Décès de Roland Oldham: Les hommages se multiplient

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Publié le 15/03/2019 à 12:39 - Mise à jour le 15/03/2019 à 12:39

Pour Edouard Fritch, président de la Polynésie, « Le président de Moruroa e Tatou était un homme de convictions et si ses relations avec le gouvernement n’ont pas toujours été faciles, elles étaient toujours marquées par la franchise. Roland Oldham restera dans les mémoires un défenseur acharné des victimes des essais nucléaires, tout comme ses compagnons John Doom et Bruno Barrillot, également disparus. A sa compagne, à sa famille, le président Edouard Fritch présente ses sincères condoléances ».
 
René Bidal, Haut-commissaire de la République: « un homme entier comme un bloc de granit mais à la sensibilité extrême« 
« Roland Oldham n’aurait pas aimé que le haut-commissaire fasse sa nécrologie mais il l’aurait accepté de René Bidal. Je m’autorise donc ces quelques lignes pour avoir apprécié cette personnalité complexe, ombrageuse mais très attachante, qui laissait poindre une grande sensibilité affective. Il avait des fulgurances et des intransigeances rattachées au combat de sa vie qu’un engagement inlassablement nourri de convictions profondes l’a aidé à mener pour une cause dont il fut l’incontestable pionnier.

De toute évidence, ce combat n’avait pas vocation à nous rapprocher même si, sur le sujet, notre compréhension mutuelle avait su dépasser les postures auxquelles notre action publique respective pouvait nous conduire. Non, c’est en fait à la musique, qu’il aimait tant, à sa connaissance fine et à son analyse élégante des grands standards du jazz et de la soul que je lui dois un lien inattendu et fortuit, un soir où nos errances se sont rencontrées sur le front de mer et qui firent que nous avons par la suite échangé nos convergences ou nos divergences d’appréciation, sur les accents de guitare de Charlie Christian et de Wes Montgomery ; sur les timbres de voix de Percy Sledge, d’Aretha Franklin ou de Amy Winehouse …

Pour Roland Oldham, rien n’était plus agréable que d’aller jouer et chanter là où son cœur et ses affinités le conduisaient pour un partage libre et généreux, comme il l’était lui même.« Viens m’écouter ce soir, je joue au Manava » m’avait-il dit un jour où, malheureusement, je prenais l’avion quelques heures après ; c’était l’une des dernières fois où il s’est produit en public.

C’est donc un regret d’une cruelle intensité que je ressens, au moment où j’écris ces mots pour honorer la mémoire d’un homme entier comme un bloc de granit mais à la sensibilité extrême. Il était courageux, méprisant la maladie jusqu’à son dernier souffle, comme pour lui signifier qu’elle n’avait pas prise sur lui et qu’il n’avait pas peur de ses conséquences dont il n’ignorait rien. Cette dignité est plutôt rare et inspirante.

Ma commisération accompagne la pensée de tous ses proches, sa compagne bien sûr à qui j’adresse mes bien sincères condoléances, mais aussi sa bande de « copains d’abord » comme l’a dit Brassens ! Pour apaiser un peu leur deuil habité par une foule de souvenirs, ces mêmes copains, Michel en tête, peuvent dire ou penser en ce triste jour : j’ai connu et aimé un homme qui n’avait vraiment rien d’ordinaire ! C’est peut-être le plus beau des compliments que Roland aurait pudiquement écouté, sans ouvrir les grands yeux qu’il avait avant de vous engueuler ! »
 
 
Condoléances du Président Gaston Tong Sang et des représentants à l’Apf
« Le président de l’assemblée de la Polynésie française a appris ce matin avec tristesse et regret le décès de M. Roland Oldham des suites d’une longue maladie qu’il a combattue avec courage et dignité.

Roland Oldham a démarré sa carrière professionnelle en tant qu’instituteur à Moorea puis a travaillé de nombreuses années à la Brasserie de Tahiti, puis à l’OPH. Syndicaliste engagé, il mena ses premières batailles pour les intérêts des salariés dans les rangs de la confédération A Ti’a I Mua avant de créer le Syndicat indépendant et démocratique des travailleurs polynésiens. Roland Oldham siégea également pendant plusieurs années au Conseil économique social et culturel de la Polynésie française.

Militant anti-nucléaire de la première heure, Roland Oldham s’engage en 1995 aux côtés de l’organisation internationale Greenpeace pour protester contre les essais nucléaires et fonde en juillet 2001, aux côtés de plusieurs personnalités du fenua, l’association Moruroa e Tatou qu’il préside jusqu’à aujourd’hui.

Défenseur acharné des intérêts des travailleurs et des victimes des essais nucléaires, Roland Oldham s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour la vérité et pour une cause dont tous aujourd’hui reconnaissent la légitimité.

Le président de l’assemblée salue la mémoire d’un homme d’action et de convictions dont le combat noble et salutaire marquera à jamais l’histoire de notre pays.

M. Gaston Tong Sang tient en son nom personnel, en celui de l’ensemble des représentants et du personnel de l’assemblée de la Polynésie française, à adresser à toute sa famille et à l’ensemble de ses compagnons de lutte ses sincères condoléances et ses pensées les plus attristées. »
 
 
Michel Buillard salue la mémoire d’une personne d’exception
« C’est avec une profonde tristesse que la ville de Papeete a appris le décès de Monsieur Roland Oldham survenu dans la nuit du 15 au 16 mars  2019 dans sa 68ème année.

Le Maire et son conseil municipal présentent à sa compagne Madame Annie Rousseau, à son fils, à ses sœurs, à sa grande famille, à son entourage proche et ses amis nombreux, leurs plus sincères condoléances. Papeete salue la mémoire d’une personne d’exception, digne héritier de son grand-père Tearapo.

De Monsieur Roland Oldham, il ne sera oublié ni le nom, ni le visage, ni la voix, ni surtout la force et la conviction qui l’animaient pour défendre avec dignité et intégrité des causes ô combien fondamentales pour l’histoire de la Polynésie française et pour les familles polynésiennes plus particulièrement.

Son corps sera exposé dans la salle du conseil municipal de la Mairie de Papeete, au 2ème étage de l’hôtel de ville, le lundi 18 mars 2019 à partir de 9h30 jusqu’à la veillée du soir.

L’inhumation est prévue le lendemain au cimetière de Erima. L’horaire sera précisé ultérieurement. Un livre d’or sera mis à la disposition du public dans la salle du conseil municipal de la Mairie de Papeete pour toutes personnes souhaitant partager le souvenir de Monsieur Roland Oldham ou écrire une pensée à l’intention de ses proches.

Que nos vœux de repos et de sérénité t’accompagnent Roland, toi qui as tant fait pour ton Pays ».
 

Rédaction Web

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