Des aides pour les étudiants Polynésiens expatriés, mais quelles perspectives de retour ?

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La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a annoncé qu’une aide de 24 000 Fcfp (200 euros) sera octroyée aux étudiants ultramarins restés dans l’Hexagone. Mais qu'en est-il de leur retour au fenua ?

Publié le 04/05/2020 à 16:03 - Mise à jour le 05/05/2020 à 14:51

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a annoncé qu’une aide de 24 000 Fcfp (200 euros) sera octroyée aux étudiants ultramarins restés dans l’Hexagone. Mais qu'en est-il de leur retour au fenua ?

Cette aide exceptionnelle de 24 000 Fcfp (200 euros) sera versée début juin à quelque 400 000 étudiants « ayant perdu leur travail ou leur stage » et aux « étudiants ultramarins isolés qui n’ont pas pu rentrer chez eux », a expliqué le Premier ministre Edouard Philippe en exposant la stratégie de déconfinement devant le Sénat. Elle sera également versée mi-juin à quelque 415 000 « jeunes de moins de 25 ans, précaires ou modestes, qui touchent les aides pour les logements », a-t-il précisé.

Dans le cas des étudiants, ils devront déposer en mai une demande d’aide auprès du Crous dont ils dépendent, a précisé à l’AFP le secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, Gabriel Attal. Quant aux non étudiants, bénéficiaires d’aides au logement, ils percevront automatiquement l’aide exceptionnelle du gouvernement, via les caisses d’allocation familiales, a-t-il précisé.

Quelque 18 milliards de Fcfp (150 millions d’euros) ont été prévus pour cette mesure, qui vise à « limiter l’impact social de la crise du Covid », en répondant à des situations concrètes, a souligné M. Attal.

Il a donné pour exemples celui de « l’étudiant qui ne peut plus gagner un peu d’argent en faisant du baby-sitting », ni « manger pour pas cher au restaurant universitaire« , ou encore du jeune précaire qui, du fait de la crise sanitaire, a perdu son emploi et ne peut plus en retrouver un autre.

« Il est temps de les aider en retour »

Annick Girardin

Un geste présenté comme étant de la solidarité nationale envers ceux qui ont contribué à la lutte contre le virus en restant sur place. « Il est temps de les aider en retour » a précisé la ministre Annick Girardin.

Dans un courrier adressé à ces étudiants ultramarins, elle indique : « le président de la République a décidé d’organiser votre retour mais sous des conditions strictes qui protègent nos territoires ».


Tous devront se soumettre à une quatorzaine dans des sites dédiés, comme le détaille le courrier. Au préalable, ces étudiants qui souhaitent rentrer doivent s’être fait recenser sur une plateforme numérique mise en place par la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer et la visibilité des outre-mer.


« L’État tient ses engagements à ce sujet. Du côté de nos autorités locales : je suis un peu inquiète. Vous savez que je suis aussi le collectif des résidents bloqués à l’extérieur, et nous sommes confrontés à l’absence de structures d’accueil. Cela fait plus de 40 jours aujourd’hui. Des discussions auraient débuté. Je connais des hôteliers qui auraient proposé des pro-formats pour accueillir nos rapatriés, mais ils attendent à présent la décision de nos autorités, et la volonté peut-être » a déclaré la députée Nicole Sanquer.

L’exemple calédonien

« Avant de me lancer dans le soutien à ces résidents, j’ai voulu comprendre le système calédonien, et j’ai bien compris que c’était une volonté du président Santa, de rapatrier ses ressortissants. Très vite, ils ont mis en place une politique de rapatriement, ils ont affrété des avions, loué des hôtels… et pour ceux qui n’ont pas encore été rapatriés, ils ont mis en place une aide forfaitaire financière à Paris, gérée par la Maison de la Nouvelle-Calédonie. Tout cela a un coût. La partie hôtel leur a coûté 700 millions et tout est pris en charge par la collectivité. Au niveau des aides attribuées pour les résidents bloqués, elles sont de l’ordre de 35 millions » ajoute la députée.

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« Ce qui est triste, ce sont les témoignages de nos Polynésiens bloqués. Ils ont vu les Calédoniens partir. La Calédonie est venue les chercher, a affrété des avions pour ça. Eux-mêmes auraient souhaiter partir avec eux et attendre leur retour là bas. Mais ce n’était pas possible. La Calédonie nous a montré qu’elle a été capable de rapatrier ses résidents et que ça n’a pas impacté la propagation. Elle est toujours à 18 cas, et leur retour n’a rien changé. Ils sont quand même 1 000 résidents à être revenus. Cela veut dire que le système de confinement est efficace. Ici, il faut que les discussions commencent parce que les résidents Polynésiens bloqués n’en peuvent plus. Ils ont perdu confiance. Ils pensent qu’on les a oubliés et ça fait plus de 40 jours pour certains » ajoute-t-elle.

« Il y a urgence » de rapatrier ces étudiants et résidents bloqués

« Je sais que le gouvernement et l’État sont en train de réfléchir à une stratégie pour rouvrir le ciel. Le retour de ces étudiants et résidents bloqués à l’extérieur, la manière dont nous gérons leur confinement, ça pourrait être une bonne expérimentation pour envisager l’avenir. Ces rapatriements doivent être initiés assez rapidement parce qu’ils sont tellement nombreux qu’il ne faudrait pas provoquer l’engorgement dans nos structures d’accueil. On parle beaucoup des vols de la continuité territoriale, mais je pense que l’on est en capacité d’affréter des avions. Pour être en contact avec ces résidents tous les soirs : je peux vous dire qu’il y a urgence » confie Nicole Sanquer.

Nicole Sanquer (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

« Si on se base sur le collectif budgétaire que nous avons voté le 26 mars dernier, nous avions budgété 32 milliards. Aujourd’hui, nous sommes sortis du confinement. 24 milliards ont été dévolus aux aides à l’emploi. Mais les Calédoniens ont au moins une date. Nos Polynésiens bloqués souffrent. Ils veulent une perspective. Une date. Ils ont patienté. Il y a une mamie de 92 ans qui attend en Australie. Ils ont tous des parcours différents. Eux, tout ce qu’ils demandent, c’est une perspective. Sachant que nous avons les étudiants qui vont donc commencer à rentrer à partir de mi-juin, puis les fameux fonctionnaires qui vont arriver à partir de la mi-juillet. Après, si cela pose problème, rien n’empêche de décider que leur mutation est reportée d’un an. Après, ce sont des choix, des décisions à prendre. Il faut en tous cas initier les rapatriements » conclut Nicole Sanquer.

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