pas le cas de leurs charges, qui sont plus importantes que celles d’un médecin généraliste.« Pourquoi 15% ? Nous n’avons eu aucune explication. Et pourquoi ne regarde-t-on pas nos charges actuelles pour voir si c’est viable ? Je suis dans un cabinet qui a beaucoup de charges car j’ai du matériel coûteux, et j’ai besoin d’espace pour recevoir mes clients. Je suis actuellement à 55% de charges. Si on ajoute les 15%, je serai donc à 70% de charges fixes. Ce sera encore plus défavorable pour les jeunes qui, après leurs études en métropole, vont vouloir revenir ici s’installer. Ils ne pourront pas ouvrir leur cabinet et avoir du matériel de qualité pour leurs patients. En France, on aide les cabinets à s’installer alors qu’ici on est en train de leur annoncer qu’ils vont gagner moins avec leur Bac+5 que quelqu’un qui aura un Bac » déplore Steven Grall, kinésithérapeute et membre de l’OPKA.

Contacté, le ministère de la Santé ne souhaite pas réagir avant la une nouvelle commission prévue jeudi prochain. Si la proposition est actée, ce sera un véritable coup dur pour la profession. Certains réfléchissent déjà à la possibilité de sortir de la convention, ce sera alors aux patients de payer les frais dans leur totalité.

 

Rédaction web avec ​Naea Bennet

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