Des séjours thérapeutiques pour jeunes en difficulté

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Depuis trois ans, le nombre de délits commis par des mineurs au fenua est en baisse. Afin de lutter contre la récidive, les adolescents sont pris en charge par la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse. Celle-ci agit sur trois leviers : la famille, l’insertion et la santé. Sur ce dernier volet, trois séjours thérapeutiques ont été organisés cette année. Le dernier vient de se terminer à la Presqu’île.

Publié le 31/10/2019 à 10:12 - Mise à jour le 06/01/2020 à 15:14

Depuis trois ans, le nombre de délits commis par des mineurs au fenua est en baisse. Afin de lutter contre la récidive, les adolescents sont pris en charge par la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse. Celle-ci agit sur trois leviers : la famille, l’insertion et la santé. Sur ce dernier volet, trois séjours thérapeutiques ont été organisés cette année. Le dernier vient de se terminer à la Presqu’île.

C’est une vue bien différente de ce qu’ils ont l’habitude de voir chez eux. Depuis lundi, des adolescents placés par la justice auprès de la protection judiciaire de la jeunesse, vivent des moments forts à la Presqu’île. « C’est carrément bien, on fait plein d’activités. Cela nous permet aussi de nous retrouver avec nous-même. Cela me change les idées » nous dit l’un d’eux. « Tu profites, tu fais de nouvelles rencontres… » ajoute un autre.

Ce séjour thérapeutique en milieu naturel a pour objectif de lutter contre les addictions dont sont esclaves ces mineurs. « Les jeunes sont plongés dans un cadre très protégé, très sécurisant pour eux. Et avec toute la bienveillance qu’on peut apporter, on voit de belles choses qui se passent, on voit des progrès chez ces jeunes-là au niveau de leur comportement et de leur joie de vivre. C’est un bon début. On espère qu’il se passe des déclics chez eux, des prises de conscience, et peut-être aussi du changement de leur part pour mener leur vie » explique Camille Rimond, psychomotricienne au centre de consultations spécialisées en alcoologie et toxicomanie.

Après la randonnée en montagne, direction la mer où les jeunes apprennent à apprivoiser la planche à voile et les éléments naturels, avec en prime, la visite d’une baleine et de son baleineau. « J’ai aimé comment savoir maîtriser le vent, la voile, comment naviguer… » confie un jeune.

Le changement d’environnement et l’encadrement par les éducateurs fait réfléchir certains jeunes sur leur situation actuelle et leurs perspectives d’avenir. « J’ai diminué le paka depuis, c’est mieux. J’ai envie de changer. Ma vie d’aujourd’hui est trop difficile » admet un adolescent.

Souvent catalogués et rejetés, ces jeunes en difficulté ont pourtant du potentiel, à condition de savoir les prendre. « Quand je parle avec eux, j’utilise beaucoup l’humour. Et j’utilise leur vocabulaire. À chaque fois que je vois un jeune, je lui dis que je ne parle pas tahitien mais kaina. Cela marche bien pour entrer en contact avec eux. Ils sont intrigués d’abord, et puis ils commencent à parler avec toi, et au final, ils se lâchent » déclare Pascaline Teriipaia, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse.

Au terme des trois séjours thérapeutiques organisés cette année, l’expérience montre déjà des signes positifs. « On a observé de nets progrès chez les jeunes. C’est très important. Ils ont compris qu’ils pouvaient se passer de leur consommation, au moins pendant trois jours, et après au-delà, quand ils rentrent chez eux, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin de consommer, de fumer le soir pour s’endormir, de dire non aux copains… Et par ailleurs, on les a aussi, je pense, beaucoup fait avancer sur les règles de vivre ensemble et les limites » explique Nicolas Fretel, directeur de service à la protection judiciaire de la jeunesse.

Le nombre de mineurs placés par la justice auprès de la direction territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse est en baisse : 800 il y a trois ans contre 500 aujourd’hui.

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